2024, l’Europe face à son destin 

On connaît : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Mais quand tout redevient possible, même le pire, que vont-ils faire ? « Ils », ce sont nous, les Européens, à quelques mois d’élections souvent perçues comme sans enjeu, mais qui seront pourtant cette fois cruciales pour l’avenir du continent.

Le passé récent nous apprend en effet que tout redevient possible. La guerre aux frontières de l’Union ; la menace nucléaire ; la victoire de l’extrême droite dans les pays fondateurs de la Communauté européenne ; la résurgence de l’antisémitisme au coeur de nos nations…

Ajoutons aux risques l’aggravation des conflits régionaux du Moyen-Orient à l’Asie, la conquête de l’Ukraine, les mouvements migratoires incontrôlés, la multiplication des actes terroristes, la rétorsion sur les métaux rares et, d’une façon générale, le retour au protectionnisme dans le commerce international.

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Les Gracques au Sommet des progressistes 2022

Le 13 octobre 2022, nous participions au sommet des progressistes (#PGS22), organisé à Berlin par le think tank allemand et ami des Gracques Das Progressive Zentrum, fondé lui aussi en 2007.

Le #PGS22 rassemble des acteurs politiques de premier plan, du niveau local au niveau international, afin de travailler sur les principaux défis du moment et les nouvelles alliances progressistes pour y répondre.

A ce titre, nous avons présenté les propositions de notre Manifeste de la dernière chance et les grandes lignes de notre projet politique pour 2023/24, une alternative sociale et libérale adaptée à notre pays et à notre Europe.

PICC, l’acronyme du grand basculement

Le « basculement du monde » décrit par le président de la République a son acronyme. Après les Gafa et autres BRICS, bienvenue dans le monde des PICC ! Quatre lettres pour quatre chocs globaux qui remettent en cause nos fondements démocratiques. Si nous avons déjà rencontré chacun d’eux dans le passé, leur combinaison constitue un défi sans équivalent. Voici donc les quatre piliers du PICC.

P comme pandémie

P comme pandémie. Les grippes asiatiques et espagnoles avaient endeuillé le XXe siècle… Si la découverte rapide d’un vaccin a été un succès scientifique, le Covid a bouleversé, depuis, notre rapport au travail – surtout pour les jeunes. Il a montré à quel point nous sommes vulnérables aux virus, dépendants d’autres régions du monde et a créé de nouvelles attentes difficiles à satisfaire par l’Etat providence.

I comme inflation

I comme inflation. Nous en avions oublié l’existence. Après des décennies de stabilité puis la drogue des intérêts négatifs, l’inversion est brutale. Les banques centrales ont beau augmenter les taux au risque d’une récession économique, l’inflation redevient un facteur majeur dans le comportement des ménages et des entreprises avec des conséquences économiques redoutables.

C comme conflit

C comme conflit. La brutalité de nations s’attaquant à leurs voisins est la trame de l’histoire européenne. Mais le cyber et les médias changent l’équation à l’ère nucléaire. Les démocraties savent que leur éventuelle faiblesse sera exploitée par les démocratures. Inversement, elles mesurent l’asymétrie entre des sanctions qui peinent à ralentir l’agresseur et des opinions publiques divisées, séduites par la vague populiste.

C comme climat

C comme climat. La vague de chaleur sur l’Europe – des températures prévues pour 2050 arrivées dans des villes nordiques non préparées – confirme que la lutte contre le changement climatique est une priorité absolue. Or les principaux responsables – la Chine, les Etats-Unis et l’Inde – ne s’engagent pas assez. Les sommes gigantesques englouties dans la pandémie manquent aujourd’hui cruellement pour financer la transition au rythme nécessaire.

Les rapports de force se sont modifiés

Les PICC menacent un monde de plus en plus fracturé entre démocraties libérales et régimes autoritaires. Ce n’est plus la guerre froide du siècle précédent, c’est un changement de rapports de force qui conteste la domination de l’Occident et teste sa résistance. Au moment où le monde aurait le plus besoin de coopération, puisque le changement climatique et les virus ignorent les frontières, le clivage dogmatique l’emporte : partout les démagogues promettent de rendre leur grandeur à leur pays non pas avec, mais contre les autres, et polarisent leur opinion publique.

L’Europe apparaît particulièrement fragile dans ce contexte. L’excédent de notre balance commerciale représentait 300 milliards de dollars annuellement. Il est tombé à zéro pour la première fois depuis trente ans avec un déficit allemand, un taux record de dette pour l’Italie et la France, la dégradation économique du Royaume-Uni post-Brexit et les craintes des pays voisins de l’Ukraine, comme la Pologne. Les Etats-Unis ne sont focalisés que sur la Chine et engrangent à court terme les bénéfices de la guerre de Poutine. Le blocus de la mer Noire et les obus tombant sur les champs de céréales ukrainiens sont dramatiques pour l’Afrique. Le Printemps arabe, on le sait, a commencé par la faim. Dans le contexte climatique, une nouvelle crise des migrants est probable. Les PICC pourraient ainsi être rejoints par un cinquième choc : le « S » de « social ».

Le monde a besoin d’un nouveau Bretton Woods

Le monde a besoin d’un Bretton Woods pour le XXIe siècle, une conférence qui jetterait les bases d’une collaboration plus inclusive entre nations et institutions internationales, permettant de lutter contre les pandémies, de réduire les émissions de CO2, d’améliorer l’éducation et de décourager les visées expansionnistes. Une telle perspective, soutenue par les syndicats de salariés et les employeurs des sept principaux pays occidentaux, avait été évoquée, il y a trois ans, par Emmanuel Macron avant le G7 de Biarritz. N’est-ce pas le moment d’une telle réinvention, pour répondre aux PICC ?

Bernard Spitz

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Giorgia-Marine, même combat

Dans sa course au pouvoir, Giorgia Meloni affiche bien des points communs avec la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen. Des stratégies communes, malgré quelques différences, décryptées par Bernard Spitz.

En France comme en Italie, les partis socialistes ont sombré, la gauche radicale – Mouvement 5 étoiles puis Nupes – a émergé, la droite traditionnelle – LR et Forza Italia – a été laminée au profit de la droite dure : Rassemblement national, Ligue et Fratelli d’Italia. 

Italie de tous les paradoxes… Avec une gauche de gouvernement dirigée par l’ancien démocrate-chrétien Enrico Letta, contraint à des concessions à gauche pour éviter le sort du PS français dépecé par les Insoumis, et se fragilisant du coup sur sa droite, comme les socialistes l’ont été par Macron, et menacé par un Mouvement 5 étoiles gauchiste mené par l’ancien Premier ministre Giuseppe Conte (autant imaginer Edouard Philippe succéder à Jean-Luc Mélenchon).

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Ce que nous dit le départ de Draghi : “si l’on ne répond pas à l’angoisse démocratique, la voie sera ouverte aux populismes”

Le départ du président du conseil italien Mario Draghi est un nouvel exemple de la fragilité démocratique européenne alors que la guerre en Ukraine, l’inflation, la crise climatique ouvrent un nouveau cycle de note histoire, relève dans une tribune au « Monde » le dirigeant d’entreprise Bernard Spitz.

La démission de Mario Draghi est un coup dur pour les économies de l’Italie, de la France et de l’Union européenne. Chacun le comprend. Mais pas seulement. Dans un monde marqué par les peurs, elle est aussi le révélateur de la reprise en main de l’économie par le politique et de son glissement vers la droite radicale. Comment imaginer, face à tant de remises en cause, que nous allions poursuivre le voyage dans le petit train rassurant de Fukuyama sur « la fin de l’histoire » ?

Un nouveau cycle est ouvert, dont personne ne sait la durée et dont seuls nos enfants connaîtront un jour le nom. Ceux qui ont connu l’entre-deux-guerres ou les « trente glorieuses » n’avaient pas la moindre idée qu’ils vivaient ces époques de l’histoire. Il en va de même pour nous : le basculement s’est produit sous nos yeux, il ouvre une nouvelle période d’incertitude et de fureur.

Nous vivons quatre chocs : le retour de l’inflation qui n’est pas qu’un fait statistique mais un élément majeur des comportements des ménages et des entreprises ; la prise de conscience de l’urgence climatique enfin reconnue comme priorité absolue ; l’impact de la pandémie qui change le rapport au travail, notamment chez les jeunes et souligne notre fragilité face à la maladie ; enfin la guerre aux portes de l’Europe qui nous rappelle la tragédie des temps et la brutale logique des rapports de force…

La radicalité d’un camp entraîne la radicalité de l’autre

Face à ce tumulte, Mario Draghi est arrivé au pouvoir porté par une double évidence : il était le meilleur et le plus crédible aux yeux du monde économique, de la société italienne, du reste du monde ; et il ne venait pas du monde politicien d’avant. Exactement comme Emmanuel Macron. Ce que nous dit son départ, c’est que cela ne suffira plus à l’avenir, que cela ne suffit déjà plus.

En France comme en Italie, le glissement politique s’opère vers la droite dure et populiste, Rassemblement national ici, Ligue et Fratelli d’Italia là-bas. La radicalité d’un camp entraîne la radicalité de l’autre. En France, la Nupes a marqué la prise de pouvoir des « insoumis » sur les écologistes et les sociaux-démocrates.

En Italie, le Mouvement 5 étoiles a explosé en deux, la partie anarchiste et gauchisante s’abandonnant à Giuseppe Conte, devenu le premier adversaire de Draghi et le forçant à la démission. Même observation aux Etats-Unis : l’idéologie radicale d’un Trump a non seulement conquis le pouvoir mais a marqué d’une empreinte durable le Parti républicain au point que sa réélection – ou à défaut l’avènement du gouverneur de Floride sur sa ligne – fait partie des scénarios possibles. Parallèlement, la radicalité fait son chemin aussi chez les démocrates.

Plus que jamais un besoin d’espoir et d’un projet collectif

L’Allemagne est l’exception puisque la coalition actuelle est issue d’élections ayant marqué un net recul des extrêmes. Mais pour combien de temps, alors que l’hiver s’annonce difficile en raison de la crise énergétique et que l’inflation – mot maudit depuis la république de Weimar – réapparaît ?

En quelques semaines à peine : démission de Mario Draghi et de Boris Johnson, contestation de Joe Biden et d’Emmanuel Macron, assassinat de l’ancien premier ministre Shinzo Abe : cinq des sept membres du G7, cinq démocraties parlementaires ainsi affaiblies au moment où les démocratures russe, chinoise et turque plastronnent, indifférentes aux sanctions des tigres de papier occidentaux.

En ces temps de basculement et de menaces de tous ordres, les citoyens ont plus que jamais besoin d’espoir et d’un projet collectif qui les rassure. Hélas ce message n’est toujours pas incarné politiquement par l’Europe. Et il n’est plus porté par les partis dits « de gouvernement » de nos démocraties.

Être compétent, intelligent, honnête ne suffit plus. L’« en même temps » non plus. La force de l’utopie et le sens du progrès ont été abandonnés aux extrêmes. Même les jeunes, dans un sondage récent, disent qu’ils s’accommoderaient d’un despotisme éclairé. Ce que nous dit la démission forcée de Draghi, c’est que si l’on ne répond pas mieux à l’angoisse démocratique, la voie sera ouverte aux populismes.

Tribune à retrouver dans Le Monde

Tous pour l’Ukraine: Meeting de solidarité mardi à Paris, en présence de Valérie Pécresse et d’Anne Hidalgo

Le philosophe Bernard-Henri Lévy tient mardi 1er mars à 17h « un meeting de solidarité » au Théâtre Antoine à Paris, en soutien au peuple ukrainien et à son président, Volodymyr Zelensky. Côté responsables politiques, François Hollande, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse et Christophe Castaner sont attendus.

Article complet à lire dans le JDD.

Europa First

« America First ». Obama le pensait, Trump le criait, Biden le fait. Le message est clair : les alliés passeront derrière les intérêts américains. Washington se replie de ses engagements militaires extérieurs pour mieux se concentrer sur sa rivalité avec Pékin. 

Article complet à lire dans Les Echos.

How coronavirus is reshaping Europe in dangerous ways

Nous ne sommes qu’au début du chapitre qu’ouvre le COVID-19. Pourtant, il est déjà possible de distinguer six tendances susceptibles de restructurer l’Europe – de la remise en question des politiques écologiques au renforcement des contrôles aux frontières, en passant par des tensions Nord-Sud et Est-Ouest ravivées. La suite à lire sur The Guardian.

Angela Merkel et la solidarité européenne: «La somnambule»

Dans Les Somnambules, l’historien australien Christopher Clark montrait les implacables enchaînements qui avaient déclenché la Première Guerre mondiale. Vivons-nous une crise de somnambulisme économique qui pourrait être fatale à l’Union européenne ?

Une tribune de Bernard Spitz à retrouver dans son intégralité sur le site de l’Opinion : https://www.lopinion.fr/edition/economie/angela-merkel-solidarite-europeenne-somnambule-tribune-bernard-spitz-215307

VIVE LES SARDINES !

Vive les sardines ! 

Il s’est passé un événement exceptionnel samedi dernier : plus de 100 000 personnes rassemblées dans la rue pour protester !

Ce n’était pas à Paris mais à Rome. Et elles ne protestaient pas pour réclamer, elles protestaient pour défendre l’intérêt général. L’ennemi désigné n’était pas seulement la Ligue et ses alliés d’extrême droite, elles se dressaient contre la mauvaise foi, les fake news, la démagogie, la pratique systématique de l’invective et de l’insulte dans le débat politique. Et elles ont choisi pour emblème les sardines

Pour qui roulent-elles ? Pour personne. Leurs mots d’ordre sont : respect, règle de droit, bienveillance, reconnaissance de la complexité du politique, compétence dans la gestion des affaires.

Nées spontanément de l’initiative de quelques jeunes, soutenues par une avocate engagée dans les mouvements contre les discriminations, elles ont réuni en quelques jours sur les réseaux sociaux des milliers de supporters au point d’humilier à Bologne le meeting de la Ligue qui se tenait au même moment. À Rome samedi, sur une place immense, la démonstration fut encore plus éclatante.

Le choix de la sardine est un symbole d’humilité. De petits poissons qui circulent en nombre et se serrent les uns contre les autres. Leurs meetings se terminent par une chanson connue de tous : ciao bella ciao, une sorte de chant des partisans sur un rythme enlevé qui se termine par l’éloge de la liberté

Les sardines offrent à la société civile l’occasion de s’engager pour des valeurs positives et pour l’intérêt général. C’est la raison pour laquelle nous les avons rencontrées à Rome cette semaine, que nous soutenons leur initiative et espérons les aider à l’élargir au delà des frontières italiennes, pour diffuser leur message positif d’universalité.

Les Gracques