VIVE LES SARDINES !

Vive les sardines ! 

Il s’est passé un événement exceptionnel samedi dernier : plus de 100 000 personnes rassemblées dans la rue pour protester !

Ce n’était pas à Paris mais à Rome. Et elles ne protestaient pas pour réclamer, elles protestaient pour défendre l’intérêt général. L’ennemi désigné n’était pas seulement la Ligue et ses alliés d’extrême droite, elles se dressaient contre la mauvaise foi, les fake news, la démagogie, la pratique systématique de l’invective et de l’insulte dans le débat politique. Et elles ont choisi pour emblème les sardines

Pour qui roulent-elles ? Pour personne. Leurs mots d’ordre sont : respect, règle de droit, bienveillance, reconnaissance de la complexité du politique, compétence dans la gestion des affaires.

Nées spontanément de l’initiative de quelques jeunes, soutenues par une avocate engagée dans les mouvements contre les discriminations, elles ont réuni en quelques jours sur les réseaux sociaux des milliers de supporters au point d’humilier à Bologne le meeting de la Ligue qui se tenait au même moment. À Rome samedi, sur une place immense, la démonstration fut encore plus éclatante.

Le choix de la sardine est un symbole d’humilité. De petits poissons qui circulent en nombre et se serrent les uns contre les autres. Leurs meetings se terminent par une chanson connue de tous : ciao bella ciao, une sorte de chant des partisans sur un rythme enlevé qui se termine par l’éloge de la liberté

Les sardines offrent à la société civile l’occasion de s’engager pour des valeurs positives et pour l’intérêt général. C’est la raison pour laquelle nous les avons rencontrées à Rome cette semaine, que nous soutenons leur initiative et espérons les aider à l’élargir au delà des frontières italiennes, pour diffuser leur message positif d’universalité.

Les Gracques



Italie et France au service d’une Europe ambitieuse

La fondation Astrid et les Gracques ouvrent une réflexion sur le rôle que peuvent jouer l’Italie et la France dans le projet européen. 

A l’occasion d’un premier séminaire dédié, les think tanks ont invité des personnalités françaises et italiennes pour en débattre. 

Parmi elles : Christophe Castaner, Agnès Pannier Runacher , Stéphane Séjourné , Pierre Person, Paolo Gentiloni, PierCarlo Padoan, Linda Lanzillotta,  Piero Fassino…. 

Franco Bassanini et Bernard Spitz dirigeaient les débats. Cette réflexion est amenée à se poursuivre en France et en Italie. 

Bernard Spitz, Franco Bassanini, Christophe Castaner, Paolo Gentiloni et Stéphane Séjourné, le 26 octobre 2019
Bernard Spitz, Franco Bassanini et Agnès Pannier-Runacher le 26 octobre 2019

Le secret de la gauche portugaise

Lettre politique de Laurent Joffrin, parue dans Libération le 8 octobre 2019.

La gauche vient de l’emporter nettement au Portugal, avec un Parti socialiste en progression d’un scrutin sur l’autre après quatre années de pouvoir. On peut considérer qu’il s’agit là d’une exception aberrante, d’un cas exotique et incompréhensible, que le Portugal vit pour ainsi dire sur une autre planète que le reste de l’Europe, où l’on prononce partout ou presque, souvent avec une joie sans mélange, la mort de la gauche de gouvernement. On peut aussi risquer une comparaison avec la gauche française, peut-être plus éclairante.

La gauche portugaise a mené au pouvoir une politique sociale à la fois réelle et raisonnable, tout en redressant les finances du pays. Beaucoup dans la gauche française pensent que ces deux objectifs sont incompatibles.

La gauche portugaise a conduit cette politique tout en respectant scrupuleusement les directives européennes. Beaucoup dans la gauche française pensent qu’il est impossible de faire les deux à la fois.

La gauche portugaise a mené une politique d’immigration claire, qui consiste à reconnaître l’utilité des nouveaux arrivants – le Premier ministre António Costa a même déclaré que le pays avait besoin de plus d’immigrants – tout en proportionnant ces arrivées aux capacités d’accueil du pays. A gauche, en France, le plus souvent, on se garde prudemment de tout éloge de l’immigration, mais on estime que la régulation des flux d’arrivants en fonction des capacités d’accueil est une idée de droite.

Les partis situés à la gauche du PS portugais ont leur propre agenda et demandent des mesures plus audacieuses. Mais ils se gardent de crier à la trahison dès que le gouvernement opte pour des compromis en la matière. En France, les partis équivalents passent leur temps à faire le procès des expériences de gouvernement passées.

La gauche de la gauche portugaise préfère un gouvernement progressiste imparfait à un gouvernement de droite. En France, on a souvent le sentiment que les mêmes se sentent beaucoup plus à l’aise dans l’opposition qu’au pouvoir, ce qui revient à laisser la droite gouverner.

La gauche portugaise, dans son ensemble, préfère l’unité à la cacophonie. La gauche française préfère se diviser dans l’invective et l’amertume.

La gauche française perd les élections. La gauche portugaise les gagne.

La politique de la faillite – Tribune publiée dans le Point

Tribune des Gracques publiée dans Le Point le 16 mars 2017

Alerte. Benoît Hamon envisage de renégocier la dette française. Un désastre annoncé, selon le collectif de réformistes de gauche.

Rembourser ou pas ? Le candidat socialiste, Benoît Hamon, à la Maison de l’Europe le 10 mars.

Dans un débat présidentiel confus où certains candidats ne savent plus quelle énormité proférer pour attirer l’attention médiatique, une déclaration très inquiétante de Benoît Hamon sur France Inter, le 27 février, est presque passée inaperçue : « Il faudra regarder ce qu’on pourra rembourser ou ne pas rembourser… Il y a une dette vis-à-vis des banquiers que nous pouvons tout à fait renégocier. » Son conseiller Thomas Piketty avait précisé : « Cela peut passer par un bras de fer avec l’Allemagne. Si celle-ci dit non à la démocratisation, ce sera de facto la fin de l’euro » (1). Hamon rejoignait ainsi le parti de la faillite avant de requalifier son propos en parlant de « moratoire », ce qui revient peu ou prou au même, puis de se prononcer pour une renégociation de l’ensemble des dettes européennes.

Assez de circonlocutions ! Ne pas rembourser une dette au terme prévu ou rembourser dans une monnaie différente, cela signifie faire défaut sur la dette française. En d’autres termes, assumer la faillite. Rien de moins. La France n’a pas fait défaut depuis plus de deux cents ans. C’est pour cela qu’elle peut s’endetter à des taux presque nuls aujourd’hui. Remettre en question deux siècles de crédit public est tout à fait autre chose que débattre de la règle des 3 % de déficit. C’est irresponsable. Aucun socialiste n’était jamais allé sur ce terrain. En reprenant le coeur des propositions économiques de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, il les banalisait. Pire, il les cautionnait.

La politique de la faillite n’a pour argument que l’énormité de sa menace. Le défaut argentin portait sur 100 milliards de dollars, le défaut grec sur 200 milliards d’euros. Le défaut français, en dépassant 2 000 milliards d’euros, menacerait l’économie mondiale. Le parti du défaut espère donc que cette menace fera payer et plier nos voisins. Pure illusion. Qui paiera alors pour subventionner les besoins courants de la France ? Personne. Et la planche à billets n’est pas une solution : il n’y a pas de baguette magique dans la vraie vie.

Marine Le Pen, elle, va plus loin et veut sortir de l’euro. En changeant la monnaie de sa dette, même si le Parlement français l’autorise, l’Etat français serait en défaut pour tous ses créanciers. Il en ira de même pour les entreprises publiques et privées qui rembourseraient en francs dévalués. Les uns et les autres seront coupés pour longtemps de tout accès aux marchés des capitaux : qui ne paie pas ses dettes ne peut plus espérer emprunter. Les riches auront transféré leurs fortune à l’étranger, en monnaies fortes, avant la fermeture des banques. L’épargne des plus modestes et des classes moyennes, elle, aura perdu de sa valeur. Les Français seront payés en francs dévalués, et leur consommation d’importations devenues plus coûteuses réduira leur pouvoir d’achat. On n’aura rien fait d’autre que dévaluer l’épargne et les revenus des Français, tout en provoquant une nouvelle crise financière.

Ensuite, il faudra bien, en l’absence de crédit, retrouver un équilibre : non pas l’équilibre budgétaire, mais celui de la balance des paiements. Même si la banque centrale crée autant de francs que le lui demande le gouvernement, il faudra que la France dans son ensemble trouve assez de devises pour payer les importations dont le prix aura augmenté, plus les remboursements de la dette extérieure restante, tout cela sur fond de fuite des capitaux et des cerveaux. Elle devra le faire au prix d’une austérité brutale. L’exemple de la Grèce, en pire.

Alors qu’une autre voie existe. La voie qui mise sur les forces de la France, pour qu’elle puisse rayonner en Europe et dans le monde plutôt que se recroqueviller sur elle-même.

Jamais les enjeux n’ont été aussi grands dans une élection depuis des décennies. Le choix des Gracques est clair. Parce qu’il porte nos priorités et notre foi en l’avenir du pays, parce qu’il tient les seuls meetings où flottent côte à côte les drapeaux français et européen, parce qu’il s’est engagé à honorer le crédit de la France, Emmanuel Macron a notre soutien.

(1) Les Echos du 27 février.

Loi Travail: non, Martine ! – Tribune publiée dans le Point

Tribune publiée par les Gracques dans le Point du 3 mars 2016: Loi Travail – Les Gracques : non, Martine !

Le collectif de réformistes de gauche démonte les arguments défendus par la tribune frondeuse publiée le 25 février dans « Le Monde ».Non, Martine ! « Trop, c’est trop », disent-ils. Trop quoi ?

Trop lent ? Ils ont raison ! On aura attendu quatre ans pour réaliser qu’embaucher n’est pas, pour un employeur, un geste politique, mais une question de croissance et un acte de confiance en l’environnement réglementaire et fiscal.
Trop tard ? Ils ont raison ! On aura attendu vingt ans pour corriger l’aberration des 35 heures, cette idée que le monde entier a choisi d’ignorer. Alors qu’il était urgent de réformer le droit du travail comme tous nos voisins européens l’ont fait.

Lire la suite de la tribune publiée dans le Point >>

 

Mais nous savons que ce n’est pas cela qu’ont voulu dire les auteurs de la tribune du Monde. Leur motivation: afficher la rupture. Leur cible: l’avant-projet de loi El Khomri. Au passage, ils ratissent large, des migrants au terrorisme: mécontents de tous sujets, unissez-vous! La ficelle est grosse: même nous, Gracques, signerions volontiers le passage consacré à la déchéance de nationalité. Mais c’est du texte sur le code du travail dont nous voulons parler. Pour dire bravo et saluer le courage de l’exécutif. 

Martine Aubry et ses amis expliquent qu’il est urgent de persévérer dans l’erreur, sur  la voie singulière qu’a choisie la France: avec pour résultat un taux de chômage double de celui de l’Angleterre, et pour les jeunes, entre triple et quadruple de celui de l’Allemagne. « Pas ça, pas nous, pas la gauche » dit-elle. Ce qui signifie : n’apprenons rien de nos échecs, tant notre identité et notre projet sont trop fragiles pour qu’on y touche.   
 
Non, on n’a pas offert 41 milliards d’Euros aux entreprises: on a juste réduit les trop lourdes charges qu’elles supportent, plus que partout ailleurs. Non, les politiques ne savent pas mieux que les employeurs ce qu’il faut faire : ce n’est pas à l’administration de décider à la place de ceux qui travaillent dans les services, l’industrie, l’agriculture. Cela ne marche pas, et marchera encore moins demain, dans un monde où les techniques, les attentes des consommateurs, les marchés bougent à toute allure.
 
La tribune frondeuse ne formule pas une proposition concrète de réforme! Pas la moindre idée positive! Ce qui la porte, c’est le vieux logiciel d’une classe politique qui veut dépenser toujours plus d’argent public, et se méfie de l’intelligence collective qui se déploie, sur le terrain, là où l’emploi se crée. D’où l’attaque contre l’idée de favoriser les accords en entreprise. C’est pourtant en construisant de tels accords que les syndicats retrouveront la confiance des salariés, et pourront enrayer l’érosion de leur base.
 
Le texte est perfectible, mais il va dans le bon sens. Il ne remet en cause aucune des protections fondamentales dont bénéficient les salariés. Il ouvre de nouveaux espaces à la négociation. Il permet aux entreprises de mieux s’adapter à la conjoncture, dans un cadre juridique moins aléatoire. Il ouvre un espoir à ces millions d’outsiders, jeunes, non qualifiés, seniors, qui se fracassent sur les rigidités de notre marché du travail. Il est logique qu’il soit débattu, amélioré. Mais de là à en demander le retrait pur et simple, par dogmatisme ou opportunisme politique : non, Martine Aubry! 
 
La France a tout pour réussir au XXIème siècle: les femmes et les hommes, les institutions, les infrastructures, les entreprises. Mais elle n’en tirera parti qu’en se réformant, et vite. Toute année perdue l’est d’abord pour les chômeurs, les jeunes cantonnés aux marges du système, les talents gâchés. Ne pas conduire le pays en regardant dans le rétroviseur, mais réformer patiemment et continûment. C’est ce dont la France a besoin et c’est pourquoi cette réforme doit être soutenue. 
 
Une partie de la gauche dit le contraire? Bonne nouvelle pour Manuel Valls, Emmanuel Macron, Myriam El Khomri et le camp réformiste avec eux : le moment de la clarification est venu.

Les Gracques

Primaire à gauche: Cohn-Bendit à l’Université des Gracques

Daniel Cohn-Bendit s’exprime sur l’intérêt d’une primaire à gauche pour les présidentielles de 2017, dans le cadre de la 5ème Université des Gracques.

Discours d’Emmanuel Macron: conclusion de la 5ème Université des Gracques

Réalisation et montage : Hadrien Dupin, Yann Schreiber et Romane Franche. (La Péniche – @lapeniche)

Quelques extraits du discours d’Emmanuel Macron

« Quelqu’un sous prétexte qu’il a une barbe ou un nom à consonance qu’on pourrait croire musulmane, a quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche qu’un autre. Je ne suis pas en train de dire que tous ces éléments sont la cause première du jihadisme. C’est la folie des hommes, et l’esprit totalitaire et manipulateur de quelques-uns. Mais il y a un terreau, ce terreau est notre responsabilité »

Université des Gracques: échange entre Daniel Cohn-Bendit et les étudiants de Sciences Po

Echange enregistré à Europe 1 entre Daniel Cohn-Bendit, la Péniche (journal de Sciences Po) et Europeans Now (association de Sciences Po), dans le cadre de la 5ème Université des Gracques du samedi 21 novembre 2015. 

Suivez le live-tweet de l’Université sur le site des Gracques et #gracques
 
 

Schröder est avec nous !

Article paru dans Le Point le 28 août 2014. 

 

Quand une économie est en croissance, un gouvernement de gauche sait ce qu’il a à faire : c’est d’en répartir les fruits le plus justement possible. Comment? Par une redistribution qui vient en aide aux plus modestes, finance les services publics et assure l’égalité des chances pour la jeunesse. Il y a donc à la fois justice horizontale entre catégories sociales et verticale entre générations. Lire la suite