Le contrat de filière de la “Silver Economie”, une initiative encourageante

Silver Economy Expo

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Rares ont été les reprises dans la presse, et pourtant, l’idée est excellente. Le 12 décembre 2013, Arnaud Montebourg (ministre du Redressement productif) et Michèle Delaunay (ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’autonomie) signaient un contrat de filière de laSilver économie, fruit d’un travail interministériel de plus d’une année.

L’idée de ce contrat est de faire naître en France une industrie du vieillissement, et de convertir ainsi une donnée démographique en un levier de croissance. La Silver économie(Silver, pour les cheveux blancs de nos aînés…) englobe tous les biens et services non-médicaux destinés aux personnes âgées : de la technologie domotique à l’habitat en passant par le tourisme pour seniors.

Ne boudons pas notre plaisir : l’efficacité du travail interministériel mené par Michèle Delaunay et Arnaud Montebourg est à saluer. Mais, plus fondamentalement, le développement de la silver économie est enthousiasmant car il devrait suivre un double mouvement vertueux : l’adaptation de notre société à la nouvelle donne du vieillissement (pas seulement la dépendance, mais aussi la part accrue des seniors dans la population, donc dans l’économie) et, parallèlement, l’exploitation d’un nouveau vivier de croissance, loin d’être négligeable, à terme, dans l’économie nationale – la Direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques (DARES) estime que la Silver économie pourrait entraîner 300 000 créations d’emplois nettes, d’ici à 2020.

Pourtant, si l’écosystème « silver » est potentiellement vaste – on peut l’étendre par exemple à l’agro-alimentaire ou au textile -, il souffre encore d’une très grande atomicité  et d’une importante multiplicité des acteurs sur le territoire français. Tout l’enjeu est de créer l’unité de la filière. De nombreux freins s’opposent à cette mise en cohérence du secteur, parmi lesquels la faible labellisation des produits de la filière, la difficulté d’organiser entre eux tous les acteurs privés et publics, ou encore la faiblesse actuelle des investissements dans la silver économie.

Le contrat de filière esquisse des champs d’action ayant pour vocation de structurer et développer le secteur. Parmi les plus intéressants, on trouve la création d’un fonds de capital risque (FPCI) dédié à la silver économie, le lancement d’un « plan métier » de la filière ou encore la mise en place de comités de filière régionaux (avec quelques régions-pilotes pour lancer le mouvement au sein des territoires).

Le développement de la silver économie à la française devra à terme comprendre aussi une logique d’exportation : le marché mondiale est gigantesque, il y aura sur Terre près d’un milliard de seniors dans dix ans. C’est aussi le sens de l’idée d’une « Silver valley » franco-allemande.

Cette initiative gouvernementale n’est bien sûr qu’un début, et le vrai développement de la filière ne sera possible que par l’initiative entrepreneuriale. Elle n’en reste pas moins une grande source de satisfaction.

Quentin Jagorel, pour les jeunes Gracques