Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée!

Quand Bernard exalté, sur le micro penché,
Suivi des siens parlait, et prophète inspiré,
Pourfendait des puissants les grandes lâchetés,
Au premier tour qu’il fit, François se mit à rire.
Au second tour, riant encore, il lui fit dire :
« Crois-tu donc l’emporter par tes seules idées ? »
A la troisième fois, les Gracques allaient devant,
Puis les clubs marchaient, suivis par l’opinion.
Alors, les vieux hiérarques, tout perclus de horions,
Se moquaient des penseurs, qu’ils disaient impuissants.
Au quatrième tour, bravant les héritiers
De Jaurès, de Mendès et aussi de Rocard,
Solférino conspuait et traitait de bâtards
Ceux qui de ses mirages prétendaient se délier.
A la cinquième fois, sur ces murs ténébreux,
Aveugles et boiteux vinrent, et leurs huées
Raillaient la vérité et moquaient les fâcheux.
A la sixième fois, sur sa tour d’ivoire,
Inaccessible et sourd aux leçons de l’histoire,
François revint, riant à gorge déployée,
Et cria : « Ce que vous proposez,
Moi aussi, je suis pour ! ». Aussitôt, les sicaires
Applaudirent à tout rompre le premier secrétaire.

A la septième fois, les murailles tombèrent.

             À la manière de…
Victor HUGO (Les Châtiments)