«Nous voulons créer le premier parti paneuropéen»
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Petit regroupement citoyen qui développe des branches dans plusieurs pays de l’UE, le mouvement Volt se lance le 17 février en France.
Volt. Etonnant nom pour un parti politique. «Nous voulons redynamiser l’Europe c’est pour cela que nous avons choisi comme nom l’unité de la tension électrique, explique Andrea Venzon, 26 ans, fondateur et président de ce jeune mouvement citoyen très peu connu en France. C’est aussi un mot qui est le même dans plusieurs langues de l’UE.» Lancé en mars 2017, alors que l’article 50 du traité de Lisbonne est invoqué par la première ministre britannique Theresa May pour enclencher la sortie du Royaume-Uni de l’UE, le mouvement a de grandes ambitions.
«Nous voulons devenir le premier parti politique paneuropéen, détaille Andrea Venzon. Avoir des représentants aux échelles locale comme nationale dans plusieurs pays de l’Union.» Volt, qui n’est pas encore officiellement un parti, regroupe pour l’instant à peine 1 400 soutiens dans l’UE, avec des groupes actifs en Italie, Allemagne, Roumanie, Espagne, Pologne, Grèce. Il se lance samedi en France.
Des idéaux «progressistes»
Les militants ont commencé l’entraînement des candidats choisis pour les élections européennes de 2019, bien que les différentes stratégies nationales ne sont pas encore finalisées. «Nous ne fermons pas la porte aux politiques professionnels pour intégrer nos listes, mais nous regroupons, pour l’instant, surtout des candidats citoyens», ajoute Andrea Venzon.
Volt puise surtout dans le vivier de jeunes pro-Européens qui désirent s’opposer aux attaques europhobes de certains partis populistes et de gouvernements, dont la voix se fait de plus en plus forte. Environ 70% des membres du mouvement n’auraient jamais fait partie d’un parti politique auparavant.
«Nous ne sommes ni de droite ni de gauche», décrit le fondateur du mouvement qui se définit comme «progressiste». Un manifeste publié sur leur site décrit leur ligne politique sur trois axes: «maximiser la prospérité […] d’une manière durable», «éliminer les préjugés et les inégalités», qui ont donné la place aux mouvements d’extrême droite, pour faire avancer leurs idées, décrit le texte, et renforcer «l’intégration européenne […] dans un futur proche».
«Nous voulons réussir à former le premier groupe indépendant au Parlement européen. Nous espérons obtenir des membres élus dans 7 pays, poursuit l’ancien consultant en stratégie, qui rêve d’une organisation fédérale de l’Europe proche du modèle américain. Mais c’est difficile.» Volt, pour l’instant composé de bénévoles, peine à se faire connaître au milieu des partis traditionnels nationaux. 2018 va être une année cruciale alors qu’ils préparent le lancement officiel de leur campagne électorale à l’automne prochain.
Cependant, le 7 février, le Parlement européen a voté, à une large majorité, contre la création de listes transnationales pour les élections européennes, une proposition chère à Emmanuel Macron. Les membres de Volt n’ont, malgré cela, pas l’intention d’abandonner leur projet. «Nous allons présenter des candidatures dans les différents pays où nous sommes présents via des partis nationaux, comme Volt France ou Volt Italie, qui seront coordonnés par l’organisation-cadre Volt Europa», déclare Andrea Venzon. Pour l’instant, le jeune mouvement reste largement inconnu en France. Les équipes de Volt comptent sur l’événement organisé dans le XIIe arrondissement parisien, samedi, pour commencer à se faire connaître dans l’Hexagone.
Leur utopie d’un parti représenté dans tous les pays de l’UE n’est pas nouvelle. Yánis Varoufákis, l’ex-ministre de l’Economie grec, a lancé son propre mouvement européen en février 2016: DiEM25. Avec ses 65 000 membres revendiqués, il lorgne aussi les élections européennes de 2019 pour s’inscrire dans le paysage politique de l’UE.