« Mini gouvernement, maxi efficacité »

Nicolas Sarkozy avait promis moins de 15 ministres. En 2012, le gouvernement Fillon III en comprenait 16, plus 9 ministres délégués et 8 secrétaires d’Etat. François Hollande avait fixé la même limite. Résultat : le gouvernement Ayrault II en comportait 20 et 17 ministres délégués. Rebelote pour Emmanuel Macron. Il avait promis 15 ministres mais le gouvernement Castex en comportait 16, plus 15 ministres délégués et 12 secrétaires d’Etat, portant ainsi l’effectif à 43.

Nulle part non plus la question de la parité ne se pose comme en France. Le gouvernement Draghi ne comprend que 23 % de femmes, le gouvernement Scholz 50%, le gouvernement Johnson 25%, sans que cela fasse polémique – pas plus qu’en Espagne où le gouvernement Sanchez est féminin à… 58%.

On nous promet la taille d’une équipe de rugby, et l’on se retrouve avec un effectif de football… américain. Le gouvernement français reste ainsi le plus pléthorique d’Europe, à l’image de son administration. Source de confusion, de rivalités, de couacs médiatiques, d’inflation normative, de gaspillage d’emplois qui seraient plus utiles ailleurs. Bref, le symbole d’un Etat qui perd du temps, de l’argent et, au bout du compte, de l’efficacité.

Les raisons invoquées ne manquent pas : représenter les partis de la majorité, récompenser les fidèles, nommer des femmes, représenter les diverses régions, attirer des « people » populaires… Tout cela est archi-convenu et ne fonctionne pas : nomination à des postes factices, ministres stars qui s’ennuient ou, inversement, «technos» qui savent parler à leur cabinet mais pas aux Français…

Passées nos frontières, la sobriété est la règle. Le gouvernement Draghi compte 13 ministres, un nombre stable en Italie depuis les années 1990. Les quatre gouvernements Merkel n’ont compté que 15 ministres, un étiage dont Scholz n’a que peu dévié, avec ses 16 ministres. Personne n’égale toutefois la Suisse et son gouvernement de la taille d’une équipe de… handball : 7 membres.

Pour compléter ces gouvernements resserrés, des personnes peuvent être désignées comme interlocuteurs privilégiés des parties prenantes. Les ministres allemands nomment des secrétaires d’Etat et des délégués qui n’appartiennent pas au gouvernement. En Italie, il y a des ministères sans portefeuille, sans autonomie budgétaire ni politique. Au Royaume-Uni, des junior ministers font leurs classes.

En France, nous sommes les champions dans la panoplie des titres : ministres d’Etat, ministres, ministres délégués, secrétaires d’Etat, hauts-commissaires… Ces derniers offrent toutefois l’avantage d’incarner la continuité, puisque à chaque changement de gouvernement ils restent, à la différence des ministres.

Un gouvernement de la taille d’une équipe de football est possible, avec le Premier ministre comme entraîneur et, placés directement auprès de lui, les ministres en charge des priorités du gouvernement, notamment environnementales. Un grand ministère des Affaires sociales couvrant tous les sujets du travail et de la protection ferait de son titulaire l’interlocuteur des syndicats et des corps intermédiaires. Politiquement, ce serait aussi l’affichage d’un ministre fort équilibrant le poids de Bercy.

Des postes de cette envergure nécessiteraient de l’expérience et un grand savoir-faire politique : une contrainte de casting qui aurait l’avantage de redonner au gouvernement une dimension plus politique que technique, rassurant les Français sur sa capacité à les entendre.

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