Les Gracques aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence
Comme chaque année, les acteurs économiques se retrouvent aux Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence organisées par le Cercle des économistes et de nombreux Gracques seront présents.
Comme l’an dernier, les Rencontres commencent par les débats des Voix de l’Economie avec des représentants de différents think tanks : Les Gracques, bien sûr, mais aussi l’Institut Montaigne, l’Institut de l’Entreprise, la Fondation Concorde, la Fondation Jean-Jaurès, la Fabrique de l’Industrie, l’OFCE, Coe-Rexecode, GénérationLibre et le Cercle des économistes.
Un premier débat portera sur le thème « Travailler et produire en France » et se tiendra le vendredi 7 juillet de 15h à 16h30 dans l’amphi Peiresc. Il réunira Paul Illibert (Institut de l’Entreprise), Olivier Babeau (Fondation Concorde), Sandrine Duchêne (Fondation Jean-Jaurès), Denis Ranque (Fabrique de l’Industrie), Xavier Ragot (OFCE) et sera animé par Antoine Reverchon (Le Monde).
Le second débat, organisé par Les Gracques et Coe-Rexecode, portera sur la relance du projet européen et se déroulera le vendredi 7 juin de 16h30 à 18h en amphi Peiresc. Lors de ce débat animé par Vincent Giret (Franceinfo), interviendront Bernard Spitz pour Les Gracques, Denis Ferrand (Coe-Rexecode), Hélène Rey (Cercle des économistes), Laurent Bigorgne (Institut Montaigne) et Delphine Garnier (GénérationLibre).
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Il y a quelques mois encore, on donnait l’Europe pour morte. Le Brexit laissait planer le risque d’un effet domino bientôt visible outre-Atlantique. Le populisme et l’isolationnisme rampant menaçaient de s’imposer au fil des scrutins. C’était il y a six mois, c’était il y a un siècle… depuis, les Pays-Bas ont repoussé la vague populiste qui les menaçait et France a élu le seul candidat qui laissait fièrement flotter les drapeaux européen dans ses meetings, jusqu’à lui confier une large majorité parlementaire.
L’Europe a retrouvé espoir mais demeure fragile. Elle a besoin d’un nouvel élan, d’autant que la volonté de renouvellement ne doit pas masquer le désamour à son égard. Certes, la relance du projet européen passe par des actions que nous appelons de nos vœux depuis des années : convergence fiscale, coordination des politiques économiques ou renforcement de la gouvernance de la zone euro. Mais l’approche purement économique est ne suffit plus. « On ne tombe pas amoureux d’un grand marché » disait déjà Delors, or c’est bien d’amour dont l’Europe a besoin aujourd’hui. Sceptiques, voire hostiles à ce dispositif communautaire trop abstrait, trop technocratique, parfois jugé « hors-sol », les citoyens européens ne veulent plus de cette Europe (seulement) économique, froide et sans visage.
Les pères fondateurs pensaient que l’Europe économique était notre voie, l’Europe politique notre but – les faits montrent que c’est justement l’inverse ! Il faut donc trouver de nouveaux espaces de collaboration et surtout mener des actions concrètes, symboliques, fédératrices. Bâtir cette communauté de destin implique de mettre en avant des ambitions claires, notamment sur deux sujets essentiels : la protection de notre continent (défense) et la protection de notre planète (écologie). Au-delà des déclarations d’intention et des initiatives abstraites, modestes et inaudibles, faisons résonner dans la vie et dans les cœurs des européens des projets qui les touchent. Puisque la conscience européenne ne se bâtira pas sur des chiffres, usons de symboles forts et d’actions concrètes : ERASMUS de la culture, FBI européen ou pourquoi pas même conquête de spatiale sur Mars !
Ce réveil du projet européen doit aussi être démocratique tant il est clair que l’Union européenne pâtit d’un réel déficit en la matière. Paradoxalement, le clivage pro/anti-européen façonne les scrutins nationaux tandis que les élections européennes sont polluées par des considérations locales. Longtemps symbole dépressif, exutoire des diverses frustrations des peuples, avec des taux d’abstention records et un vote contestataire croissant, les élections européennes de 2019 devront marquer ce réveil par leur différence. D’autant que l’Europe y sera prête : en 2017 et 2018, gageons qu’elle aura dit non à toute forme de populisme, sur les pas des Pays-Bas, de la France, et demain, espérons, de l’Allemagne et de l’Italie. Elle sera prête pour un nouveau départ et le Parlement européen doit en être le porteur et le symbole.
Or aujourd’hui, il n’existe pas de véritable formation politique transnationale ou de programmes intégrés. Pour ces élections dites « européennes », les dispositions électorales ne sont même pas partout les mêmes – scrutin tantôt libre ou obligatoire, régional ou national… En revanche, s’il y a bien une chose qui partout prévaut, ce sont les préoccupations intérieures qui monopolisent les débats et guident les électeurs. Il est donc temps de renouveler cette élection et de pouvoir voter pour des listes européennes, comme l’ont déjà proposé un certain nombre de responsables politiques. L’idée serait que les électeurs votent pour leur liste traditionnelle, mais également pour une liste transeuropéenne. Les candidats ne représenteraient alors pas un pays mais une vision et les masques tomberaient : soit ils défendraient le projet européen progressiste, soit ils voudraient le casser. Bien sûr, il serait prématuré d’élire tout le parlement de la sorte. Mais profitons des sièges laissés vides par les anglais pour élire ces députés transnationaux et recentrer le débat sur l’objet de l’élection : le projet européen.
Toute la part devra être faite à ceux qui ont œuvrés pour la construction de cette Europe. Dans la foulée du Sommet des réformistes européens à Lyon en 2016, à Berlin cette année, les think tanks progressistes européennes seront aux avant-postes.
Le départ du Royaume-Uni aura permis à l’Europe de se réveiller, son départ du parlement de parachever sa construction démocratique.
Les Gracques