« Another Virus Victim: The U.S. as a Global Leader in a Time of Crisis »

En pleine crise du coronavirus, les Etats-Unis font un pas de plus en arrière, abandonnant leur rôle de leader mondial.

Alors qu’ils étaient à l’initiative d’une réponse multinationale pour la gestion des épidémies du SIDA et d’Ebola, les Etats-Unis cèdent ce monopole à la Chine en ce qui concerne le COVID-19.

Un article du NY Times : https://www.nytimes.com/2020/03/20/world/europe/trump-leadership-coronavirus-united-states.html?smid=em-share

Le virus de la peur

« Avec les lettres de Virus, on écrit «survi» .Comme l’angoisse de survie qui s’est emparée d’emblée des médias, des réseaux sociaux et des esprits. Mettant sous cloche un pays comme l’Italie . Entraînant une catastrophe économique sur fond de crise sanitaire. L’intervention présidentielle en recadrant les priorités, avait appelé à la responsabilité de chacun. Le passage au stade 3 samedi soir signifie que l’autodiscipline ne suffit pas. De nos comportements individuels dépendra en effet notre capacité collective de surmonter cette crise des temps modernes . »

Une tribune de Bernard Spitz pour les Echos à retrouver sur : https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-le-virus-de-la-peur-1185304

35 ans de décolonisations françaises

Les 6, 7 et 8 mars 2020
Le Lieu Unique et la Maison de l’Afrique (Nantes)

 
Sous la direction artistique d’Alain Mabanckou, le festival Atlantide de Nantes rassemblera près de 60 invités, venus de 25 pays. Ouvert sur le monde, Atlantide affiche l’ambition de faire se côtoyer les auteurs internationaux et nationaux, les comédiens, musiciens, critiques et éditeurs afin de partager les mots du monde et croiser leurs points de vue littéraires sur les grands enjeux de nos sociétés.
 
Pascal Blanchard, historien, membre du Laboratoire Communication et Politique du CNRS (Paris), interviendra lors de la rencontre « Sexualités, identités et corps colonisés », organisée le 6 mars 2020 au Lieu Unique à 16h30, aux côtés de Leïla Slimani, auteure de Le pays des autres (Gallimard, 2020) et François Durpaire, universitaire et historien. Le lendemain, samedi 7 mars à 16h00, Pascal Blanchard inaugurera l’exposition du Groupe de recherche Achac « Les indépendances. 35 ans de décolonisations françaises » à la Maison de l’Afrique, en lien avec l’ouvrage Décolonisations françaises. La chute d’un Empire (La Martinière, 2020) et proposera une conférence inédite autour de l’exposition. Enfin, dimanche 8 mars à 14h00, il interviendra au Lieu Unique, dans le cadre d’un débat intitulé « Lumière sur les empires coloniaux » avec Mia Couto, écrivain mozambicain et auteur de Terre somnambule (Albin Michel, 1994).
 
Autant de rencontres qui promettent d’être passionnantes dans un contexte de commémorations des indépendances en Afrique subsaharienne et de polémiques autour de la déclassification des archives militaires ayant traits, notamment, aux décolonisations.
 
Adresse : Maison de l’Afrique, 1 rue Louis Préaubert à Nantes

VIVE LES SARDINES !

Vive les sardines ! 

Il s’est passé un événement exceptionnel samedi dernier : plus de 100 000 personnes rassemblées dans la rue pour protester !

Ce n’était pas à Paris mais à Rome. Et elles ne protestaient pas pour réclamer, elles protestaient pour défendre l’intérêt général. L’ennemi désigné n’était pas seulement la Ligue et ses alliés d’extrême droite, elles se dressaient contre la mauvaise foi, les fake news, la démagogie, la pratique systématique de l’invective et de l’insulte dans le débat politique. Et elles ont choisi pour emblème les sardines

Pour qui roulent-elles ? Pour personne. Leurs mots d’ordre sont : respect, règle de droit, bienveillance, reconnaissance de la complexité du politique, compétence dans la gestion des affaires.

Nées spontanément de l’initiative de quelques jeunes, soutenues par une avocate engagée dans les mouvements contre les discriminations, elles ont réuni en quelques jours sur les réseaux sociaux des milliers de supporters au point d’humilier à Bologne le meeting de la Ligue qui se tenait au même moment. À Rome samedi, sur une place immense, la démonstration fut encore plus éclatante.

Le choix de la sardine est un symbole d’humilité. De petits poissons qui circulent en nombre et se serrent les uns contre les autres. Leurs meetings se terminent par une chanson connue de tous : ciao bella ciao, une sorte de chant des partisans sur un rythme enlevé qui se termine par l’éloge de la liberté

Les sardines offrent à la société civile l’occasion de s’engager pour des valeurs positives et pour l’intérêt général. C’est la raison pour laquelle nous les avons rencontrées à Rome cette semaine, que nous soutenons leur initiative et espérons les aider à l’élargir au delà des frontières italiennes, pour diffuser leur message positif d’universalité.

Les Gracques



Marie Burguburu : « Balancer des “porcs” sur les réseaux sociaux, c’est attenter à la cause des femmes »

L’avocate d’Eric Brion se félicite qu’à l’issue du procès en diffamation intenté par son client, la justice l’ait emporté sur le « tribunal du Tweet ».

Le Monde. Publié le 22 octobre 2019 à 06h15 – Mis à jour le 23 octobre 2019 à 12h25 

Tribune. En choisissant de dénoncer Eric Brion, le tout premier des hommes visés par le hashtag #balancetonporc, qu’elle a créé, en octobre 2017, et qui l’a rendue célèbrela journaliste indépendante Sandra Muller s’est, en même temps, octroyé la liberté d’ôter à Eric Brion le droit de pouvoir se défendre. Et, pendant deux années, depuis octobre 2017, il s’est retrouvé seul face à un tsunami médiatique sans précédent, à une avalanche de posts, Tweet ou messages souvent nauséabonds voire haineux de la part de personnes ne le connaissant pas ou ne l’ayant jamais écouté, et estimant pouvoir prendre pour acquis les mots de Sandra Muller, femme et journaliste.

Les mouvements autoproclamés féministes ont largement participé à ce lynchage médiatique, à ce « tribunal du buzz », qui est tout sauf un tribunal, pour la seule et unique raison qu’Eric Brion est un homme et qu’il fallait faire un exemple, et qu’il est politiquement incorrect de ne serait-ce que douter de la parole d’une femme.

Un simple « dommage collatéral »

Peu importe la vérité des faits que Sandra Muller a été incapable de rapporter, et pour cause, peu importe qu’Eric Brion n’ait jamais commis le moindre harcèlement sexuel dont il a été accusé à tort par Sandra Muller [cette dernière a été condamnée, mercredi 25 septembre, par le tribunal de Paris, pour diffamation à l’égard d’Eric Brion], peu importe qu’aucun autre témoignage maintes fois promis n’ait jamais été apporté, peu importe que sa vie ait été détruite pour quelques mots grossiers, prononcés cinq ans avant le Tweet vengeur, lesquels ne sont même pas ceux dénoncés faussement par Sandra Muller, et pour lesquels il s’était excusé dès le lendemain, peu importe enfin qu’il ne soit finalement qu’un simple « dommage collatéral » de la cause prétendument féministe, comme l’a énoncé elle-même Sandra Muller.

A aucun moment, au cours de cette chasse au sorcier, n’ont été relevés les nombreuses inexactitudes et les multiples mensonges. Si les journalistes avaient enquêté sur lui et aussi un peu enquêté sur elle, peut-être auraient-ils trouvé quelques raisons de douter. Mais voilà, Eric Brion était devenu la proie des féministes, qui, aveuglées par leurs certitudes et renforcées par la réelle légitimité de leur cause, ne lui ont rien accordé, pas même l’indispensable présomption d’innocence.

« Oui, Sandra Muller a diffamé gravement Eric Brion, n’en déplaise à la condamnation arbitraire des réseaux sociaux et des tribunes médiatiques aussi agressives qu’ignorantes »

Nicolas Bénoit et moi l’avons donc défendu car, dans un Etat de droit, permettre à un accusé, même devant le seul tribunal du Tweet, de se défendre est un des piliers de notre démocratie. A l’extrême opposé des réseaux sociaux, qui tuent sans sommation ni jugement aucun. Mais nous l’avons aussi défendu car nous connaissons l’homme et le père qu’il est. Quant à Sandra Muller, elle a eu, elle, le droit à un vrai procès, elle a eu la parole et a été défendue par ses deux célèbres avocats devant un tribunal composé de véritables juges et présidé par une femme. Et ce tribunal l’a déclarée coupable de diffamation publique au terme d’une décision claire et extrêmement bien motivée. Oui, Sandra Muller a diffamé gravement Eric Brion, n’en déplaise à la condamnation arbitraire des réseaux sociaux et des tribunes médiatiques aussi agressives qu’ignorantes. L’état de droit prime sur ce « tribunal virtuel » sans relâche alimenté.

Au cours de ces deux longues années, Eric Brion a eu le courage de se battre seul, contre et malgré la meute qui hurlait et invectivait sur les réseaux sociaux et dans certains médias. Il est allé jusqu’au bout quand beaucoup lui conseillaient de se taire, de courber l’échine et de laisser tomber en espérant que cela se tasse. Alors que, nous le savons bien, sur la Toile, rien ne s’efface. Je pense sincèrement que beaucoup d’hommes et beaucoup de femmes, ici et là, partout, savent ce qu’ils lui doivent aujourd’hui.

« Dénoncer quelqu’un, c’est désastreux »

Quant à l’argument sur une décision dissuasive, qui fait écho à la « procédure bâillon » [pratique judiciaire mise en œuvre par une entreprise ou une institution pour limiter la liberté d’expression et dissuader de s’exprimer dans des débats publics], seul argument de défense, s’il en est, de Sandra Muller, renversons la question : Sandra Muller avait-elle besoin de pratiquer la délation, intrinsèquement méprisable, pour servir la cause des femmes et lancer son hashtag ? Avait-elle besoin de mentir, de falsifier la vérité, en parlant notamment de harcèlement sexuel au boulot ? Avait-elle réellement besoin de le traiter de « porc » ? Avait-elle besoin d’éluder le contexte, de dissimuler l’ancienneté et de déformer à ce point les propos d’Eric Brion, d’oublier ses excuses et de le jeter en pâture à la vindicte populaire et de continuer à s’acharner sur lui pendant des mois ? Avait-elle besoin de balancer Eric Brion alors qu’elle a écrit, dans son livre[Balance ton porc, Flammarion, 2018], avoir été physiquement agressée et frappée par un acteur connu ? Pourquoi Eric Brion et pas cet acteur connu ? Parce qu’il ne pouvait pas se défendre. Parce que le business de Sandra Muller, sa gloire et sa célébrité étaient à ce prix-là.

Néfaste amalgame

A l’inverse d’une procédure bâillon, ce jugement prouve que la délation et la calomnie sur les réseaux sociaux sont condamnables et qu’il ne faut surtout pas les encourager. Dénoncer sur les réseaux sociaux des comportements sexistes, des harcèlements ou des agressions peut être utile et efficace pour bousculer les consciences, mais dénoncer quelqu’un, c’est désastreux, et le faire de mauvaise foi, comme Sandra Muller l’a fait, c’est attenter à la cause de toutes les femmes. J’ose écrire que Sandra Muller a instrumentalisé la noble cause, que je défends aussi, à son seul profit et pour sa gloire, en falsifiant une situation. C’est une usurpatrice qui a mystifié ses followers.

Car ce qui est néfaste pour la libération de la parole des femmes, c’est l’amalgame, les généralités et notamment faire croire que la dénonciation nominative sur Twitter, qui est l’un des réseaux les plus puissants du monde, est une bonne chose. Même quand les faits dénoncés sont vrais, la démarche n’est pas acceptable… Alors, quand ils sont faux, comme dans cette affaire #balancetonporc, c’est dramatique. Nul ne peut se glorifier d’être une « balance ». Cette décision de justice l’a énoncé avec force. Contrairement à ce que certains ont feint de croire, ce n’était pas le procès des porcs, mais celui des balances. On ne peut pas dire n’importe quoi sur n’importe qui, au nom d’un combat, si noble soit-il. Une cause se perd quand elle part d’un mensonge.

[Sollicité par Le Monde, Me Francis Szpiner, l’avocat de Sandra Muller, n’a pas souhaité s’exprimer]

Marie Burguburu est avocate au barreau de Paris.

Marie Burguburu  (avocate)

Sommet du Business 7 à Aix-en-Provence

Une rencontre et un accord pour les entrepreneurs et syndicats à Aix-en-Provence : B7 et L7 appellent de leurs vœux une réforme de la gouvernance mondiale pour une croissance durable et inclusive. 

Pour la première fois de l’histoire des sommets Business 7, les représentants des syndicats (L7) et des entrepreneurs (B7) s’accordent sur un agenda social en vue du G7. Cette rencontre marque un changement de paradigme : la gouvernance internationale ne peut ignorer le social. Cette gouvernance doit être réformée afin de garantir un meilleur partage des richesses – il en va de la survie de nos démocraties. 

La rencontre qui vient de se terminer donne un élan inédit à la question de la croissance durable.  Au même titre que les Accords de Paris ont représenté un tournant pour la question climatique, le G7 devra s’en saisir afin que soit proposé un accord équivalent : une réforme globale de la gouvernance internationale replaçant le social au cœur du projet. 

La présidence française entend justement placer les inégalités au cœur de la réflexion de ce prochain G7. 

A ce titre, L7 et B7 ont fait œuvre commune afin de livrer aux gouvernements qui se réuniront à Biarritz des recommandations concrètes et opérationnelles. 

Deux lignes directrices ont été dégagées : 

  • Le monde du travail doit être rendu plus inclusif.
  • Les transformations technologiques appellent à des investissements majeurs dans l’éducation et la formation professionnelles.  
  • La gouvernance mondiale doit être réformée.
  • 75 ans après les accords de Bretton Woods, le temps est venu de placer les enjeux sociaux au centre des préoccupations des institutions internationales existantes.  

Le B7 a également formulé une série de recommandations au bénéfice :

  • d’une transition écologique coordonnée et soucieuse de la biodiversité,
  • d’une transition digitale soutenue par une coopération internationale en matière de cybersécurité,
  • d’un commerce international privilégiant une vision de long-terme et fondé sur des règles équitables,
  • d’une priorité donnée à l’égalité concrète entre hommes et femmes dans le monde du travail,
  • de la valorisation d’actions pour une croissance plus juste, sur le modèle de l’initiative B4iG de l’OCDE, mettant en œuvre une collaboration effective entre public et privé.

Ces propositions rejoignent notamment celles formulées par le Cercle des Economistes. Les intellectuels réunis à Aix lancent en effet un appel à la lucidité et à l’action pour restaurer une confiance qui s’érode. Face au risque de délitement du contrat social, les économistes présentent un panel de mesures opérationnelles vers plus d’inclusion, de long-terme et de coopération internationale.  

A retrouver ci-dessous : déclaration conjointe B7-L7 , déclaration finale du B7, déclaration finale du Cercle des Economistes


La bioéthique oui, la loi de bioéthique non

Le réexamen plus ou moins régulier de la loi de bioéthique peut être perçu comme une preuve de l’importance légitime que le législateur porte à ces sujets. Cependant, force est de constater que ces rendez-vous sont de moins en moins en phase avec la vitesse d’évolution de la société, et encore moins avec celle des avancées scientifiques. Le processus de réexamen des lois de bioéthique génère inévitablement passions, revendications, voire fausses nouvelles – fausses nouvelles si aisées à colporter dans une société française où la culture scientifique et technique a toujours fait office de parent pauvre. La question qui nous apparaît centrale n’est point la remise en cause du principe même de notre loi de bioéthique, ni de sa nécessaire évolution, mais celle du mode de révision adopté pour cette dernière, mode qui ne peut que constituer un facteur majeur de clivages de notre société. Dans ces moments de tensions exacerbées, liées aux multiples transitions qui nous traversent, est-il opportun d’ajouter ce moment de discorde nationale ?

Les enjeux bioéthiques actuels sont bien identifiés, et nous pouvons en remercier le Comité Consultatif National d’Ethique. Nous pouvons aussi le remercier pour la mise en place du grand débat public sous forme d’états généraux qui ont mobilisé des dizaines de milliers de contributeurs durant des mois. Mais pourquoi remettre en jeu tous les acquis de notre législation de bioéthique en un bloc, à des intervalles par ailleurs systématiquement hors-délais comparés aux évolutions de la science, au risque tout à la fois de diviser notre nation sur les thèmes de la procréation voir de la fin de vie, mais aussi de mettre en péril notre recherche médicale dans la compétition internationale à laquelle elle doit faire face. Avons-nous le droit de retarder par exemple l’accès des familles françaises aux derniers outils diagnostiques communément offerts dans les autres pays européens ? Avons-nous le droit de retarder l’accès de nos trois millions d’enfants porteurs de maladies rares aux dernières thérapies innovantes, thérapies géniques et/ou cellulaires ? 

La bioéthique, un débat permanent

Nous proposons, adossée à nos lois actuelles, adossée à notre Comité Consultatif National d’Ethique et à ses structures de débats désormais organisées à l’échelle locale et qu’il faudra encore développer, une nouvelle procédure que nous qualifierions de « au fil de l’eau ». Elle aurait pour but que ce débat soit permanent, en phase avec les révolutions technologiques incessantes de ce domaine, en phase avec les évolutions sociétales et permettant réflexions, propositions et législations item par item, chaque item n’étant plus conditionné dans son éventuelle évolution par le débat global et par son calendrier. En substituant ce processus continu à notre actuelle grand-messe, nous souhaitons instaurer un échange permanent, apaisé, rigoureux sur les avancées scientifiques et sociétales qui parcourent notre société. En somme, nous souhaitons un débat moins démagogique et plus éthique.

La modernisation du système de santé

En partenariat avec le Quotidien des Médecins, le professeur René Frydman présente sur France Culture une série d’émissions sur la modernisation du système de santé. Plusieurs thèmes sont abordés dans ces cinq épisodes,  faisant intervenir différents acteurs de premier plan et aux parcours variés : des médecins, des élus, un Secrétaire d’Etat et une ancienne directrice d’hôpital et co-directrice d’une Agence régionale de santé. 

Dans la première partie consacrée au virage informatique, René Frydman échange avec trois acteurs de la santé et membres du Think Tank / accélérateur d’idées #LePlusImportant :  Céline Vigné, Mathias Dufour et Jean Philippe Alosi.

René Frydman reçoit ensuite les sénateurs Alain Milon et Michel Amiel, président et vice-président de la Commission des affaires sociales du Sénat. Ensemble, ils dressent un état des lieux du système de santé et envisagent des pistes d’évolution vers une plus grande régionalisation de la santé et la fin des déserts médicaux. 

Dans le troisième épisode est abordée l’innovation médicale au regard de l’éthique, avec le professeur Jean-François Delfraissy, président du Comité National Consultatif d’Ethique. 

Le médicament est ensuite traité sous plusieurs aspects : son commerce, sa possible pénurie dans les années à venir, la baisse de sa consommation et les résistances aux antibiotiques fréquemment observées. Le professeur Frydman reçoit ainsi Philippe Lamoureux et Thomas Borel, Directeur général et directeur scientifique du groupe LEEM (LEs Entreprises du Médicament). 

Le sujet de la protection de l’enfance vient clore cette série avec l’intervention du Secrétaire d’Etat Adrien Taquet. Ce dernier thème invite à la réflexion autour de plusieurs questions éthiques. Parmi celles-ci figurent l’adoption et les discriminations subies par les couples homoparentaux, l’avenir de l’anonymat du don de gamètes ainsi que l’accouchement sous X. 


Retrouvez l’intégralité de la série sur la page de l’émission Matières à penser de France Culture : https://www.franceculture.fr/emissions/series/la-modernisation-du-systeme-de-sante

Pour un musée de l’histoire coloniale

A la veille du soixantième anniversaire des décolonisations en Afrique subsaharienne et à Madagascar, l’historien Pascal Blanchard signe une tribune en faveur de la création d’un musée de l’histoire coloniale – un acte s’inscrivant dans un véritable et nécessaire travail de mémoire de la colonisation. Retrouvez ici l’intégralité du texte : https://www.liberation.fr/debats/2019/05/29/un-musee-sur-l-histoire-coloniale-il-est-temps_1730468


PMA : appel pour un plan fertilité

Tribune publiée dans Libération le 24 septembre 2018 par:
René Frydman, gynécologue, membre des Gracques,
Alain Houpert, sénateur de la Côte-d’Or, médecin radiologue,
Christian Hervé, président de l’Académie d’éthique, médecine et politiques publiques

Alors que les annonces successives de l’ordre des médecins puis des évêques de France promettent une nouvelle bataille pour les évolutions des lois de bioéthique sur la procréation médicalement assistée (PMA), il nous apparaît urgent de nous poser les bonnes questions. Depuis quarante ans, la PMA est un combat permanent entre les progrès scientifiques et les limites éthiques acceptables. Ces dernières doivent être uniquement basées sur la non-commercialisation du corps humain, la non-utilisation de l’autre à son profit et sur le caractère moralement délétère ou non pour les acteurs de telles ou telles pratiques médicales. Or, actuellement, les éventuelles évolutions de la loi sont parasitées par des détracteurs qui font bifurquer le débat de la PMA vers celui de la gestation pour autrui (GPA), à laquelle nous nous opposons sans réserve pour les raisons citées plus haut.

Notre combat est tout autre : il est celui de la lutte contre l’infertilité. Les arguments des opposants à la PMA se sont déjà fait entendre il y a plus de quarante ans, lors de la naissance d’Amandine, le premier «bébé-éprouvette» né en France. Or, depuis ce temps, il n’y a eu aucune dérive dans le domaine de la reproduction humaine puisque cette discipline est encadrée sur le plan légal, technique et éthique. Non, aucun abus, mais des désirs d’enfants venus s’incarner auprès de parents aimants. Notre objectif est clair : lutter contre l’infertilité afin d’offrir aux patientes de meilleurs résultats cliniques. Nous voyons plusieurs actions à mener dans ce combat qui pourrait s’incarner au niveau national dans un «plan fertilité» que nous appelons de nos voeux. Les nouveaux visages de la société imposent une réflexion urgente afin que la PMA soit en adéquation avec notre temps. Des décisions doivent être prises dès maintenant.

C’est aujourd’hui qu’il faut donner des moyens à une information rigoureuse et accessible sur les causes de l’infertilité due à l’environnement : tabac, polluants, comportements alimentaires… C’est aujourd’hui qu’il faut médiatiser des campagnes d’information sur l’infertilité liée à l’âge féminin, avec une information systématique par la Sécurité sociale passé 30 ans… C’est aujourd’hui qu’il faut donner les moyens à la recherche sur la reproduction, alléger les procédures administratives et favoriser ce champ d’investigation en empêchant le blocage systématique par des lobbys idéologiques… C’est aujourd’hui qu’il faut élargir le recours à l’analyse génétique de l’embryon dans toute situation problématique (âge, fausse couche, absence d’implantation). Envisagé comme un allié des couples et des équipes médicales, cet examen permettrait une meilleure compréhension d’une donnée qui demeure encore mystérieuse : pourquoi 60 % des embryons ne deviendront jamais des nouveau-nés ?

C’est aujourd’hui qu’il faut autoriser l’autoconservation des ovocytes. Aucun argument de fond ne s’oppose à ce principe de conservation des gamètes, par ailleurs réalisable chez l’homme mais uniquement dans un processus de «double peine» pour la femme : celle-ci ne peut y prétendre que si elle a un cancer ou une autre maladie altérant sa fertilité, ou si elle accepte un don d’ovocytes. Dans tous les autres cas, elle est interdite. Ne faut-il pas plutôt envisager l’autoconservation des ovocytes comme un libre choix des femmes de repousser la date d’une maternité tout en conservant le meilleur de leur potentiel de reproduction ? Les modalités peuvent être discutées, le principe non. De plus, c’est faire abstraction d’une réalité : moyennant quelques milliers d’euros, des Françaises passent déjà la frontière et font conserver leurs ovocytes en Espagne ou en Angleterre… Cette clandestinité – tout comme les arguments des opposants à la PMA – rappelle les heures douloureuses d’avant la légalisation de l’IVG, et ressemble avant tout à une atteinte aux droits des femmes à disposer de leurs corps et d’être maîtresses de leurs choix de vie.

C’est aujourd’hui qu’il faut promouvoir le don de gamètes en France en élargissant le nombre de centres publics (trop peu nombreux) et privés (actuellement exclus de cette procédure, bien que non commerciale) qui souhaitent s’impliquer dans ce programme et en autorisant une large information sur le don, actuellement réduite à une unique campagne annuelle. Il faut mettre un terme à un «tourisme du bébé» lucratif à l’étranger pour le don de gamètes que la Sécurité sociale française rembourse en partie, alors que cette procédure est interdite sur ce mode en France. Juge-t-on la médecine française incapable de suivre les patientes dans le cadre habituel de tout acte médical ?

C’est surtout aujourd’hui qu’il faut s’attaquer au problème de l’anonymat du don, a fortiori, si le gouvernement propose une ouverture de la PMA aux femmes seules, procédure qui doit être médicalement et psychologiquement accompagnée comme le font certains collègues à l’étranger. Arrêtons les hypocrisies et les faux-semblants de la parentalité dans le cadre du don anonyme imposé. Ceci a fait son temps, la revendication du droit aux origines et le modèle anglo-saxon doit nous faire étudier la levée de l’anonymat dans un système où la volonté du père, de la mère, de l’enfant et donneur·euse serait respectée.

Ce que nous voulons, c’est un débat serein, des lois cohérentes et un dispositif efficace pour offrir aux femmes les meilleures chances de concevoir. Traiter l’infertilité est un devoir médical, satisfaire les désirs tant qu’ils n’empiètent pas sur les libertés individuelles est un axe démocratique. Est-ce à dire qu’il y a un «droit à l’enfant»? Non! C’est pourquoi nous proposons – sauf cas particuliers – une participation financière progressive de chacun à la réalisation d’une PMA, afin de constituer un fonds public de recherche dédié à cet objectif dans le cadre d’un plan national de lutte contre l’infertilité. Le problème majeur est d’améliorer les résultats dans notre pays et de faire une offre de soins la plus performante possible. Sinon, à quoi servirait une répétition ou une extension sociétale en faveur d’une procédure qui reste en deçà des espoirs de réussite? Se donner les meilleures chances dans le domaine de la reproduction humaine n’est pas jouer aux apprentis sorciers ni défier la nature, mais voir s’épanouir des enfants fruits d’un réel désir de donner la vie.