Eric de Chassey, historien de l’art : « Les arts et la culture rendent insupportable toute xénophobie »

Le directeur général de l’Institut national d’histoire de l’art rappelle, dans une tribune au « Monde », au moment où l’hostilité à l’encontre de ceux que l’on juge étrangers croît en France et en Europe, que les arts et la culture offrent un modèle d’ouverture aux autres qui vaut pour l’ensemble de la société.

A l’heure où la xénophobie monte en France et en Europe, les arts et la culture, à travers leur histoire et leur actualité, ne cessent de nous rappeler combien elle est nocive pour le développement de toute société humaine et que, si on la favorise ou qu’on la laisse croître, on finit toujours par en payer le prix. Il ne s’agit pas seulement de convictions, personnelles ou collectives, mais bien d’une incompatibilité de principe, car les arts et la culture sont intrinsèquement xénophiles, c’est-à-dire qu’ils reposent sur l’accueil de l’étranger et s’opposent au rejet de celui-ci ou à la limitation de ses droits.

Se laisser toucher par les œuvres de la culture et des arts, c’est toujours accepter de s’ouvrir au point de vue d’autrui, de voir avec des yeux qui ne sont pas les miens, d’entendre ou de lire des mots qui ne sont pas les miens, d’écouter une musique qui n’est pas la mienne, de vivre des actions, des gestes et des récits qui ne sont pas les miens, d’appréhender des modes de pensée qui ne sont pas les miens – mais qui, si je les accepte, peuvent rejoindre, enrichir, éclairer mes habitudes de regard, de parole, d’écoute, de comportement, de pensée. C’est pour cette raison que la France, plus explicitement que bien d’autres pays, n’a que très rarement, sauf en des périodes malheureuses de son histoire, eu une conception nationaliste de la culture et des arts.

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Tribune complète à lire dans Le Monde.