Au delà du confinement : une tribune du Professeur Frydman
Au niveau national l’anticipation des catastrophes collective sanitaires devrait être mieux institutionnalisée (création d‘un comité permanent sanitaire de vigilance) car les troubles climatique, infectieux, toxique….vont se développer.
Aujourd‘hui, si le nombre de places et d‘appareils disponibles en réanimation a été relativement anticipé, par contre nous manquons de masques et de tests de dépistage. Balayons les arguties qui ne visent qu’à masquer la carence du matériel approprié. Nous sommes en retard, de peu, mais en retard quand même :
• Si les masques protègent les soignants parce qu’ils sont au contact des patients infectés, pourquoi ne protègent-ils pas le quidam d’entre nous qui met le nez dehors et risque de côtoyer un porteur sain ou un malade qui s’ignore ?
• Si les tests étaient disponibles, ils permettraient de distinguer trois catégories de personnes: les malades, les porteurs sains à risque de diffusion et les personnes indemnes.
Pour chacune de ces catégories une localisation doit être définie (hôpital pour les malades, lieu de quarantaine pour les porteurs, confinement pour tous).
Ces deux carences sont regrettables mais notables, leur rapide correction (même de façon autoritaire) ne pourra qu’améliorer la situation avant que les traitements en cours d’évaluation ne soient disponibles.
Nous héritons d’une situation, où les formes d ‘exercice de la médecine (libérale, hospitalière, dispensaire) ne sont pas bien coordonnées sur le plan d’un territoire de santé (qui n’est pas défini). Le récent transfert de patient en fonction de leur gravité entre les hôpitaux ou les cliniques est l’exemple a suivre. A l’avenir, le parcours de soins devra être territorial en fonction des besoins de la population du territoire de santé. Cette échelle territoriale ne s’oppose pas à l’échelle nationale ( le redéploiement d’un hôpital de campagne de l’armée en est un bon exemple).
Au sein de l’hôpital, des urgences, des services ;
Les difficultés hospitalières qui préexistaient à cette crise (gouvernance, hôpital-entreprise, problèmes de salaire, nombre de lit, manque de considérations des soignants ) tout cela aboutissant à un malaise intense lié à une perte de sens au profit de la rentabilité, persistera .Il faudra cette fois-ci avec la participation des intéressés, se réunir autour d’une table à l’échelle du territoire de santé et y rassembler toutes formes (public, privé) d’activités médicales et paramédicales en charge dune population donnée
A distance c’est la place de la santé publique, la reconnaissance de la prévention comme faisant partie intégrante de l’activité médicale, pour une meilleur santé collective, qui doit être beaucoup plus soutenue qu’elle ne l’a été jusqu’à présent.
Nous allons sortir globalement victorieux de cette situation mais il ne faut pas que cette victoire soit de courte durée car d’autres tsunamis sanitaires nous attendent. Applaudir à 20h est un bel élan, surtout s’il traduit une observance parfaite des règles de sécurité; car ne nous leurrons pas, le sacro saint individualisme de certains va être soumis à rude épreuve.
Ce serait un bonne chose que nous nous saisissions de cette période pour développer une participation collective à l’établissement d’une véritable démocratie sanitaire.
Pr René FRYDMAN