Apprentissage. Dites-nous comment !

À l’aube d’une élection présidentielle, quel est le plus important pour un candidat ? Le bon programme ou la bonne méthode pour l’appliquer ? Il est facile de répondre les deux ; en réalité, c’est souvent la méthode qui compte le plus.

Prenons l’exemple le plus scandaleux des dernières décennies : le chômage massif de nos jeunes. Rien de plus frustrant pour la société, de plus mauvais pour l’économie, de plus désespérant pour le corps social. La solution est sous nos yeux, en Allemagne : l’apprentissage. Là-bas, chaque année, il y a trois fois plus d’apprentis formés qu’en France, pour trois fois moins cher avec, pour résultat, trois fois moins de chômeurs dans la jeunesse : 8 % contre plus de 25 % chez nous !

Tous nos candidats le savent. Tous n’ont pas de mots assez doux pour vanter ses mérites. Le problème, c’est que ce discours vertueux est servi depuis vingt ans et que rien n’évolue. La situation a même plutôt empiré car les réglementations changent tous les ans, tandis qu’en Allemagne il n’y a eu qu’une réforme depuis 1969.

Quel est le problème ? En Allemagne, l’apprentissage est une voie noble. Il forme aussi bien à des postes manuels qu’à des métiers d’ingénieurs. Il n’est pas rare de rencontrer des dirigeants d’entreprise qui en sont issus. En Suisse, sur les sept ministres de la Fédération, certains sont d’anciens apprentis. Rien à voir avec la voie de garage à laquelle est assimilé l’apprentissage en France. Non sans raison, malheureusement, parce que cette filière est mal conçue, porte souvent sur des formations sans débouché, pour des élèves qui n’ont aucune envie de l’orientation qu’on leur donne. On arrive ainsi à des taux d’échecs qui viennent grossir les rangs des 160 000 jeunes sortant sans qualification, chaque année, de notre système scolaire.

L’entreprise au cœur du système

Y aurait-il une fatalité ? Non. Tout repose sur la question de savoir qui décide de la filière, des programmes, des recrutements. En Allemagne, c’est l’entreprise. Car c’est elle qui connaît les qualifications dont elle a besoin, aujourd’hui et plus encore demain. C’est elle qui recrute les jeunes candidats, marquant ainsi l’envie partagée de faire un bout de chemin ensemble. C’est elle qui décide l’ouverture des classes de lycées professionnels. Et c’est elle qui met sa réputation en jeu dans la formation qu’elle apporte à ses apprentis, en même temps qu’elle investit sur celle de ses futurs cadres. En France, l’entreprise est périphérique au système : elle paye – plus qu’en Allemagne – mais reste un acteur passif par rapport à l’Éducation nationale.

La solution est évidente : il faut et il suffit de placer l’entreprise au cœur du système. Reste la méthode à adopter. Trouver la voie d’un partenariat intelligent, coopératif et non conflictuel entre le système éducatif et les entreprises est à notre portée. Je l’écrivais il y a dix ans et, l’an dernier, dans un livre dont le titre On achève bien les jeunes (1) résume – hélas – la situation.

Margaret Thatcher, ex-Premier ministre britannique, avait coutume de lancer à ses visiteurs :« Ne me dites pas ce que je dois faire, je le sais déjà. Dites-moi comment ! » Puisse la campagne nous expliquer comment l’apprentissage va renaître en France et comment les bonnes intentions vont se transformer en actes. Mesdames et Messieurs les candidats, dites-nous comment !

(1) Édition Grasset. Lire aussi Jeunesse, ça ne peut plus durer par François Régis Hutin (Ouest France du 29/08/2015).

Bernard Spitz, Président de la Fédération française de l’assurance.

Editorial publié dans Ouest-France le 12/09/2016 >>

Let the Leavers govern as best they can

Article rédigé par Janan Ganesh et publié dans le Financial Times le 27 juin 2016

The economy, the union and the promises made during the referendum campaign are theirs to safeguard

In the terminal days of his premiership, David Cameron told audiences that “Brits don’t quit”. Enemies used the line against him when he resigned last Friday but, really, both sides had it wrong. Since when is quitting always and everywhere a vice? Total commitment to something — a relationship, a job, a cause — in the face of all practical evidence is nobody’s idea of a life intelligently lived.

Pro-Europeans must learn to see the virtue in retreat. Spurred by the 48 per cent of voters on their side and the British impulse to make the best of things, they want to influence whatever settlement emerges between their country and Europe in the coming years. Conservative Remainers such as Theresa May, the home secretary, still have ambitions to lead their party. The Remain campaign aspires to live on as the liberal conscience of the more probable next prime minister — Boris Johnson — by encouraging his openness to markets and migration against more nativist competitors for his ear.

This is all very plucky, but so is turning up to work after you have been sacked. The British people have instructed their rulers to leave the EU. The execution of their will is the work of years and soul-sapping detail. It cannot be done by a prime minister who believes the instruction was foolish in the first place. It is awkward enough that the technical process of extrication will be managed by reluctant, deflated civil servants.

None of this is pleasing to say as a Remainer but it is no less true for that. Imagine our reaction if, having lost the referendum by a four-point margin, the other side invoked their hefty vote share to justify a prominent perch in the making of European policy with a view to loosening the terms of membership.

Democracy, like sport, is governed by a cruel clarity. Forty-eight per cent of votes does not entitle pro-Europeans to 48 per cent of their manifesto or 48 per cent of major ministries. Victory and defeat are more absolute than that, and not out of some misplaced machismo. It is for the sake of accountability that winners take all in our system.

That accountability is now everything. Leavers have won what was essentially a referendum and a general election all in one. They must be responsible for the country in the coming years. The economy, the union and the commitments made during the referendum campaign are all theirs to safeguard. A European settlement that simultaneously satisfies Brussels and the 52 per cent is theirs to negotiate.

In his column in The Telegraph on Monday, Mr Johnson sketched a model of exit that seems to entail “access” to the single market — whatever that means — without paying in, observing its laws or honouring free movement. He did not say whether he also intends to bake a pie and put it in the sky. Whatever the sceptics, lacking his Homeric largeness of vision, think of his plan to cajole sentient heads of government into letting Britain systematically undercut them in their own market, he is entitled to try. Those of us who misjudged his potential to win the referendum cannot dismiss his capacity to bring something worthwhile out of it.

But Leavers will understand one thing on taking control. Mr Cameron and George Osborne, his chancellor, did not sex up the official advice they received about the economic costs of exit. If anything, they sexed it down to avoid the charge of lurid alarmism that came anyway. The private dreads of people at the summit of the British state were worse than was ever let on. Unless they are taken with a sudden intellectual sunniness, it will remain the advice that Mr Johnson and his ally Michael Gove, justice secretary, hear as the new masters.

The advice may turn out to be wrong but, on the morning after the referendum, the two men wore the haunted look of jokers at an auction whose playfully exorbitant bid for a vase had just been accepted with a chilling smash of the gavel. They must now govern as well as they campaigned.

Ms May is a serious politician. Stephen Crabb, work and pensions secretary, understands the economically insecure Britain that voted to Leave. But unless we are to make a mockery of the referendum these politicians cannot lead the nation. For the sake of democracy and accountability, Leavers must be left to it, whatever it turns out to be.

Janan Ganesh

Face à l’inéluctable fragmentation européenne, proposons un Contrat de Souveraineté Européenne

Article de Christian Dargnat 

1/ De quoi le Brexit est le nom ?

C’est le nom du rejet d’une société ultra-libérale: quand les inégalités au sein d’une population sont ressenties comme insupportables par ceux qui sont censés « faire société », l’Histoire nous enseigne que le peuple rejette son mode d’organisation institutionnelle. Le vote anglais de cette semaine reflète le rejet tout autant du mode d’organisation des interactions entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni que celui de la répartition des richesse au sein de la société britannique: le clivage entre les votes des résidents londoniens et ceux des régions anglaises est symptomatique !

C’est le nom du clivage entre ceux qui souhaitent s’ouvrir au monde parce qu’ils en voient les opportunités et ceux qui se ferment à la mondialisation, synonyme de précarité additionnelle pour eux et/ou de remise en cause de leurs avantages acquis: les clivages sociologiques sont symptomatiques (« classes populaires / catégories sociales professionnelles + » et « jeunes / vieux »,…) !

C’est le nom de l’incapacité européenne à régler les conséquences de la crise déclenchée en 2008 et à renouer avec la croissance économique: le fait que l’Europe vient juste, en 2016, de recouvrer le niveau de PIB de 2008 alors que les autres zones régionales l’ont dépassé depuis plusieurs années est symptomatique !

C’est le nom de la divergence accrue des priorités nationales au sein même des pays de l’Union Européenne: les allemands et les anglais se préoccupent essentiellement de marché unique des biens et services, les français de bénéficier d’indulgences par rapport à son immobilisme réformatrice, les italiens de négocier avec Bruxelles le sort de son système bancaire sinistré, les pays d’Europe centrales et de l’Est de se protéger de la menace russe et les pays du Sud de la crise des réfugiés, …

C’est le nom de l’absence de projet européen: depuis quand les peuples se sont-ils vues proposer un projet mobilisateur ? Quelque soit le domaine – économique, culturel, défense, climatique,… – aucun projet n’a été formulé depuis la tétanie engendrée par les votes de rejet de 2005. Nous aurons vécu une décennie perdue pour l’Europe, empêtrée dans une succession de crises: financière, économique, grecque, migratoire et maintenant britannique…avant les prochaines si rien ne change …

C’est le nom de la faillite des élites et de leur rejet par des peuples qui nourrissent les montées du populisme et du nationalisme censés – faussement – leur redonner le pouvoir sur leur destin collectif: Cinque Stelle en Italie, Podemos en Espagne, UKIP au Royaume-Uni, FN en France, Trump aux Etats-Unis sont symptomatiques ! L’aveuglement des élites face à la survenance du Brexit et à l’impréparation d’un tel scénario sont également symptomatiques !

2/ De quoi le Brexit est porteur ?

Le Brexit est porteur d’instabilités pour le Royaume-Uni: la 5e puissance économique mondiale, stable institutionnellement depuis des siècles, ne l’est plus.
La Grande Bretagne peut devenir une Petite Bretagne dans les années à venir avec le départ possible de l’Ecosse (base de la force navale nucléaire britannique et 1/3 de son territoire !) et une reconstitution du paysage irlandais. « God save the Queen… »

Le Brexit est porteur d’incertitudes pour l’Europe avec la recrudescence probable des forces centrifuges européennes Ecosse, Catalogne, Padanie, … et l’accentuation des tensions financières européennes.
Non seulement les flux de capitaux du Reste du Monde vers l’Europe vont ralentir (avec une hausse de la prime de risques sur les actifs européens), mais la recherche de placements défensifs et sûrs se fera au détriment des pays européens dits périphériques (ie élargissement des écarts de taux entre les pays dits « core » et les autres déjà sous tensions).

Le Brexit va accentuer le caractère « bureaucratique » de l’Europe en monopolisant le fonctionnement de l’Union Européenne pendant les prochains trimestres.
La focalisation des services européens sur les négociations de sortie du Royaume-Uni empêchera l’avancée des autres dossiers européens. Le processus du désormais fameux Article 50 de la Constitution européenne prendra des années à aboutir, ne nous épargnant ni le ridicule (le Royaume-Uni est censé exercer la Présidence de l’UE à partir de juillet 2017), ni les coûts d’opportunités: pendant que nous réglons les modalités de cette sortie, le reste du monde avance…

Le Brexit accentue le basculement du centre de gravité du pouvoir au sein de l’Union Européenne vers l’Est et la prédominance allemande: depuis Ie XVIe siècle, la politique étrangère du Royaume-Uni a toujours été dominée par la recherche d’un équilibre européen qui empêche l’émergence d’une grande puissance sur le continent européen (chronologiquement avec l’Espagne, la France, la Russie, la Prusse puis Allemagne). De fait, si le Brexit n’occulte pas cette capacité au Royaume-Uni, il diminue considérablement sa marge de manœuvre politique dans un contexte européen caractérisé par une Allemagne puissante mais inerte politiquement, une France faible, et une Russie revancharde qui se réjouit de cette annonce de division européenne ,…

Le Brexit affaiblit l’Europe: géopolitiquement, économiquement et financièrement, l’Europe s’affaiblit elle-même avec le départ de la 5e puissance économique mondiale, 2e puissance maritime mondiale, 1ere place financière mondiale,…renforçant une image d’Etats nationaux incapables de résoudre leurs problèmes et d’une entité pan-européenne dysfonctionnante et impuissante …

Le Brexit encourage la montée du sentiment euro sceptique et renforce les thèses d’un repli sur soi, qu’il soit politique, économique ou culturel (nationalisme, défense identitaire, protectionnisme,…).

Le Brexit pèsera économiquement négativement sur la population britannique: facteurs récessifs renforcés par de moindres investissements, pertes d’emplois, dégradation de la note souveraine, incertitudes générées vont peser sur une économie qui patit d’un déficit de sa balance courante de 7% de son PIB: le Royaume-Uni a cruellement besoin du financement étranger…je ne doute pas un instant que les relations sino-britanniques vont se renforcer !

 

3/ Quelles orientations devons-nous prendre afin d’éviter l’échec générationnel du délitement européen, inévitable en cas de statu quo ?

Clore la parenthèse d’inertie décennale 2005 – 2016 en reprenant l’initiative à l’égard des peuples: compliqué, car il est probable qu’aujourd’hui le rejet à l’égard de ce que symbolise l’Europe institutionnelle est commun à tous les peuples européens, mais pourtant indispensable, sinon le rejet de l’idée européenne aboutira à la fin de l’Union européenne et à des conséquences dramatiques à terme: ne cessons pas de rappeler que les périodes de paix sur le Vieux Continent sont limitées dans l’Histoire !

Un débat démocratique destiné à préparer un projet de refondation européen est indispensable.
A cet égard, quand bien même nous ne l’avons pas souhaité, la sortie d’un partenaire britannique qui, durant 43 ans a exercé un rôle ambiguë dans la construction européenne, est une opportunité !

Remédier rapidement à la situation italienne qui est le prochain maillon faible de l’Union Européenne: l’économie italienne est complément bloquée par le poids que font peser les 20% de prêts « douteux » qui pèsent sur les bilans bancaires. Le transfert de ce poids des banques vers le budget national et le recours aux outils et solidarité européens sont inévitables, n’en déplaise aux thurifaires du « Bail In » .

Relancer la croissance européenne: l’excès d’épargne de l’Allemagne est devenu un problème aussi pénalisant pour la croissance européenne que l’absence de réformes en France ou le poids du chômage dans les pays du Sud de l’Europe. Un accord entre ces pays doit être recherché immédiatement sur un dosage de politique économique permettant à l’Europe de sortir de ce processus mortifère.

Cesser de désigner les Institutions politiques européennes comme la source de nos maux nationaux et européens alors que celle-ci réside essentiellement dans nos insuffisances nationales.

Face à l’inéluctabilité de la fragmentation européenne (les divergences stratégiques entre pays sont aujourd’hui trop importantes pour maintenir le statu quo), il est temps de proposer un Contrat de Souveraineté Européenne à ceux de nos partenaires qui le souhaitent, reposant sur les deux piliers indispensables et indissociables que sont le respect des principes de responsabilité et de solidarité. Si l’Europe veut demeurer un acteur maître de son destin sur la scène mondiale, la définition de sa puissance collective en matière budgétaire, énergétique et militaire et non plus seulement monétaire devient incontournable.

An astute online comment has some wondering whether Brexit may ever happen

Article original rédigé par Max Bearak, paru dans The Washington Post le 26 juin 2016

Sometimes, amid the I-told-you-so editorials and breathless think pieces that follow a major political event, the best take is actually in the comments section. Such is the case with a comment left by a user of the Guardian’s website under the name Teebs (as shown above), written in the aftermath of Britain’s Thursday vote to exit the European Union. The commenter has left many around the world, especially anxious « remain » voters, hopeful with his or her articulate, stir-the-pot observation — a mini-article in and of itself.

The speculative comment lays out a scenario under which Brexit might be averted. A redux of the argument goes like this:

British Prime Minster David Cameron had said that he would invoke Article 50 — which establishes a timetable for formally breaking up with the E.U. — if his country voted to leave the E.U. In fact, he’d said he would do it the morning after. Instead, in announcing his impending resignation, he may be trying to shield his legacy by passing the responsibility of triggering a potentially catastrophic Brexit to his successor.

Given that Cameron’s likely successors are Brexit supporters from within his party, one might think that they would simply go ahead and invoke Article 50, setting the E.U. pullout process in motion. But, as Teebs notes, these likely successors have been quite subdued in their remarks since the referendum — and some are nowhere to be found.

Boris Johnson, London’s former mayor and a favorite to succeed Cameron, has said that there is no need to trigger Article 50 right away. Other « Brexiteers » from within Cameron’s Conservative Party have simply avoided the question.

In other words, the consequences of Brexit are so stark and may hold such disastrous implications that Cameron’s successor might hold off on invoking Article 50. As Teebs puts it, « The enormity of that step started to sink in: the markets, Sterling, Scotland, the Irish border, the Gibraltar border, the frontier at Calais, the need to continue compliance with all EU regulations for a free market, re-issuing passports, Brits abroad, EU citizens in Britain, the mountain of legistlation to be torn up and rewritten … the list grew and grew. »

It doesn’t seem as if anyone is stepping up to that task yet.

Fed up millennials speak out

“A quick note on the first three tragedies. Firstly, it was the working classes who voted for us to leave because they were economically disregarded, and it is they who will suffer the most in the short term. They have merely swapped one distant and unreachable elite for another. Secondly, the younger generation has lost the right to live and work in 27 other countries. We will never know the full extent of the lost opportunities, friendships, marriages and experiences we will be denied. Freedom of movement was taken away by our parents, uncles, and grandparents in a parting blow to a generation that was already drowning in the debts of our predecessors. Thirdly and perhaps most significantly, we now live in a post-factual democracy. When the facts met the myths they were as useless as bullets bouncing off the bodies of aliens in a HG Wells novel. When Michael Gove said, ‘The British people are sick of experts,’ he was right. But can anybody tell me the last time a prevailing culture of anti-intellectualism has led to anything other than bigotry?”

Nicholas Barrett (This comment has gone viral on Twitter. The Financial Times has since commissioned its writer, Nicholas Barrett, to expand on his thoughts.). More comments

Manifeste des Médecins et Biologistes de la Reproduction

 

C’est une initiative éthique et médicale inédite, un geste civique et politique majeur. Emmenés par le gynécologue René Frydman, plus de 130 médecins et biologistes de la reproduction reconnaissent avoir « aidé [et]accompagné des couples et des femmes célibataires dans leur projet d’enfant dont la réalisation n’était pas possible en France ».
En savoir plus sur lemonde.fr

Manifeste des Médecins et Biologistes de la Reproduction

Nous médecins, biologistes, reconnaissons avoir aidé, accompagné certains couples ou femmes célibataires dans leur projet d’enfant dont la réalisation n’est pas possible en France.

Nous faisons référence ici à quatre situations que nous rencontrons fréquemment en Médecine de la Reproduction.

1/ Le don d’ovocytes : Le désir d’enfant surtout lorsqu’il est tardif peut bénéficier du recours au don d’ovocytes. Le système en vigueur dans notre pays ne permet pas de répondre à la demande (pas assez de donneuses) et de très nombreux couples se tournent alors vers l’étranger. Nous regrettons que la totalité des mesures qui permettraient de développer le don d’ovocytes en France ne soient pas prises (possibilité d’une campagne d’information locale et non pas uniquement nationale par chaque centre, participation de tous les centres publics ou privés, dédommagement et prise en charge correcte des donneuses, création de personnel dédié à l’information sur des dons de gamètes…)

Nous souhaitons développer le don d’ovocytes en France dans un cadre de non commercialisation des éléments du corps humain ayant parfaitement conscience que les nombreuses propositions qui sont faites à l’étranger ont trop souvent un aspect mercantile auquel nos patientes n’ont d’autres choix que de s’y plier.

L’incohérence de la situation est que la sécurité sociale française, sous certaines conditions, rembourse une partie des frais engagés à l’étranger bien qu‘ il y ait une indemnisation de la donneuse (pratique qui n’est pas autorisée dans notre pays)

2/ L’analyse génétique de l’embryon avant transfert utérin dans des situations à risque élevé d’anomalies embryonnaires. D’une façon générale plus de 60% des embryons que nous transférons ont des anomalies génétiques graves ou sont non viables sur un plan métabolique. Dans des situations particulières ce pourcentage est encore plus élevé et abouti à une répétition d’échecs d’implantation, à des fausses couches ou à des anomalies chromosomiques qui vont être détectées lors du dépistage anténatal et peuvent conduire à des douloureuses interruptions thérapeutiques de grossesses.

Ces fréquentes anomalies rendent nombre de transferts, de congélations embryonnaires inutiles, ces échecs prévisibles sont sources de déception, de complications et d’une multiplication de prise en charge coûteuses et sans aucun bénéfice. Connaître le statut chromosomique de l’embryon par la technique du Diagnostic Pré-Implantatoire (DPI), dans des situations à risques reconnues, est devenu courant dans de nombreux pays limitrophes (Belgique, Grande Bretagne, Italie, Espagne) et constitue une règle de bonne pratique médicale que nous ne pouvons appliquer.

La position de notre pays est incohérente puisque l’analyse du risque chromosomique fœtale est autorisée aux femmes enceintes qui le souhaitent après quelques semaines de grossesse, dans le cadre du dépistage anténatal, alors que ce même examen reste interdit par prélèvement d’une cellule de l’embryon avant qu’il ne soit transféré dans l’utérus. Quelle est la justification de ces positions contradictoires selon l’âge de l’embryon ?

3/ L’autoconservation ovocytaire ne peut être pratiquée en France uniquement si la femme présente une pathologie à risque pour sa fertilité (chimiothérapie pour cancer, voir une endométriose) ou si elle souhaite donner une partie de ses ovocytes. Mais une autoconservation ovocytaire préventive, alors que la fertilité est encore satisfaisante mais sans projet de grossesse immédiat, est interdite (mais possible en Espagne, Belgique, Grande Bretagne, etc.). Que cette pratique soit accompagnée, mesurée et encadrée est plus que souhaitable mais le principe d’une interdiction ne nous semble pas fondé. D’autant que  pour les hommes, l’autoconservation de sperme en paillettes peut être réalisée sur simple ordonnance dans tout laboratoire de ville agrée (autre incohérence).

4/ Le don de sperme pour une femme célibataire (sans préjugé de son mode relationnel actuel ou futur, homo ou hétérosexuel) est une autre interdiction qui nous paraît devoir être levée, puisqu’une femme célibataire est reconnue dans ses droits pour élever ou adopter un enfant.

A côté de ces incohérences les plus criantes pour lesquelles nous réaffirmons notre engagement à aider notre patientèle, d’autres sujets de Procréation Médicalement Assistée nécessitent la poursuite de la réflexion. Nous proposons la création d’un véritable « Plan contre l’Infertilité » comme il existe d’autres plans nationaux tels que « Vaincre le cancer », « la maladie d’Alzheimer » etc.., Ceci est plus que nécessaire dans la mesure où 15% de la population en âge de procréer consulte, que cela a un coût financier collectif, un coût physique et psychique à l’échelle individuelle.

Ce « Plan contre l’infertilité» permettrait de développer une prévention de l’infertilité qui fait cruellement défaut, basé sur l’information de l’effet inexorable de l’âge mais aussi sur les comportements alimentaires favorisant le surpoids ou du fait d’addictions (tabac, alcool, drogue) ou encore d’un environnement polluant délétère dont il faut apprendre à se protéger. Ce plan de lutte contre l’infertilité permettrait de réduire les incohérences actuelles, de définir les objectifs prioritaires en tenant compte de leur financement et en s’appuyant sur le progrès des connaissances scientifiques tout en respectant deux principes éthiques fondamentaux :

La non commercialisation du corps humain.
Le refus du risque d’utiliser ou d’aliéner une autre personne (adulte ou enfant) à son profit quelle que soit sa situation.

Signataires :
Docteur Elodie ADDA HERZOG : Créteil
Docteur Michael AGOJIANTZ : Nancy
Docteur Gilles ALPHANDARI : Saint Herblain
Docteur Laura ALTER : Poissy
Docteur Silvia ALVAREZ : Paris
Docteur Aurélie AMAR HOFFET : Marseille
Docteur Christophe AMIEL : Aix en Provence
Professeur Jean Marie ANTOINE : Paris
Docteur Paul ATLAN : Paris
Docteur François AUBRIOT : Neuilly
Docteur Alain AUDEBERT : Bordeaux
Professeur Yves AUBARD : Limoges
Docteur Catherine AVRIL : Rouen
Docteur Jean Philippe AYEL : Argenteuil
Professeur Jean Marc AYOUBI : Suresnes
Docteur Wassim BADIOU : Toulouse
Docteur Marc BAILLY : Poissy
Docteur Virginie BARRAUD LANGE : Paris
Docteur Paul BARRIERE : Nantes
Docteur Bernard BARRY : Marseille
Docteur Julie BENARD : Bondy
Docteur Jean Luc BENHAIM : Paris
Docteur Moncef BENKHALIFA : Amiens
Docteur Jean Jacques BENSAID : Boulogne
Docteur Olivier BESSE : Saint Herblain
Docteur Oksana BOIKO-LAFONT : Paris
Professeur Philippe BOUCHARD : Paris
Docteur Pierre Emmanuel BOUET : Angers
Docteur Jeremy BOUJENAH : Paris
Docteur Dominique BOURET : Paris
Docteur Charles BRAMI : Neuilly
Docteur Denis BRIANT :St Renan
Docteur Mélanie BRZAKOWSKI : Paris
Docteur Marc BUCHER : Le Mans
Docteur Bruno CAMIER: Amiens
Docteur Bernadette CARCOPINO : Paris
Docteur Guy CASSUTO : Paris
Docteur Virginie CASTERA : Marseille
Docteur Isabelle CEDRIN DURNERIN : Bondy
Docteur Nathalie CHABBERT BUFFET : Paris
Docteur Véronique CHABERT ORSINI : Marseille
Docteur Coline CHAO : St Denis
Docteur Nicolas CHEVALIER : Montpellier
Docteur Martine CHOMIER : Ecully
Docteur CLOUET Muriel : Toulouse *
Docteur Jonathan COHEN : Tenon
Docteur Marina COLOMBANI : Marseille
Docteur Blandine COURBIERE : Marseille
Docteur Michel DAGUES BE : Tarbes
Professeur Emile DARAI : Tenon
Docteur Claude DEBACHE : Paris
Docteur Christine DECANTER : Lille
Docteur Hervé DECHAUD : Montpellier
Docteur Didier DELAFONTAINE : Paris
Docteur Pauline DEMAILLY : Paris
Docteur Thierry DEMES : Cannes
Professeur Philippe DESCAMPS : Angers
Docteur Didier DESTREGUIL : Paris
Professeur Didier DEWAILLY : Lille
Professeur Dominique DE ZIEGLER : Paris
Docteur Véronique DIVRY : Lyon
Docteur Stéphanie DOMINE : St Denis
Docteur Lorene DONADEL : Bruges
Docteur Michel DRAY : Paris
Docteur Alain DREVAL : Strasbourg
Docteur Jean Michel DREYFUS : Lyon
Docteur Martine DUMONT : Le Mans
Docteur Charlotte DUPONT : Neuilly
Docteur Marine DURAND : Bondy
Docteur Solène DUROS : Rennes
Docteur Jean Claude EMPERAIRE : Bruges
Docteur Frida ENTEZAMI : Paris
Docteur Sylvie EPELBOIN : Paris
Docteur Jean Philippe ESTRADE : Marseille *
Docteur Marc EVEN : Paris
Professeur Renato FANCHIN : Clamart
Professeur Patricia FAUQUE : Dijon
Docteur Antoine FAYSSE : Lyon
Docteur FEGER ROSENTIEL : Schiltigheim
Professeur Hervé FERNANDEZ : Villejuif
Docteur Estelle FEYEREISEN : Paris
Docteur Astrid FINET : Rouen
Docteur Muriel FLIS TREVES : Paris
Docteur Bernard FONTY : Paris
Docteur Jean Pierre FRANQUEBALME : Marseille
Docteur Sandrine FRANTZ : Bordeaux *
Docteur Thomas FREOUR : Nantes
Professeur René FRYDMAN : Suresnes
Docteur Marc GABRIELE : St Pierre
Docteur Isabelle GALEREAU-DENIS Isabelle : Le Havre
Docteur Vanessa GALLOT : Clamart
Docteur Vanessa GAYET : Paris
Docteur Pierre GIACOMINI : Reims
Docteur Philippe GILLARD : Angers
Docteur Claude GIORGETTI : Marseille *
Docteur Amélie GLISSANT : Paris Docteur Anne Sophie GODEFROY : Villeurbanne
Docteur Héloïse GRONIER : Paris
Professeur Michael GRYNBERG : Bondy
Docteur Veronika GRZEGORCZYK : Rouen
Docteur Frédérique GUILLET-MAY : Nancy
Docteur Anne GUIVRAC’H LEVEQUE : Rennes
Docteur Brice GURRIET : Marseille *
Professeur Samir HAMAMAH : Montpellier
Docteur Ghada HATEM : St Denis
Docteur Gerard HELUIN : Nogent sur Marne
Docteur Charlene HERBEMONT : Bondy
Docteur Florence HERVE : Paris
Professeur Claude HOCKE : Bordeaux
Professeur Jean Noel HUGUES : Paris
Docteur Michel HUSS : Saint Etienne
Docteur Vincent IZARD : Villejuif
Professeur Clément JIMENEZ : Bordeaux
Docteur Franklin JOULIE : Nantes
Docteur Guy KERBRAT : Le Chesnay
Docteur Bertrand KEPPI : Clermont Ferrand
Docteur Laetitia LADUREAU-FRITSCH : Strasbourg
Docteur Frédéric LAMAZOU : Paris
Docteur Christophe LELAIDIER : Montpellier
Docteur Gérard LEBOEUF : Nancy
Docteur Nathalie LEDEE : Paris
Docteur Soizic LE PARCO : Paris
Docteur LETUR-KONIRSCH : Paris
Docteur Georges LEVY : Paris
Docteur Isabelle LICHTBLAU : Strasbourg
Docteur Flora MARZOUK : Paris
Docteur Perrine MASSART : Bondy
Docteur Nathalie MASSIN : Créteil
Docteur Marie Bénédicte MERCIER : Angers
Docteur Alexandra MESNER : Paris
Docteur Denise MOLINA GOMES : Poissy *
Docteur Catherine MORINIERE : Angers
Docteur Eve MULLER : Paris
Docteur Jean Michel MURAY : Pontoise
Docteur Charles NAHMANOVICI : Nice
Docteur Julien NIRO : Versailles
Professeur Israël NISAND : Strasbourg
Docteur Pierre OGER : Paris
Professeur François OLIVENNES : Paris
Docteur Pierre PANEL : Versailles
Docteur Pascale PANLOUP : Angers
Docteur Isabelle PARNEIX : Bruges
Docteur Jean PERETTI : Abymes
Docteur Sarah PEYRELEVADE : Suresnes
Docteur Claire PIETIN VIALLE : Creteil
Docteur Olivier PIRRELLO : Strasbourg
Professeur Pascal PIVER : Limoges
Docteur Khaled POKATE : Paris
Docteur Géraldine PORCU : Marseille
Docteur Marine POULAIN : Neuilly
Professeur POULY Jean Luc : Clermont Ferrand
Docteur Florence RAYMOND : Beaumont
Docteur Sandy RIVA : Paris
Professeur Nathalie RIVES : Rouen
Docteur Clémence ROCHE : Paris
Docteur Valérie ROGER : Marseille *
Docteur Catherine RONGIERES : Strasbourg
Docteur Julie ROSET : Rouen
Docteur Betty ROSSIN : Marseille
Professeur Bruno SALLE : Lyon
Docteur G. SARROT : Paris
Docteur Eric SEDBON : Paris
Docteur Martine SEIBERT : Mulhouse
Docteur Nathalie SERMONDADE : Bondy
Docteur Alice SEROKA : Bondy
Docteur Christophe SIFER : Bondy
Docteur Charlotte SONIGO : Bondy
Docteur Michèle SPIZOO : Strasbourg
Docteur Philippe TERRIOU : Marseille *
Docteur Jacques TEYSSEDRE : Toulouse
Docteur Charles TIBI : Neuilly
Docteur Meryl TOLEDANO : Paris
Docteur Pierre TOURAME : Marseille
Docteur Juan Felipe VELEZ DE LA CALLE : Brest
Professeur François VIALARD : Poissy
Professeur Yves VILLE : Paris
Docteur Claire VINOLAS : Bondy
Professeur Jean Philippe WOLF : Paris
Docteur Chadi YAZBECK : Paris
Docteur Pierre ZITOUN : Neuilly

Drame dans le drame, la situation particulière des femmes migrantes doit être mieux prise en compte

Dans l’afflux sans précédent de migrants qui arrivent en Europe, la part des femmes et des enfants ne cesse d’augmenter: elle a doublé, passant du quart à plus de la moitié des réfugiés depuis le début de l’année. De plus en plus nombreuses, ces femmes migrantes sont exposées à de terribles agressions physiques et psychologiques durant leur périple. L’Europe, qui s’est justement émue du drame du nouvel an de Cologne, ne saurait se désintéresser du sort de ces femmes, qui doivent bénéficier des mêmes droits fondamentaux que les citoyens de l’Union.

Les menaces qui pèsent sur les femmes réfugiées

Les rapports de terrain du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et d’Amnesty International font état de nombreuses violences sexuelles et sexistes commises contre ces femmes par des passeurs, des gardes de sécurité, des policiers ou encore d’autres réfugiés. Toutes les migrantes interrogées par Amnesty International ont dit s’être senties en danger, et beaucoup racontent s’être vues proposer de la nourriture, des habits ou des réductions en échange de relations sexuelles.

La pression psychologique qui pèse sur ces femmes est donc énorme. Outre le traumatisme qu’elles fuient, la peur du viol est tellement présente que certaines « se préparent » en prenant une contraception pour éviter toute grossesse non désirée. Quant aux femmes enceintes, elles évoquent le manque de nourriture et de services de santé essentiels, ou disent avoir été écrasées par des mouvements de foule aux frontières et aux points de transit.

Le peu -voire l’absence- de moyens à disposition de ces femmes pour signaler les agressions aux autorités laisse supposer que la grande majorité des violences sexuelles et sexistes infligées aux femmes réfugiées passent inaperçues. L’ONG La Strada souligne d’ailleurs que ces femmes sont souvent menacées de représailles par les hommes de leur propre famille si elles osent raconter leur agression. Al Jazeera a ainsi rapporté que le viol collectif de deux filles afghanes à la frontière serbo-hongroise n’avait été découvert qu’après une bagarre au cours de laquelle l’un des violeurs fut poignardé à mort.

Nivellement par le bas

Face à cet afflux migratoire sans précédent, certains Etats membres de l’Union européenne dégradent volontairement leurs conditions d’accueil pour dissuader les migrants de se présenter à leur frontière. Le député européen Guy Verhofstadt a ainsi évoqué le « nivellement par le bas entre les Etats européens, qui se livrent concurrence pour devenir le moins attrayant possible pour les migrants ».

Or certaines de ces « mesures repoussoir » mettent directement en danger les femmes et les enfants migrants. La très controversée règle de confiscation des biens des réfugiés adoptée par le Danemark a ainsi occulté une disposition plus grave encore: le retardement des regroupements familiaux. Ce retardement signifie que lorsqu’un père bénéficie du « statut de protection temporaire » au Danemark, sa famille peut devoir attendre dans une zone de conflit ou un camp de réfugié pendant trois ans avant de pouvoir le rejoindre!

Quelles solutions apporter?

Certaines mesures doivent être prises pour éviter ces violences. Premièrement, le HCR et Amnesty International indiquent qu’en raison du manque de sanitaires séparés pour les hommes et les femmes, beaucoup de femmes cessent de s’alimenter ou de boire pour ne pas devoir utiliser les toilettes, où des hommes pourraient les suivre et les regarder. Certaines femmes quittent même les camps pour dormir dehors, car elles s’y sentent plus en sécurité que dans un dortoir partagé avec des hommes étrangers. Des toilettes et dortoirs séparés seraient une première avancée -certes minimale- dans l’amélioration du sort de ces femmes.

Deuxièmement, les Etats membres doivent améliorer les mécanismes d’identification des violences sexuelles et sexistes, afin que ces dernières ne passent plus inaperçues et puissent être efficacement prévenues et sanctionnées. L’essentiel de ce travail d’identification est aujourd’hui réalisé par le HCR et les ONG telles qu’Amnesty International. Pour ce faire, les équipes d’agents déployées par les Etats membres doivent être spécifiquement formées et une meilleure parité homme-femme doit être assurée en leur sein. S’il y avait plus de femmes parmi ces fonctionnaires, les réfugiées auraient sans doute plus de facilités à se confier et à dénoncer les persécutions dont elles sont victimes.

Troisièmement, la lutte contre les violences faites aux femmes doit être pleinement intégrée dans les politiques migratoires et dans la réponse apportée à la crise des réfugiés. En particulier, les politiques de regroupement familial, de relocalisation ou de réinstallation doivent impérativement tenir compte de leurs conséquences particulières sur la sécurité des femmes et des enfants qui tentent de rallier l’Europe.

Nous devons également soutenir les initiatives telles que le rapport de la Commission des droits des femmes du Parlement européen sur la situation des réfugiées et des demandeuses d’asile dans l’Union européenne. Ce rapport propose notamment d’admettre que certains pays d’émigration ou de transit aujourd’hui considérés comme « sûrs » -c’est-à-dire vers lesquels les migrants sont systématiquement reconduits- peuvent l’être pour les hommes, mais pas pour les femmes. Il s’agirait d’un premier pas vers la reconnaissance de la situation spécifique des migrantes et des dangers auxquelles elles sont exposées.

Article publié sur: http://www.huffingtonpost.fr/fabrice-aubert/femmes-crise-migrants-international_b_9399888.html 

Auteurs:

Fabrice Aubert, Haut fonctionnaire, membre des think tanks progressistes Les Gracques et Bouger Les Lignes. 

Marika Andersen, Politologue, conseillère pour l’ONG norvégienne Bellona et co-fondatrice de EUPanelwatch.com

Brieuc Van Damme, Economiste, chef de cabinet adjoint de la Ministre belge des Affaires sociales et de la Santé publique