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Réinventer l’Europe, c’est notre responsabilité à tous !

Alors que Merkel, Hollande et Renzi se réunissent pour un sommet post-Brexit, un peu de politique-fiction pour sauver l’Europe.

Imaginons un instant. Nous sommes en 2026, les élèves de terminale du lycée de Shanghaï étudient le chapitre intitulé « L’effondrement de l’Europe » de leur manuel d’histoire contemporaine, dont voici un ­extrait :

« Inconscients de leur bonheur de vivre à l’abri d’un projet qui leur avait assuré pendant cinquante ans paix, démocratie, sécurité sociale et égalité des chances, les Européens se sont laissé gagner peu à peu par leurs vieux démons. La classe dirigeante a considéré la construction européenne comme un acquis. La preuve en fut l’indigence de beaucoup d’élus et de ministres, la médiocrité de l’exécutif européen, la bureaucratisation étouffante de la Commission. Au XXe siècle, un secrétaire d’Etat américain, Henry Kissinger, avait plaisanté en demandant : “L’Europe ? A qui dois-je téléphoner ?” Au XXIe siècle, aucun secrétaire d’Etat ne s’est plus jamais posé la question.

Le continent européen a connu des difficultés au début du XXIe siècle, alors qu’il lançait l’euro, sa monnaie commune. Les écarts de niveau économique entre les pays et l’incapacité de beaucoup d’entre eux à procéder aux réformes nécessaires n’ont pas permis d’atteindre un ensemble cohérent. Les asymétries de performance entre membres de l’Union ont créé une situation faisant de l’Allemagne, réunifiée depuis 1990, la puissance dominante, accumulant les excédents de balance des paiements.

Déséquilibrée économiquement, l’Union le fut aussi politiquement en intégrant trop vite, et sans consulter les peuples, un trop grand nombre de pays, qui diluèrent le projet européen : 28 membres par rapport aux 6 fondateurs, et une zone euro ne concernant qu’une partie d’entre eux. Là encore, les logiques d’influences nationales prirent le pas sur l’intérêt général.

En 2008, la mondialisation et les dérèglements financiers nés aux Etats-Unis précipitèrent une crise dont l’Union ne sortit qu’au prix d’une création monétaire qui, agissant comme une drogue, créa un phénomène d’accoutumance. En parallèle, des gouvernements sans vision firent de l’Europe un bouc émissaire, se faisant élire non pas pour la renforcer mais pour se protéger d’elle. Il est frappant de constater que seuls d’anciens leaders nés dans la première moitié du XXe siècle comme MM. Giscard d’Estain, Schmidt, Rocard, Fischer, Delors, Napolitano ou Cohn-Bendit, tentèrent – en vain – d’éveiller les consciences. L’échec de la Constitution européenne en 2005 en France et le succès croissant des partis populistes nationalistes furent autant d’avertissements. Tout se déclencha finalement il y a juste dix ans, avec la manœuvre politicienne d’un premier ministre britannique, M. Cameron, qui, pour faire taire les opposants de son parti, promit, s’il était réélu, un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union.

Il gagna les élections et perdit le référendum de 2016, à la surprise des bookmakers et de la City. Dès lors, l’Europe fut entraînée dans un engrenage fatal. Les Britanniques temporisèrent. Les élections américaines furent suivies d’une crise au sein de l’OTAN, les Etats-Unis refusant d’assumer leur part de la défense de l’Europe tandis qu’un nouvel axe entre la Turquie et la Russie affaiblissait l’organisation.

Partout des gouvernements fragiles furent déstabilisés par des partis protestataires. Des conflits sociaux de plus en plus violents, des confrontations communautaires exacerbées, la multiplication d’attentats terroristes, des faillites entraînant la ruine d’épargnants, créèrent un climat de peur et de colère qui rappela aux plus âgés celui des années 1930. S’en suivit une émigration massive des élites, à commencer par les jeunes générations, par- ties dans des proportions sans précédent poursuivre leurs études et mener leur vie sur d’autres continents.

L’explosion de la zone euro fut la conséquence logique de cette désagrégation, bientôt suivie par la sortie de l’Union des pays de l’Europe du Nord. L’accord commercial passé en 2025 entre la Chine et l’Amérique imposa ses nouveaux standards aux pays européens à leur détriment. Au moment où la Russie avance ses pions au Proche-Orient et dans les Balkans, qu’un accord de coopération scelle la rencontre entre M. Poutine et Mme LePen, tandis que l’Allemagne presse la France de lui céder sa place au Conseil de sécurité de l’ONU, on peut dire qu’un cycle s’achève et que l’Union européenne, comme toutes les grandes civilisations, était bien mortelle. »

PAS DE FATALITÉ

Fin de l’extrait prospectif. Il n’y a pas de fatalité à ce que nos enfants apprennent en 2026 leur cours d’histoire en ces termes. Mais ne nous plaignons pas de ce qui arrivera si nous ne prenons pas nos responsabilités. L’Europe, qui nous a offert paix et prospérité, se délite à cause de notre indifférence. C’est elle qu’il faut préserver, à n’importe quel prix. Le Brexit est un nouveau signal d’alarme. Cela signifie qu’entreprises comme citoyens, nous devons nous concentrer sur ce qui peut être fait pour la sauver. Réinventer l’Europe, quitte à rompre avec les égarements qui l’ont conduite à la situation actuelle. Retrouver un axe de confiance économique et politique prioritaire avec l’Allemagne et l’Italie, pour commencer. Et élire lors des prochaines échéances celles et ceux qui paraîtront le mieux à même de porter, au nom de la France et des fondateurs de l’Union, cette mission historique.

Article écrit par Bernard Spitz (président du pôle international et Europe du Medef), publié dans le Monde le 23 août 2016.

Article également publié dans le Corriere della Sera le 22 août 2016 – Reinventare l’Europa per impedire che crolli

Let the Leavers govern as best they can

Article rédigé par Janan Ganesh et publié dans le Financial Times le 27 juin 2016

The economy, the union and the promises made during the referendum campaign are theirs to safeguard

In the terminal days of his premiership, David Cameron told audiences that “Brits don’t quit”. Enemies used the line against him when he resigned last Friday but, really, both sides had it wrong. Since when is quitting always and everywhere a vice? Total commitment to something — a relationship, a job, a cause — in the face of all practical evidence is nobody’s idea of a life intelligently lived.

Pro-Europeans must learn to see the virtue in retreat. Spurred by the 48 per cent of voters on their side and the British impulse to make the best of things, they want to influence whatever settlement emerges between their country and Europe in the coming years. Conservative Remainers such as Theresa May, the home secretary, still have ambitions to lead their party. The Remain campaign aspires to live on as the liberal conscience of the more probable next prime minister — Boris Johnson — by encouraging his openness to markets and migration against more nativist competitors for his ear.

This is all very plucky, but so is turning up to work after you have been sacked. The British people have instructed their rulers to leave the EU. The execution of their will is the work of years and soul-sapping detail. It cannot be done by a prime minister who believes the instruction was foolish in the first place. It is awkward enough that the technical process of extrication will be managed by reluctant, deflated civil servants.

None of this is pleasing to say as a Remainer but it is no less true for that. Imagine our reaction if, having lost the referendum by a four-point margin, the other side invoked their hefty vote share to justify a prominent perch in the making of European policy with a view to loosening the terms of membership.

Democracy, like sport, is governed by a cruel clarity. Forty-eight per cent of votes does not entitle pro-Europeans to 48 per cent of their manifesto or 48 per cent of major ministries. Victory and defeat are more absolute than that, and not out of some misplaced machismo. It is for the sake of accountability that winners take all in our system.

That accountability is now everything. Leavers have won what was essentially a referendum and a general election all in one. They must be responsible for the country in the coming years. The economy, the union and the commitments made during the referendum campaign are all theirs to safeguard. A European settlement that simultaneously satisfies Brussels and the 52 per cent is theirs to negotiate.

In his column in The Telegraph on Monday, Mr Johnson sketched a model of exit that seems to entail “access” to the single market — whatever that means — without paying in, observing its laws or honouring free movement. He did not say whether he also intends to bake a pie and put it in the sky. Whatever the sceptics, lacking his Homeric largeness of vision, think of his plan to cajole sentient heads of government into letting Britain systematically undercut them in their own market, he is entitled to try. Those of us who misjudged his potential to win the referendum cannot dismiss his capacity to bring something worthwhile out of it.

But Leavers will understand one thing on taking control. Mr Cameron and George Osborne, his chancellor, did not sex up the official advice they received about the economic costs of exit. If anything, they sexed it down to avoid the charge of lurid alarmism that came anyway. The private dreads of people at the summit of the British state were worse than was ever let on. Unless they are taken with a sudden intellectual sunniness, it will remain the advice that Mr Johnson and his ally Michael Gove, justice secretary, hear as the new masters.

The advice may turn out to be wrong but, on the morning after the referendum, the two men wore the haunted look of jokers at an auction whose playfully exorbitant bid for a vase had just been accepted with a chilling smash of the gavel. They must now govern as well as they campaigned.

Ms May is a serious politician. Stephen Crabb, work and pensions secretary, understands the economically insecure Britain that voted to Leave. But unless we are to make a mockery of the referendum these politicians cannot lead the nation. For the sake of democracy and accountability, Leavers must be left to it, whatever it turns out to be.

Janan Ganesh

Face à l’inéluctable fragmentation européenne, proposons un Contrat de Souveraineté Européenne

Article de Christian Dargnat 

1/ De quoi le Brexit est le nom ?

C’est le nom du rejet d’une société ultra-libérale: quand les inégalités au sein d’une population sont ressenties comme insupportables par ceux qui sont censés « faire société », l’Histoire nous enseigne que le peuple rejette son mode d’organisation institutionnelle. Le vote anglais de cette semaine reflète le rejet tout autant du mode d’organisation des interactions entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni que celui de la répartition des richesse au sein de la société britannique: le clivage entre les votes des résidents londoniens et ceux des régions anglaises est symptomatique !

C’est le nom du clivage entre ceux qui souhaitent s’ouvrir au monde parce qu’ils en voient les opportunités et ceux qui se ferment à la mondialisation, synonyme de précarité additionnelle pour eux et/ou de remise en cause de leurs avantages acquis: les clivages sociologiques sont symptomatiques (« classes populaires / catégories sociales professionnelles + » et « jeunes / vieux »,…) !

C’est le nom de l’incapacité européenne à régler les conséquences de la crise déclenchée en 2008 et à renouer avec la croissance économique: le fait que l’Europe vient juste, en 2016, de recouvrer le niveau de PIB de 2008 alors que les autres zones régionales l’ont dépassé depuis plusieurs années est symptomatique !

C’est le nom de la divergence accrue des priorités nationales au sein même des pays de l’Union Européenne: les allemands et les anglais se préoccupent essentiellement de marché unique des biens et services, les français de bénéficier d’indulgences par rapport à son immobilisme réformatrice, les italiens de négocier avec Bruxelles le sort de son système bancaire sinistré, les pays d’Europe centrales et de l’Est de se protéger de la menace russe et les pays du Sud de la crise des réfugiés, …

C’est le nom de l’absence de projet européen: depuis quand les peuples se sont-ils vues proposer un projet mobilisateur ? Quelque soit le domaine – économique, culturel, défense, climatique,… – aucun projet n’a été formulé depuis la tétanie engendrée par les votes de rejet de 2005. Nous aurons vécu une décennie perdue pour l’Europe, empêtrée dans une succession de crises: financière, économique, grecque, migratoire et maintenant britannique…avant les prochaines si rien ne change …

C’est le nom de la faillite des élites et de leur rejet par des peuples qui nourrissent les montées du populisme et du nationalisme censés – faussement – leur redonner le pouvoir sur leur destin collectif: Cinque Stelle en Italie, Podemos en Espagne, UKIP au Royaume-Uni, FN en France, Trump aux Etats-Unis sont symptomatiques ! L’aveuglement des élites face à la survenance du Brexit et à l’impréparation d’un tel scénario sont également symptomatiques !

2/ De quoi le Brexit est porteur ?

Le Brexit est porteur d’instabilités pour le Royaume-Uni: la 5e puissance économique mondiale, stable institutionnellement depuis des siècles, ne l’est plus.
La Grande Bretagne peut devenir une Petite Bretagne dans les années à venir avec le départ possible de l’Ecosse (base de la force navale nucléaire britannique et 1/3 de son territoire !) et une reconstitution du paysage irlandais. « God save the Queen… »

Le Brexit est porteur d’incertitudes pour l’Europe avec la recrudescence probable des forces centrifuges européennes Ecosse, Catalogne, Padanie, … et l’accentuation des tensions financières européennes.
Non seulement les flux de capitaux du Reste du Monde vers l’Europe vont ralentir (avec une hausse de la prime de risques sur les actifs européens), mais la recherche de placements défensifs et sûrs se fera au détriment des pays européens dits périphériques (ie élargissement des écarts de taux entre les pays dits « core » et les autres déjà sous tensions).

Le Brexit va accentuer le caractère « bureaucratique » de l’Europe en monopolisant le fonctionnement de l’Union Européenne pendant les prochains trimestres.
La focalisation des services européens sur les négociations de sortie du Royaume-Uni empêchera l’avancée des autres dossiers européens. Le processus du désormais fameux Article 50 de la Constitution européenne prendra des années à aboutir, ne nous épargnant ni le ridicule (le Royaume-Uni est censé exercer la Présidence de l’UE à partir de juillet 2017), ni les coûts d’opportunités: pendant que nous réglons les modalités de cette sortie, le reste du monde avance…

Le Brexit accentue le basculement du centre de gravité du pouvoir au sein de l’Union Européenne vers l’Est et la prédominance allemande: depuis Ie XVIe siècle, la politique étrangère du Royaume-Uni a toujours été dominée par la recherche d’un équilibre européen qui empêche l’émergence d’une grande puissance sur le continent européen (chronologiquement avec l’Espagne, la France, la Russie, la Prusse puis Allemagne). De fait, si le Brexit n’occulte pas cette capacité au Royaume-Uni, il diminue considérablement sa marge de manœuvre politique dans un contexte européen caractérisé par une Allemagne puissante mais inerte politiquement, une France faible, et une Russie revancharde qui se réjouit de cette annonce de division européenne ,…

Le Brexit affaiblit l’Europe: géopolitiquement, économiquement et financièrement, l’Europe s’affaiblit elle-même avec le départ de la 5e puissance économique mondiale, 2e puissance maritime mondiale, 1ere place financière mondiale,…renforçant une image d’Etats nationaux incapables de résoudre leurs problèmes et d’une entité pan-européenne dysfonctionnante et impuissante …

Le Brexit encourage la montée du sentiment euro sceptique et renforce les thèses d’un repli sur soi, qu’il soit politique, économique ou culturel (nationalisme, défense identitaire, protectionnisme,…).

Le Brexit pèsera économiquement négativement sur la population britannique: facteurs récessifs renforcés par de moindres investissements, pertes d’emplois, dégradation de la note souveraine, incertitudes générées vont peser sur une économie qui patit d’un déficit de sa balance courante de 7% de son PIB: le Royaume-Uni a cruellement besoin du financement étranger…je ne doute pas un instant que les relations sino-britanniques vont se renforcer !

 

3/ Quelles orientations devons-nous prendre afin d’éviter l’échec générationnel du délitement européen, inévitable en cas de statu quo ?

Clore la parenthèse d’inertie décennale 2005 – 2016 en reprenant l’initiative à l’égard des peuples: compliqué, car il est probable qu’aujourd’hui le rejet à l’égard de ce que symbolise l’Europe institutionnelle est commun à tous les peuples européens, mais pourtant indispensable, sinon le rejet de l’idée européenne aboutira à la fin de l’Union européenne et à des conséquences dramatiques à terme: ne cessons pas de rappeler que les périodes de paix sur le Vieux Continent sont limitées dans l’Histoire !

Un débat démocratique destiné à préparer un projet de refondation européen est indispensable.
A cet égard, quand bien même nous ne l’avons pas souhaité, la sortie d’un partenaire britannique qui, durant 43 ans a exercé un rôle ambiguë dans la construction européenne, est une opportunité !

Remédier rapidement à la situation italienne qui est le prochain maillon faible de l’Union Européenne: l’économie italienne est complément bloquée par le poids que font peser les 20% de prêts « douteux » qui pèsent sur les bilans bancaires. Le transfert de ce poids des banques vers le budget national et le recours aux outils et solidarité européens sont inévitables, n’en déplaise aux thurifaires du « Bail In » .

Relancer la croissance européenne: l’excès d’épargne de l’Allemagne est devenu un problème aussi pénalisant pour la croissance européenne que l’absence de réformes en France ou le poids du chômage dans les pays du Sud de l’Europe. Un accord entre ces pays doit être recherché immédiatement sur un dosage de politique économique permettant à l’Europe de sortir de ce processus mortifère.

Cesser de désigner les Institutions politiques européennes comme la source de nos maux nationaux et européens alors que celle-ci réside essentiellement dans nos insuffisances nationales.

Face à l’inéluctabilité de la fragmentation européenne (les divergences stratégiques entre pays sont aujourd’hui trop importantes pour maintenir le statu quo), il est temps de proposer un Contrat de Souveraineté Européenne à ceux de nos partenaires qui le souhaitent, reposant sur les deux piliers indispensables et indissociables que sont le respect des principes de responsabilité et de solidarité. Si l’Europe veut demeurer un acteur maître de son destin sur la scène mondiale, la définition de sa puissance collective en matière budgétaire, énergétique et militaire et non plus seulement monétaire devient incontournable.

An astute online comment has some wondering whether Brexit may ever happen

Article original rédigé par Max Bearak, paru dans The Washington Post le 26 juin 2016

Sometimes, amid the I-told-you-so editorials and breathless think pieces that follow a major political event, the best take is actually in the comments section. Such is the case with a comment left by a user of the Guardian’s website under the name Teebs (as shown above), written in the aftermath of Britain’s Thursday vote to exit the European Union. The commenter has left many around the world, especially anxious « remain » voters, hopeful with his or her articulate, stir-the-pot observation — a mini-article in and of itself.

The speculative comment lays out a scenario under which Brexit might be averted. A redux of the argument goes like this:

British Prime Minster David Cameron had said that he would invoke Article 50 — which establishes a timetable for formally breaking up with the E.U. — if his country voted to leave the E.U. In fact, he’d said he would do it the morning after. Instead, in announcing his impending resignation, he may be trying to shield his legacy by passing the responsibility of triggering a potentially catastrophic Brexit to his successor.

Given that Cameron’s likely successors are Brexit supporters from within his party, one might think that they would simply go ahead and invoke Article 50, setting the E.U. pullout process in motion. But, as Teebs notes, these likely successors have been quite subdued in their remarks since the referendum — and some are nowhere to be found.

Boris Johnson, London’s former mayor and a favorite to succeed Cameron, has said that there is no need to trigger Article 50 right away. Other « Brexiteers » from within Cameron’s Conservative Party have simply avoided the question.

In other words, the consequences of Brexit are so stark and may hold such disastrous implications that Cameron’s successor might hold off on invoking Article 50. As Teebs puts it, « The enormity of that step started to sink in: the markets, Sterling, Scotland, the Irish border, the Gibraltar border, the frontier at Calais, the need to continue compliance with all EU regulations for a free market, re-issuing passports, Brits abroad, EU citizens in Britain, the mountain of legistlation to be torn up and rewritten … the list grew and grew. »

It doesn’t seem as if anyone is stepping up to that task yet.

Drame dans le drame, la situation particulière des femmes migrantes doit être mieux prise en compte

Dans l’afflux sans précédent de migrants qui arrivent en Europe, la part des femmes et des enfants ne cesse d’augmenter: elle a doublé, passant du quart à plus de la moitié des réfugiés depuis le début de l’année. De plus en plus nombreuses, ces femmes migrantes sont exposées à de terribles agressions physiques et psychologiques durant leur périple. L’Europe, qui s’est justement émue du drame du nouvel an de Cologne, ne saurait se désintéresser du sort de ces femmes, qui doivent bénéficier des mêmes droits fondamentaux que les citoyens de l’Union.

Les menaces qui pèsent sur les femmes réfugiées

Les rapports de terrain du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et d’Amnesty International font état de nombreuses violences sexuelles et sexistes commises contre ces femmes par des passeurs, des gardes de sécurité, des policiers ou encore d’autres réfugiés. Toutes les migrantes interrogées par Amnesty International ont dit s’être senties en danger, et beaucoup racontent s’être vues proposer de la nourriture, des habits ou des réductions en échange de relations sexuelles.

La pression psychologique qui pèse sur ces femmes est donc énorme. Outre le traumatisme qu’elles fuient, la peur du viol est tellement présente que certaines « se préparent » en prenant une contraception pour éviter toute grossesse non désirée. Quant aux femmes enceintes, elles évoquent le manque de nourriture et de services de santé essentiels, ou disent avoir été écrasées par des mouvements de foule aux frontières et aux points de transit.

Le peu -voire l’absence- de moyens à disposition de ces femmes pour signaler les agressions aux autorités laisse supposer que la grande majorité des violences sexuelles et sexistes infligées aux femmes réfugiées passent inaperçues. L’ONG La Strada souligne d’ailleurs que ces femmes sont souvent menacées de représailles par les hommes de leur propre famille si elles osent raconter leur agression. Al Jazeera a ainsi rapporté que le viol collectif de deux filles afghanes à la frontière serbo-hongroise n’avait été découvert qu’après une bagarre au cours de laquelle l’un des violeurs fut poignardé à mort.

Nivellement par le bas

Face à cet afflux migratoire sans précédent, certains Etats membres de l’Union européenne dégradent volontairement leurs conditions d’accueil pour dissuader les migrants de se présenter à leur frontière. Le député européen Guy Verhofstadt a ainsi évoqué le « nivellement par le bas entre les Etats européens, qui se livrent concurrence pour devenir le moins attrayant possible pour les migrants ».

Or certaines de ces « mesures repoussoir » mettent directement en danger les femmes et les enfants migrants. La très controversée règle de confiscation des biens des réfugiés adoptée par le Danemark a ainsi occulté une disposition plus grave encore: le retardement des regroupements familiaux. Ce retardement signifie que lorsqu’un père bénéficie du « statut de protection temporaire » au Danemark, sa famille peut devoir attendre dans une zone de conflit ou un camp de réfugié pendant trois ans avant de pouvoir le rejoindre!

Quelles solutions apporter?

Certaines mesures doivent être prises pour éviter ces violences. Premièrement, le HCR et Amnesty International indiquent qu’en raison du manque de sanitaires séparés pour les hommes et les femmes, beaucoup de femmes cessent de s’alimenter ou de boire pour ne pas devoir utiliser les toilettes, où des hommes pourraient les suivre et les regarder. Certaines femmes quittent même les camps pour dormir dehors, car elles s’y sentent plus en sécurité que dans un dortoir partagé avec des hommes étrangers. Des toilettes et dortoirs séparés seraient une première avancée -certes minimale- dans l’amélioration du sort de ces femmes.

Deuxièmement, les Etats membres doivent améliorer les mécanismes d’identification des violences sexuelles et sexistes, afin que ces dernières ne passent plus inaperçues et puissent être efficacement prévenues et sanctionnées. L’essentiel de ce travail d’identification est aujourd’hui réalisé par le HCR et les ONG telles qu’Amnesty International. Pour ce faire, les équipes d’agents déployées par les Etats membres doivent être spécifiquement formées et une meilleure parité homme-femme doit être assurée en leur sein. S’il y avait plus de femmes parmi ces fonctionnaires, les réfugiées auraient sans doute plus de facilités à se confier et à dénoncer les persécutions dont elles sont victimes.

Troisièmement, la lutte contre les violences faites aux femmes doit être pleinement intégrée dans les politiques migratoires et dans la réponse apportée à la crise des réfugiés. En particulier, les politiques de regroupement familial, de relocalisation ou de réinstallation doivent impérativement tenir compte de leurs conséquences particulières sur la sécurité des femmes et des enfants qui tentent de rallier l’Europe.

Nous devons également soutenir les initiatives telles que le rapport de la Commission des droits des femmes du Parlement européen sur la situation des réfugiées et des demandeuses d’asile dans l’Union européenne. Ce rapport propose notamment d’admettre que certains pays d’émigration ou de transit aujourd’hui considérés comme « sûrs » -c’est-à-dire vers lesquels les migrants sont systématiquement reconduits- peuvent l’être pour les hommes, mais pas pour les femmes. Il s’agirait d’un premier pas vers la reconnaissance de la situation spécifique des migrantes et des dangers auxquelles elles sont exposées.

Article publié sur: http://www.huffingtonpost.fr/fabrice-aubert/femmes-crise-migrants-international_b_9399888.html 

Auteurs:

Fabrice Aubert, Haut fonctionnaire, membre des think tanks progressistes Les Gracques et Bouger Les Lignes. 

Marika Andersen, Politologue, conseillère pour l’ONG norvégienne Bellona et co-fondatrice de EUPanelwatch.com

Brieuc Van Damme, Economiste, chef de cabinet adjoint de la Ministre belge des Affaires sociales et de la Santé publique