Le choix de l’Europe
Lettre ouverte aux institutions européennes, envoyée le 16 juillet à Ursula Von der Leyen, Roberta Metsola et Charles Michel.
Lettre à consulter ci-dessous dans sa version originale et traduction française.
Lettre ouverte aux institutions européennes, envoyée le 16 juillet à Ursula Von der Leyen, Roberta Metsola et Charles Michel.
Lettre à consulter ci-dessous dans sa version originale et traduction française.
Dans cette période particulière de l’histoire de notre pays et de l’Europe, les Gracques seront résolument aux côtés de ceux qui préservent l’unité du pays, sa prospérité économique, sa paix sociale, ses engagements européens ainsi que l’Etat de droit et le respect des valeurs républicaines.
Face au rassemblement national et aux menaces qui ont pu peser sur les droits et libertés fondamentaux ainsi que sur l’autorité judiciaire en charge de les garantir, nous espérons fermement, au-delà d’une dissolution malvenue, que s’engage désormais une dynamique sociale-démocrate débarrassée des haines et de ceux qui, par leur extrémisme, contribuent à les renforcer. Comme Keir Starmer a soulagé le Labour de l’infréquentable Jeremy Corbin, là est la voie sociale-libérale pour les jours d’après.
Pour y contribuer, nous travaillerons en vue de présenter ce qui ne sera plus seulement un programme tel “Le Manifeste de la dernière chance”, que nous avions publié fin 2021, même si faute d’avoir été suivies, ses propositions restent largement valables. Nous proposerons, comme l’ont fait en leur temps les concepteurs socio-démocrates anglais de la Troisième voie ou les rénovateurs du Parti Démocrate italien, un vrai projet politique : une ambition économique, sociale et environnementale pour le pays.
Ce projet n’esquivera pas les questions que posent les Français aux politiques sur le pouvoir d’achat, la sécurité, le logement, l’immigration, le respect de l’autre, la peur du déclassement… En somme, tout ce qui concerne le quotidien et qui, non traité, rendra inaudibles les messages sur le climat, l’IA, l’éducation, la compétitivité, la dette et les autre enjeux essentiels de long terme.
La crise, étymologiquement, signifie le moment de la décision. Que cette crise politique nous permette de décider d’un meilleur avenir commun, c’est notre espoir pour la France.
Les Gracques
Inscriptions en ligne.
« L’exigence de concorde« : les Gracques se joignent à Hakim El Karoui et soutiennent son appel à la concorde, contre la haine et la violence. Voici le lien pour consulter ce texte et le signer vous aussi.
Voici également notre sélection d’articles pour comprendre la guerre de Soukkot :
Pour les Gracques, think tank social-libéral, la réforme est indispensable, mais ne suffira pas. En outre, elle sacrifie les jeunes et n’abolit pas les privilèges.
A peine la réforme des retraites présentée, la France se prépare déjà à une nouvelle crise sociale dont notre pays est coutumier. L’ensemble de la gauche, l’extrême droite et les huit principaux syndicats sont vent debout contre un projet dont ils prétendent ne pas voir l’utilité.
Il y a déjà plus de trente ans, Michel Rocard écrivait dans son Livre blanc sur les retraites qu' »une démocratie comme la nôtre doit être capable de débattre à temps de ses problèmes et d’en traiter sereinement ». Il doit aujourd’hui se retourner dans sa tombe en regardant ce qui reste du Parti socialiste plaider pour un retour de l’âge légal de départ à 60 ans.
Article complet à lire dans Le Point.
« Le Président américain Abraham Lincoln avait conclu une réunion ainsi : « Sept oui, un non, les non l’emportent ». Emmanuel Macron a fait pareil en refusant, presque seul contre tous, de mettre le pays sous cloche une troisième fois. Il a eu dix fois raison.
1. Parce que ça n’est ni la première, ni la dernière pandémie que nous devons apprendre à gérer. Sans remonter à la grippe espagnole, les grippes asiatiques et de Hong Kong avaient autant tué en France à la fin des années 1950 et 1960 en proportion qu’aujourd’hui. Nos sociétés avaient affronté cette épreuve sans fermer les écoles, hystériser les médias ni arrêter l’économie. Le risque de pandémie fait désormais partie de la vie, assumons-le.
2. Parce que le choix collectif du tout confinement n’est pas probant. La Corée du Sud ou Taiwan s’en sont dispensés, avec succès. Le sacrifice de l’activité en France a conduit à des résultats sanitaires à peine meilleurs qu’en Suède où l’on n’a pas confiné.
3. Parce que l’essentiel des victimes sont les personnes âgées, fragiles ou malades, ce sont elles qu’une société solidaire doit protéger au maximum. En compensant leur perte de revenus intégralement quand ils ne peuvent plus travailler, en les vaccinant en premier et en les accompagnant à domicile ou en établissement pour leurs besoins domestiques et de santé. Les protéger donc, sans tout geler pour les autres.
4. Parce que c’est la peur de représailles judiciaires qui a inhibé les décideurs, au moment où ils sont au pied du mur de leurs responsabilités. Conséquence : on s’en remet à des médecins pour recommander voire endosser les décisions alors que c’est le rôle des politiques qui ont été élus pour cela.
5. Parce que l’administration n’achète ni ne distribue aussi bien que le privé avec lequel la collaboration est souvent difficile. Elle sait établir des procédures, contrôler ou interdire, au risque d’infantiliser, alors qu’en temps de crise ce sont bon sens, pragmatisme et humanité qui entraînent l’acceptabilité populaire, donc l’efficacité.
6. Parce que le facteur clé aux yeux des médecins est la peur de se retrouver avec des hôpitaux débordés par le nombre de malades par rapport aux lits d’accueil. Le plus urgent est donc de se mobiliser sur ce point. Des moyens supplémentaires et des lits en trop coûtent infiniment moins cher que la cessation de l’activité du pays.
7. Parce que fermer les activités dites « non essentielles » a été une erreur économique et culturelle. Le mot traduit l’incompréhension de ce qui fait l’âme de notre pays et affecte sa psychologie collective. Pourquoi interdire cinéma, théâtre, bibliothèques, musées, quand on peut aisément y espacer le public, bien plus qu’en avion ou en train ? On ne punit pas le bobo parisien, c’est la France qu’on brutalise, ce pays où le spectacle et la culture font partie de l’intimité des êtres. Pourquoi fermer petits commerces et grands magasins où la jauge est aisée à respecter ? Quant aux restaurants, au lieu de céder à la facilité d’une décision nationale, fixer des règles adaptées aux situations locales permettrait de travailler aux établissements disposant d’espace et d’indemniser complètement les autres.
8. Parce que le « quoi qu’il en coûte » doit se limiter à ce qui est nécessaire et utile pour l’avenir. Le soutien à l’économie a combiné l’action des banques avec bpifrance, l’Ademe, la Caisse des Dépôts. Laissons prendre leur risque aux entreprises privées qui ont su s’adapter ou se réinventer pour survivre, sans qu’on leur demande.
9. Parce qu’aujourd’hui, c’est la rapidité de la vaccination qui redonnera confiance. La priorité doit donc être donnée à développer la production, assurer la logistique et mobiliser tous les praticiens capables de faire l’injection à ceux qui la veulent, plutôt qu’à chercher à convaincre les autres qui ont le temps de changer d’avis.
10. Parce que les jeunes sont au premier rang des victimes. Eux qui sont les moins exposés au virus ont vu le confinement éteindre vie sociale, études, voyages, stages, petits boulots, apprentissage, emploi, relations familiales ; et leur laisser le fardeau d’une dette massive. Si la mobilisation doit être déclarée, c’est à leur égard. Le confinement à répétition est donc la plus douloureuse des réponses à la pandémie. Dix problèmes, autant de solutions : accepter la réalité, protéger les plus fragiles, appliquer les règles d’hygiène et les gestes barrières, faire coopérer public et privé, laisser la décision au politique, tenir compte des situations locales, accroître le nombre de lits, accélérer la vaccination, décélérer l’endettement et responsabiliser chacun. Dix principes pour redonner espoir au pays plutôt que l’enfoncer dans la dépression économique, psychologique et sociale. »
Bernard Spitz, à lire dans Les Echos
« Alors que la France s’est inquiétée de voir passer Carrefour dans le giron canadien, de peur que la souveraineté alimentaire soit menacée, l’Europe est chaque jour rendue plus vulnérable par une révolution numérique qui se fait sans elle.
Certains faits devraient pourtant tirer le signal d’alarme, et provoquer a minima le même sursaut. La veille de son départ, Donald Trump signait un décret pour faciliter la rétention de données des opérateurs de cloud américains. Plus tôt, le refus des géants du cloud d’héberger le réseau social Parler suffisait à le faire temporairement disparaître. En seulement quelques jours, 2021 nous rappelle combien la technologie est un élément clé de souveraineté.
Il est temps de réévaluer nos priorités, à un moment où la crise rend ces questions de souveraineté d’autant plus visibles. Car lorsqu’il faut se protéger, on ne peut souvent compter que sur soi-même. La crise sanitaire l’a montré : l’approvisionnement poussif en masques, tests, médicaments, respirateurs, et même vaccins, est symptomatique de la position de faiblesse de l’Europe dans les chaînes de production mondiales.
Le cloud, aspirateur de valeur
La crise a aussi révélé que la technologie constituait une nouvelle zone de vulnérabilité, alors que les mesures de distanciation faisaient exploser les usages numériques et renforçaient la place des mondes virtuels dans nos vies. Notre dépendance aux services, matériels et infrastructures technologiques américains et chinois s’est encore accentuée, creusant le retard du Vieux Continent qui n’a jamais aussi bien porté son nom aux yeux du reste du monde, pendant que les siens restaient fermés.
L’erreur serait de croire que l’ère digitale efface le rôle des Etats. Le nouvel internet qui se construit sur le cloud est aux antipodes de la vision utopiste d’un cyberespace décentralisé et pluraliste. Redoutablement efficace pour les entreprises comme les consommateurs, le cloud sous-tend la plupart de nos services et aspire la valeur, jusqu’à celle de nos objets connectés, dont l’intelligence est progressivement centralisée et partagée depuis les centres de données.
Cette valeur est captée et concentrée par quelques géants, dont aucun n’est européen. Le point commun d’Amazon, Google et Microsoft : faire partie du top 5 des plus grosses capitalisations boursières… et concentrer 70% du marché du cloud. Leurs homologues chinoises, Tencent et Alibaba, ne sont pas loin derrière. L’Europe est absente de la carte, si bien que lorsque l’Etat français cherche un service de cloud pour ses données de santé, elle s’adresse à Microsoft.
Investir et lever les freins
Les technologies dominantes se succèdent sans que jamais l’Europe n’en prenne le leadership. Pour cesser d’avoir toujours une révolution de retard, elle doit jouer dès aujourd’hui les batailles de demain, et investir massivement. L’effort est pour l’instant en-deçà des enjeux : en 2020, l’investissement dans la tech française (5 milliards d’euros) était cinq fois moins important que la collecte du seul livret A (26 milliards), tandis que le capital-risque européen levait trois fois moins de capitaux qu’aux Etats-Unis.
Les initiatives existent, il faut les accélérer. Et déverrouiller certains freins. Pour n’en citer qu’une poignée : la réglementation prudentielle des assureurs (Solvency II) et banquiers (Bâle III) qui pénalise encore trop lourdement l’investissement dans les entreprises non cotées ; les placements de long terme contrôlés par l’Etat, comme les fonds affectés à la garantie de la protection sociale, qui sont encore trop peu mobilisés ; les programmes d’investissement public qui donnent encore trop peu de chances aux entreprises innovantes.
A trop s’attacher aux attributs de notre puissance passée, qui file pourtant inexorablement entre nos doigts, on laisse passer notre chance pour l’avenir. Avec le risque que le mouvement Schumpétérien qui s’accélère ne laisse à l’Europe que la déstructuration, tandis que la création des éléments neufs se fait ailleurs : une véritable bombe à retardement politique, économique et sociale. »
Florian Giraud, vice-président de Shadow, dans Les Echos du 25 janvier 2021.
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Consultez ici notre rapport d’activité pour l’année 2020.
Une tribune d’Erik Orsenna, parue dans le JDD du 13 décembre 2020. https://www.lejdd.fr/Culture/exclusif-orsenna-interpelle-macron-sur-la-culture-cher-emmanuel-reviens-au-grand-louvre-4011864
« Souviens-toi, cher Emmanuel, monsieur le président.
Au soir de ta victoire, à qui avais tu choisi de dédier tes premiers pas, après cette longue marche qui t’avait conduit au pouvoir ? Au Grand Louvre.
Rappelle toi, tu avançais dans la nuit, ta première nuit de président .
Je ferme les yeux et je te revois car j’étais là.
Je ferme les yeux et j’entends les mots.
Louvre : l’œuvre et l’ouverture.
Grand Louvre, ouvrir grand.
Ouvrir grand la porte au possible.
Et je me disais, ce soir là, puis cette nuit là, je me disais : l’essentiel va revenir, l’élan, la confiance, le dépassement. Oui , l’essentiel est de retour. Vive ce joli mois de mai !
Car telle est la culture, sa raison d’être, depuis le premier dessin sur les parois d’une grotte, depuis la première musique issue d’une flûte taillée dans l’os d’un animal , le premier il était une fois : ouvrir. S’ouvrir pour se grandir.
Ce premier soir, tu ouvrais.
Et maintenant, jour après jour, on ferme .
Quel plus terrible symbole que cette ouverture du Panthéon à un écrivain, en même temps, en même temps que la clôture des librairies ?
Il se trouve, qu’occupant à l’Académie française, depuis maintenant vingt deux ans, le fauteuil de Pasteur, j’ai rencontré dans son Institut d’immenses savants qui m’ont appris des choses en médecine et en épidémies. Je serai donc le dernier à minimiser la crise sanitaire qui nous frappe.
Il se trouve qu’économiste, aussi économiste, je connais les chiffres : la culture est l’un des moteurs les plus dynamiques de notre économie.
De ces deux petits savoirs me viennent deux petites questions toutes simples : sur quelles études vous fondez vous, membres du Comité Scientifique, pour déclarer une foule non contagieuse dès lors qu’elle déferle dans un magasin, et d’autant moins dangereuse que le dit magasin est vaste ? Et pourquoi défendre, quoiqu’il en coûte, l’emploi partout, et se moquer du million d’autres hommes et d’autres femmes, les travailleurs de la Culture ?
La culture, le manque de culture , nous en voyons le résultat avec le désastre de nos enfants en mathématiques. Le virus s’éteindra. Notre déclin s’accélère.
Qui suis-je pour oser tutoyer ?
Qui suis je pour te parler ainsi ?
Un ami perd-t-il le statut d’ami quand son ami devient Président ?
Oui, qui suis je pour oser me permettre cette mise en garde ?
Cher Emmanuel, monsieur le président, reviens au Grand Louvre .
Pourquoi la culture? Aucune réponse n’est plus simple : au lieu de seulement consommer, toujours et encore consommer, la culture, c’est le chemin pour devenir plus grands, plus divers, plus vivants que nous mêmes.
Nous savons que ce maudit virus adore le froid.
Justement : la Culture, c’est la chaleur. La chaleur de l’humanité en nous.
La chaleur de tous tes jours auprès de Paul Ricoeur, le philosophe de la fraternité.
La chaleur et l’espérance de tes premières heures de président.
La chaleur du Grand Louvre.
La chaleur du possible.
Bon Noël, cher Emmanuel, monsieur le Président. »