Conclusion de la 5ème Université des Gracques

Nous tenons à remercier les 615 inscrits et les intervenants qui ont animé tout au long de cette journée les 4 tables rondes de cette 5ème Université des Gracques, introduite par Daniel Cohn-Bendit (voir son échange avec les étudiants de Sciences Po) et conclue par un grand discours du ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron (vidéos à venir sur le site des Gracques).

Extrait de son intervention:

Un remerciement tout particulier à la Péniche et aux étudiants de Sciences Po pour leur disponibilité et leur enthousiasme.

En attendant de retrouver sur le site des Gracques les diaporamas photos et les vidéos de la 5ème Université des Gracques, vous pouvez revivre la journée en consultant le live-tweet:


Université des Gracques: échange entre Daniel Cohn-Bendit et les étudiants de Sciences Po

Echange enregistré à Europe 1 entre Daniel Cohn-Bendit, la Péniche (journal de Sciences Po) et Europeans Now (association de Sciences Po), dans le cadre de la 5ème Université des Gracques du samedi 21 novembre 2015. 

Suivez le live-tweet de l’Université sur le site des Gracques et #gracques
 
 

Message de Daniel Cohn-Bendit: ouverture de la 5ème Université des Gracques

Message vidéo de Daniel Cohn-Bendit pour l’ouverture de la 5ème Université des Gracques du samedi 21 novembre 2015. «  »Se confronter, écouter, remettre en question. »

Suivez le live-tweet de l’Université sur le site des Gracques et #gracques
 
 

Reprendre confiance

Reprendre confiance

La cinquième Université des Gracques devait-elle se tenir comme prévu ce samedi 21 novembre,  8 jours après la folie meurtrière qui a ensanglanté Paris ?

Nous nous sommes posés la question et avons interrogé les jeunes étudiants de Sciences-po avec qui ont été préparés les débats. Ce sont eux qui nous ont convaincus qu’il fallait aller de l’avant. Que renoncer serait, en quelque sorte, céder à nos agresseurs ; qu’il y avait un besoin urgent de parler et d’échanger ;  que lorsque la démocratie est attaquée, rien n’est plus important que de préserver la qualité du débat public.

Voilà pourquoi l’Université des Gracques se tiendra bien le 21 novembre, dans l’enceinte dédiée à la société civile, le Conseil Economique, Social et Environnemental.

Le thème qui avait été choisi «  Reprendre confiance » sonne étrangement, au moment où nous sommes attaqués par des agresseurs qui visent précisément à nous abattre et à nous diviser. C’est pourtant bien de cela qu’il s’agira, au cours des différentes tables rondes. Confiance entre générations, avec une réflexion autour de la place de la jeunesse dans la société française. Confiance en l’Europe pour nous permettre de relever les défis de toute nature qui nous attendent au XXIè siècle, à commencer par celui de la sécurité. Confiance économique, ce qui suppose de réinventer les voies et moyens pour sortir d’un système qui trouve son équilibre dans un chômage de masse. Confiance politique enfin, un mois avant les régionales, un an et demie avant l’élection présidentielle, ce qui appelle à des changements profonds et ouvre notamment l’hypothèse d’un gouvernement de coalition.

C’est de tout cela qu’il sera question samedi. C’est pour faire bouger les lignes de la société française et moderniser le logiciel politique de la gauche de gouvernement que se sont engagés les Gracques depuis 2007. Nous continuerons de plaider inlassablement pour la réforme comme pour ceux qui tentent de la mener à bien en France et en Europe. Comme nous plaiderons aussi pour que le peuple des « outsiders », des jeunes, des chômeurs qui aspirent à travailler, des entrepreneurs, des créateurs, des minorités, retrouve le droit d’être représenté, la dignité de l’emploi et l’espoir de l’ascenseur social. Tout doit être mis en œuvre pour que l’extraordinaire capacité d’adaptation et d’innovation qui existe dans notre pays profite à chacun au lieu que d’être étouffée sous le poids du passé, de la dette, des corporatismes, de l’indifférence d’un monde ancien qui veut que rien ne change ou des peurs que nos adversaires veulent installer.

Sortir de la défiance qui paralyse, susciter la confiance qui permettra de réformer vraiment, voilà le programme de la cinquième université des Gracques, le samedi 21 novembre prochain au CESE : Introduite par Daniel Cohn-Bendit, conclue par Emmanuel Macron.  Avec les associations étudiantes de sciences-po, Yann Algan, Frank Annese, Gilles Babinet, Franco Bassanini, Rachid Benzine, Pervenche Bérès, Jean-Francois Borloo, Ryad Boulanouar, Sharan Burrow, Roland Cayrol, Gerard Collomb, Emmanuelle Duez, Hakim El Karoui, Guillem Gervilla, Sylvie Goulard, François Heisbourg, Gilles Kepel, Alexandre Lacroix , Enrico Letta,  Ana  Palacio, Robert Rochefort , Agnès Verdier Molinié,… 

Programme Université des Gracques au 20.11.2015 (format .pdf)

Pour en savoir plus : www.lesgracques.fr.

Entrée libre sous réserve d’inscription en ligne préalable

Université des Gracques le samedi 21 novembre 2015

5ème Université des Gracques

Samedi 21 novembre 2015  au Conseil Economique Social et Environnemental

Pour des raisons de sécurité, l’Université des Gracques ne pourra se tenir comme initialement prévu à Sciences Po. Elle aura toutefois bel et bien lieu ce samedi 21 novembre au Conseil Economique Social et Environnemental, situé 9 place d’Iéna – 75 016 PARIS.

Programme Université des Gracques au 20.11.2015 (format .pdf)

 

Le nombre de places disponibles étant limité, nous vous invitons dès à présent à vous inscrire à l’événement ici et de vous munir pour l’accès le jour de l’Université d’une pièce d’identité valide.

Inscrivez-vous dès aujourd’hui!

 

PROGRAMME DE L’UNIVERSITE AU 20.11.2015

Programme Université des Gracques au 20.11.2015 (format .pdf)

8h00 : Accueil des participants

 

OUVERTURE DES DEBATS

9h00 : Ouverture de Bernard Spitz, président des Gracques

 

PREMIERE PARTIE

9h05 – 9h30 : Introduction vidéo de Daniel Cohn-Bendit, suivie d’un échange entre lui et les représentants de deux associations de Sciences Po, Europeans Now Sciences Po et La Péniche

9h30 – 11h : 1ère table ronde : « France, quel avenir pour ta jeunesse ? »

Intervention de La Péniche, journal étudiant de Sciences Po

Animation Marie-Laure Sauty de Chalon, PDG de Auféminin.com

  • Yann Algan*, professeur d’économie, doyen de l’Ecole d’Affaires Publiques de Sciences Po
  • Gilles Babinet, digital Champion de la France auprès de la Commission européenne
  • Rachid Benzine, islamologue, chercheur associé à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence
  • Emmanuelle Duez, cofondatrice du Boson Project, présidente de WoMen’Up
  • Hakim El Karoui, fondateur du Club XXIe siècle pour la diversité
  • Alexandre Lacroix, écrivain, directeur de la rédaction de Philosophie Magazine, enseignant à Sciences Po Paris
  • Répondant : l’association Noise, La Ville

11h – 11h15 : Pause

 

DEUXIEME PARTIE

11h15 – 11h20 : Intervention de La Péniche, journal étudiant de Sciences Po

11h20 – 13h : 2ème table ronde : « L’Europe face à ses peurs »

Animation Pascal Blanchard, historien, chercheur au Laboratoire Communication et Politique du CNRS, codirecteur du groupe de recherche Achac

  • Franco Bassanini, président de la CDP Reti, conseiller spécial de Matteo Renzi  président du Conseil des ministres italiens
  • Pervenche Berès, présidente de la Délégation socialiste française et députée européenne
  • Guillem Gervilla, président des Jeunes Réformistes Républicains, co-organisateur des Etats Généraux de la Jeunesse 2016
  • François Heisbourg, président de l’International Institute of Strategic Studies, conseiller spécial de la Fondation pour la recherche stratégique
  • Ana Palacio, membre du Conseil d’Etat espagnol, ancien ministre des Affaires étrangères d’Espagne
  • Répondant : l’association Europeans Now Sciences Po

TROISIEME PARTIE

14h20 – 14h25 : Intervention de La Péniche, journal étudiant de Sciences Po

14h25 – 14h35 : Keynote Speech de Gilles Kepel*, politologue, professeur des universités à Sciences Po

14h35 – 14h45 : Introduction du débat par Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération Internationale des Syndicats

14h45 – 16h : 3ème table ronde : « Remettre en marche l’ascenseur social »

Animation Emmanuelle Wargon, ancienne Déléguée générale à l’emploi et à la formation professionnelle, directrice générale affaires publiques et communication chez Danone

  • Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération Internationale des Syndicats
  • Ryad Boulanouar, créateur du compte-nickel
  • Jean-Baptiste de Foucauld, ancien commissaire au plan, cofondateur de l’association “Solidarités nouvelles face au chômage”
  • Carlotta de Franceschi,  présidente d’Action Institute et ancienne conseillère de Matteo Renzi
  • Agnès Verdier Molinié, directrice générale de l’IFRAP
  • Répondant : l’association Parti Socialiste de Sciences Po

16h – 16h15 : Pause

 

QUATRIEME PARTIE

16h15 – 17h30 : 4ème table ronde – « Politique : le temps des ruptures ? »

Intervention de La Péniche, journal étudiant de Sciences Po

Animation Roland Cayrol, directeur de recherche associé, Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF)

  • Jean-Louis Borloo, ancien ministre et ancien Président de l’UDI, président de la fondation « Energies pour l’Afrique »
  • Gérard Collomb, sénateur, Maire de Lyon
  • Enrico Letta, ancien premier ministre italien, doyen de l’École des Affaires internationales de Sciences Po (PSIA)
  • Robert Rochefort, vice-président du Modem, Député Européen
  • Répondant : l’association UDI Sciences Po

 

CONCLUSION DE LA JOURNEE

17h30 – 18h15 : Intervention d’Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique – suivie d’un échange avec la salle

Assemblée générale des Gracques

L’assemblée générale aura lieu samedi 25 mai à 10h du matin. Nous invitons tous les membres à se joindre à nous. Si vous souhaitez vous inscrire, veuillez nous contacter à aggracques@gmail.com (nous vous indiquerons le lieu).

Les débats sont ouverts à tous, toutefois pour pouvoir participer au vote, il faudra que les membres soient à jour de cotisation, qu’il sera possible d’acquitter sur place.

Les Gracques

Les Gracques aux EGR

Aujourd’hui et demain se tiennent les Etats généraux de la République à Grenoble, organisés par Libération en partenariat avec de nombreux think tanks. Les Gracques y seront représentés dans plusieurs tables rondes.

Vous pouvez retrouver le programme ici:

http://www.mc2grenoble.fr/saisons/2012-2013/20130128-programme-etats-generaux-de-la-republique.pdf

Les Gracques sur Twitter

Chers amis,

Les Gracques s’expriment désormais sur Twitter. Retrouvez leur actualité en temps réel en devenant « follower » du compte @LesGracques.

Une université d’été réussie

L’Université d’été des Gracques s’est tenue samedi 30 juin au Théâtre de Villette. La journée a été riche d’interventions remarquables. En particulier, les éclairages proposés par les panélistes étrangers (Kemal Dervis, Ana Palacio, Franco Bassanini, Rushanara Ali, John Evans, Gil Rémillard, Enrico Letta et Bozidar Djelic) ont donné aux débats sur la crise une profondeur de champ et un précieux recul.

La brillante synthèse de Lionel Zinsou sur la compétitivité européenne, les échanges de Daniel Cohen et Guillaume Hannezo, le dynamisme de Pierre Vilpoux, les analyses de Jean-Claude Mailly et bien sûr les propos conclusifs de Michel Sapin ont également contribué à cette réussite.

Les Gracques souhaitent remercier à nouveau l’ensemble des invités, des modérateurs et du public pour leur participation à cette université d’été, dont les actes et les vidéos vous seront bientôt proposés sur le site.

universite ete 2012-2

 

Un autre monde…Discours inaugural de l’Université d’été par Bernard SPITZ

Un autre monde…

Je me souviens, il y a 5 ans, de notre première université d’été, dans ce beau théâtre de la Villette!  L’image que j’en ai gardée, c’est  celle d’un jour parfait avec des débats spontanés, de la vie, de l’envie. Nous avions des visiteurs de marque qui nous disaient que la gauche était défaite, oui, mais qu’elle pouvait se réinventer. Qu’elle devait le faire. Il y avait la gauche italienne qui tentait de se recomposer avec Francesco Rutelli, il y avait Peter Mandelson et bien d’autres…

Bernard Spitz - Université d'été 2012

C’est Antony Giddens qui avait fait le discours inaugural. Il nous avait dit: la voie sociale démocrate est la bonne, à condition de la réinventer. Parce que si nos valeurs sont intactes, si notre envie d’égalité, de solidarité, de justice, demeurent, le monde dans lequel nous vivons a changé.  Il s’est numérisé, il s’est élargi, il s’est démographiquement déplacé. Cela signifie que les postulats de la social-démocratie traditionnelle sont dépassés, que nous sommes en train de nous projeter dans autre chose, une sorte de post social-démocratie qu’il nous faut inventer et assumer. Ce sera l’occasion de notre premier débat de la journée, un débat essentiel puisqu’il pose le cadre intellectuel, en terme de philosophie politique de ce que nous poursuivons. Et je suis heureux pour en parler que nos grands témoins des deuxième et troisième Université, Marcel Gauchet et Kamel Dervis soient avec nous, ainsi qu’Hubert Védrine fidèle lui aussi de nos travaux depuis le début.

Nous vivons déjà dans un autre monde…

Le monde s’est numérisé. Il a  changé avec les nouvelles technologies qui font que le vécu au travail se transforme, dans son exécution, dans sa localisation, dans sa pénibilité, etc… Les besoins et les méthodes de formation ont changé, ce qui conduit à réviser nos rythmes scolaires comme les contenus. Le monde a aussi évidemment changé dans son rapport à l’environnement, à la consommation, à la conception de l’espace urbain et à l’information, pour le meilleur et pour le pire.

Le monde s’est élargi. Avec le passage du G7 au G20, c’est à dire un monde où les pays du Sud ne sont plus forcément ni les plus pauvres, ni les moins avancés, ni les moins stables. Les Brics nous saluent bien; et surtout ils nous prêtent. Car nous vivons, nous Français tout particulièrement, à crédit; et ce sont largement eux qui nous assurent nos fins de mois. Ils regardent notre incapacité à gérer nos affaires en Europe et nous jugent sévèrement. Car ce monde élargi tourne désormais économiquement avec nous, souvent indépendamment de nous,  et parfois sans nous. Les émergents n’ont pas l’impression que le centre de gravité du monde soit en Europe et ils n’attendent plus de savoir ce que nous Français pouvons penser. Leur vie est ailleurs.

Notre monde a aussi une nouvelle géographie des âges. Les pionniers de l’Union européenne y représentent un îlot âgé dans un monde jeune. Et  dans un pays comme le nôtre,  le vieillissement vient bouleverser les idées préconçues : on ne peut plus parler de répartition dans un pays qui a plus d’inactifs que d’actifs comme l’on en parlait il y a 30 ans, quand c’était le contraire. Il va bien falloir parler d’épargne, c’est à dire de capitalisation pour mutualiser  l’effort dans le temps. Et envisager des scénarios économiques neufs en matière de protection sociale. Cela a beaucoup de conséquences, la première étant de nous inciter à arrêter de favoriser les personnes âgées au détriment des jeunes générations, comme on le fait depuis 40 ans. Or les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses et ce sont celles qui votent le plus. Voilà qui promet de beaux dilemmes politiques…

Dans ce monde en mouvement, la France a- t-elle changé? La gauche, qui a gagné comme jamais sous la cinquième république, en est où de cette mutation vers la post social-démocratie dont parlait Giddens? Et comment va-t-elle se comporter à l’épreuve du changement : c’est à dire face à la nécessité à la fois de permettre à l’Europe de franchir un cap dramatique, puisque c’est son existence qui est en jeu ; et de conduire les réformes qui permettront à la France de réussir son désendettement et son regain de compétitivité, sans sacrifier ni la croissance ni la protection sociale. Voilà les questions clés, ce sont celles qui marqueront nos débats au fil de cette journée.

Qu’est ce qui a changé en France ,depuis? Dans notre livre, nous disions l’université, essentiellement. Sur les retraites, il fallait bouger mais pas comme ça puisque la réforme des régimes spéciaux est de type grec, elle coûte encore plus cher après qu’avant; et que le débat sur l’âge de la retraite à été pris en otage par la volonté de cliver plutôt que de négocier les solutions. Pour le reste, inutile d’épiloguer : les agences de notation ont sanctionné nos dérives et le peuple français a tranché.  Le résultat c’est que c’est qu’il nous revient de faire en sorte aujourd’hui que cesse  » ce qui ne peut plus durer »

Ce titre vient d’une réflexion de Malraux dans un texte intitulé le Triangle Noir et qui fait le lien entre Laclos, Goya et Saint-Just : un écrivain, un peintre et un homme politique qui expriment, à un moment donné, chacun à leur façon, que l’ordre ancien doit plier ; que nous en sommes arrivés à l’un de ces moments dans l’histoire où le monde bascule parce que chacun en arrive au constat que « cela ne peut plus durer ». Nous nous y sommes risqués,  en partant de ce qui nous a semblé une évidence : que la société française est arrivée à un point où elle attend d’abord du respect de ses dirigeants et de l’exemplarité de la part de ses élites. Ce sont nos deux premiers chapitres! Et de ce point de vue, nous nous retrouvons dans ce qui a été accompli.

Reste la suite. Et donc des révisions dans pas mal de domaines où les Gracques ne disent pas toujours ce qu’il est traditionnel de soutenir à gauche. Nous défendons  la création de richesses et la compétitivité des entreprises ; ce qui nous éloigne des politiques de subventions à court terme qui calment la douleur mais coûtent cher et surtout retardent voire condamnent  la modernisation. Nous encourageons l’imposition sur l’héritage et la réforme du quotient familial parce que ce sont des mesures justes,  mais nous défendons l’épargne et donc les revenus du capital, tout simplement parce que la croissance a besoin de financer les investissements et que nous devons  pour cela encourager les investisseurs.  Nous  soutenons une politique de production en France mais en laissant l’état à distance et en  dénonçant  les monopoles et les situations de rentes, a fortiori quand elles sont financées par le contribuable. Nous appelons de nos vœux  une vraie réforme de l’Etat qui se traduise par de réelles économies et un meilleur service rendu au pays, et  nous allons défendre pour cela des réformes structurelles dans l’éducation, la santé, les transports, le logement….

En disant cela, allons nous choquer ?  On peut espérer que non. Parce que la gauche a muri  et que l’élection de François Hollande change la donne. François Hollande était l’invité d’honneur de notre avant dernière université d’été.  Ceux qui étaient là, boulevard Malesherbes, se rappellent que nous avions été frappés par sa détermination et par la réflexion qu’il avait engagée,  qui n’était  plus celle du premier secrétaire du PS: « Nous avons trop misé sur la demande disait-il notamment, il nous faut réinventer un discours de gauche qui fasse toute sa place à une approche par l’offre ». Il était alors déjà à  sa façon, avec son histoire, sur la voie que nous qualifions de post social-démocrate.

Bien conduire le changement est d’une immense importance, tant les périls sont nombreux. Il suffit de compter le nombre impressionnant d’articles qui font référence à la crise des années 30, pour se convaincre de la gravité de la situation. Le front de l’euro est fragile. Derrière, ce sont toutes les économies européennes et même mondiales qui sont menacées. Nous écrivions dans un article du Monde intitulé « La bourse ou la vie  » en 2008 : « vous avez aimé la faillite des banques? Si rien n’est fait, dans quelques temps, nous aurons rendez-vous la faillite des États  » Oui , les États font faillite, la Grèce en est d’ailleurs à sa quatrième en 150 ans. Sauf qu’en 2008 Il a suffi qu’une banque tombe pour que la finance mondiale vacille. Après la Grèce, à qui le tour ? Que se passera t-il si les dominos ont la taille des états?

C’est de tout cela que nous allons parler aujourd’hui, sans tabous ni fausse naÏveté; en mettant au service de l’intérêt général à la fois ce que nous savons de la chose publique ; et ce que nous avons appris du monde privé, de l’entreprise, du monde réel où existe ce mot qui ne nous inspire ni peur, ni fascination, qu’est le marché.

Nous allons donc d’abord parler de la post social-démocratie, ce qu’elle implique comme révision politique en France et par rapport au vaste monde. Après, nous allons débattre de la crise économique, celle qui nous fait danser au dessous du volcan. Et puis nous parlerons de croissance, comment la susciter, avec des hommes d’entreprises et des regards amicaux venus d’ailleurs. Ensuite, nous traiterons  de la réalité sociale et de la façon de concilier le besoin de protection et les nouvelles aspirations de la société  avec ce monde qui change. Et enfin, nous conclurons par l’approche politique, en quelque sorte la synthèse opérationnelle : comment fait-on et quel projet la gauche doit-elle aujourd’hui défendre, en France et au-delà; bref, l’objectif et la méthode.

Un grand merci à tous ceux qui se sont donnés du mal pour organiser cette 4 eme université : à Marie, qu’on embrasse. À Jacques Galvani, notre secrétaire général qui animera le débat de cet après midi sur la production. À nos vice présidents Roger Godino et Dominique Villemot qui symbolisent si bien par leur engagement personnel comme professionnel notre fidélité à une certaine idée de la gauche. À toute l’équipe des fondateurs, c’est à dire les jeunes vétérans qui seront les animateurs des table-rondes: Gilles de Margerie, Philippe Tibi , Marie-Laure Sauty de Chalon. Merci à l’équipe des jeunes, qui veillent sur notre site et sur nos débats. Un message amical à ceux qui sont aujourd’hui dans les cabinets, qui bossent. Et un grand merci à nos invités, des vrais fidèles des Gracques: spécialement  à nos invités étrangers et aux ministres qui, malgré leur agenda, ont choisi d’être avec nous. Et puis merci à vous tous d’être venus, parfois de loin. Il y a beaucoup de choses passionnantes à faire un samedi à Paris et de théâtres qui offrent des spectacles plus divertissants. Merci à vous qui avez choisi d’être ici.

Si vous êtes là, c’est parce que vous  savez que la victoire de François Hollande et le résultat  des législatives ne marquent que le signal d’un départ. Le chemin va être long.  Notre rôle n’est plus de contribuer à la victoire de la gauche. C’est fait et les Gracques espèrent que la petite musique que nous avons jouée  a pu y contribuer, aussi modestement cela fût-il. Notre rôle maintenant est de faire que cette victoire soit, non pas un moment entre deux moments, mais l’amorce d’une mutation, à la fois douce et profonde. Nous pensons en effet que l’avènement d’une post social démocratie française est l’enjeu de la nouvelle mandature.

Nous pouvons et nous voulons être un laboratoire de ces idées – là. Au service d’une gauche progressiste et européenne a qui revient le destin historique de faire passer la France de l’avant Bad-Godesberg à l’après Los Cabos : un autre monde…

Le moment post social démocrate est arrivé. Les Gracques continuent !