Sommet des réformistes européens 2016 – photos
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Cette manifestation exceptionnelle réunira une centaines de personnalités européennes et internationales à l’invitation de think tanks français, allemand, anglais et italien : politiques, chefs d’entreprises, maires de grandes villes, représentants du monde syndical et de la société civile, économistes et intellectuels, toutes générations confondues, débattront lors de trois ateliers et se saisiront de problématiques majeures pour l’avenir de nos sociétés.
Alors que le Brexit fait peser le risque d’une dislocation de l’Union Européenne, le premier atelier intitulé « open societies » interrogera l’identité européenne, qui semble aujourd’hui attaquée de toute part : comment assurer à tous une protection sociale de haut niveau dans un monde mondialisé et multiforme, comment défendre le continent face au terrorisme et à l’émergence de nouvelles radicalités, comment faire face à la crise migratoire.
Un second atelier – « open economics » – tentera de comprendre pourquoi l’Europe est aujourd’hui l’une des zones du monde où la croissance est la plus faible et comment des politiques macroéconomiques mais aussi de soutien à l’innovation peuvent y remédier.
Au cours d’un troisième atelier l’après-midi, sera évoquée la question démocratique – « open politics » –, avec la nécessité d’inventer de nouvelles alliances et des formes inédites d’expression des citoyens pour faire face à la montée des populismes.
À 16h, une restitution publique des travaux sera organisée. Après une introduction de Gérard Collomb, Maire de Lyon, puis une intervention des représentants des thinks tanks, les présidents d’ateliers – Enrico Letta, ancien président du conseil italien, Lionel Zinsou, ancien Premier Ministre du Bénin et Pascal Lamy, ancien directeur de l’OMC – viendront présenter les conclusions des débats. Cet échange sera clôturé par les prises de parole de Sylvie Goulard, députée européenne, Jean-Louis Borloo, Président Fondateur de l’UDI, Président de la Fondation énergies pour l’Afrique, Ana Palacio, ancienne ministre des affaires étrangères espagnole, Emmanuel Macron, ancien ministre de l’Economie, Président d’En Marche, et Claudio de Vincenti, Secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil des Ministres italien.
Prenons l’exemple le plus scandaleux des dernières décennies : le chômage massif de nos jeunes. Rien de plus frustrant pour la société, de plus mauvais pour l’économie, de plus désespérant pour le corps social. La solution est sous nos yeux, en Allemagne : l’apprentissage. Là-bas, chaque année, il y a trois fois plus d’apprentis formés qu’en France, pour trois fois moins cher avec, pour résultat, trois fois moins de chômeurs dans la jeunesse : 8 % contre plus de 25 % chez nous !
Tous nos candidats le savent. Tous n’ont pas de mots assez doux pour vanter ses mérites. Le problème, c’est que ce discours vertueux est servi depuis vingt ans et que rien n’évolue. La situation a même plutôt empiré car les réglementations changent tous les ans, tandis qu’en Allemagne il n’y a eu qu’une réforme depuis 1969.
Quel est le problème ? En Allemagne, l’apprentissage est une voie noble. Il forme aussi bien à des postes manuels qu’à des métiers d’ingénieurs. Il n’est pas rare de rencontrer des dirigeants d’entreprise qui en sont issus. En Suisse, sur les sept ministres de la Fédération, certains sont d’anciens apprentis. Rien à voir avec la voie de garage à laquelle est assimilé l’apprentissage en France. Non sans raison, malheureusement, parce que cette filière est mal conçue, porte souvent sur des formations sans débouché, pour des élèves qui n’ont aucune envie de l’orientation qu’on leur donne. On arrive ainsi à des taux d’échecs qui viennent grossir les rangs des 160 000 jeunes sortant sans qualification, chaque année, de notre système scolaire.
Y aurait-il une fatalité ? Non. Tout repose sur la question de savoir qui décide de la filière, des programmes, des recrutements. En Allemagne, c’est l’entreprise. Car c’est elle qui connaît les qualifications dont elle a besoin, aujourd’hui et plus encore demain. C’est elle qui recrute les jeunes candidats, marquant ainsi l’envie partagée de faire un bout de chemin ensemble. C’est elle qui décide l’ouverture des classes de lycées professionnels. Et c’est elle qui met sa réputation en jeu dans la formation qu’elle apporte à ses apprentis, en même temps qu’elle investit sur celle de ses futurs cadres. En France, l’entreprise est périphérique au système : elle paye – plus qu’en Allemagne – mais reste un acteur passif par rapport à l’Éducation nationale.
La solution est évidente : il faut et il suffit de placer l’entreprise au cœur du système. Reste la méthode à adopter. Trouver la voie d’un partenariat intelligent, coopératif et non conflictuel entre le système éducatif et les entreprises est à notre portée. Je l’écrivais il y a dix ans et, l’an dernier, dans un livre dont le titre On achève bien les jeunes (1) résume – hélas – la situation.
Margaret Thatcher, ex-Premier ministre britannique, avait coutume de lancer à ses visiteurs :« Ne me dites pas ce que je dois faire, je le sais déjà. Dites-moi comment ! » Puisse la campagne nous expliquer comment l’apprentissage va renaître en France et comment les bonnes intentions vont se transformer en actes. Mesdames et Messieurs les candidats, dites-nous comment !
(1) Édition Grasset. Lire aussi Jeunesse, ça ne peut plus durer par François Régis Hutin (Ouest France du 29/08/2015).
Bernard Spitz, Président de la Fédération française de l’assurance.