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Apprentissage. Dites-nous comment !

À l’aube d’une élection présidentielle, quel est le plus important pour un candidat ? Le bon programme ou la bonne méthode pour l’appliquer ? Il est facile de répondre les deux ; en réalité, c’est souvent la méthode qui compte le plus.

Prenons l’exemple le plus scandaleux des dernières décennies : le chômage massif de nos jeunes. Rien de plus frustrant pour la société, de plus mauvais pour l’économie, de plus désespérant pour le corps social. La solution est sous nos yeux, en Allemagne : l’apprentissage. Là-bas, chaque année, il y a trois fois plus d’apprentis formés qu’en France, pour trois fois moins cher avec, pour résultat, trois fois moins de chômeurs dans la jeunesse : 8 % contre plus de 25 % chez nous !

Tous nos candidats le savent. Tous n’ont pas de mots assez doux pour vanter ses mérites. Le problème, c’est que ce discours vertueux est servi depuis vingt ans et que rien n’évolue. La situation a même plutôt empiré car les réglementations changent tous les ans, tandis qu’en Allemagne il n’y a eu qu’une réforme depuis 1969.

Quel est le problème ? En Allemagne, l’apprentissage est une voie noble. Il forme aussi bien à des postes manuels qu’à des métiers d’ingénieurs. Il n’est pas rare de rencontrer des dirigeants d’entreprise qui en sont issus. En Suisse, sur les sept ministres de la Fédération, certains sont d’anciens apprentis. Rien à voir avec la voie de garage à laquelle est assimilé l’apprentissage en France. Non sans raison, malheureusement, parce que cette filière est mal conçue, porte souvent sur des formations sans débouché, pour des élèves qui n’ont aucune envie de l’orientation qu’on leur donne. On arrive ainsi à des taux d’échecs qui viennent grossir les rangs des 160 000 jeunes sortant sans qualification, chaque année, de notre système scolaire.

L’entreprise au cœur du système

Y aurait-il une fatalité ? Non. Tout repose sur la question de savoir qui décide de la filière, des programmes, des recrutements. En Allemagne, c’est l’entreprise. Car c’est elle qui connaît les qualifications dont elle a besoin, aujourd’hui et plus encore demain. C’est elle qui recrute les jeunes candidats, marquant ainsi l’envie partagée de faire un bout de chemin ensemble. C’est elle qui décide l’ouverture des classes de lycées professionnels. Et c’est elle qui met sa réputation en jeu dans la formation qu’elle apporte à ses apprentis, en même temps qu’elle investit sur celle de ses futurs cadres. En France, l’entreprise est périphérique au système : elle paye – plus qu’en Allemagne – mais reste un acteur passif par rapport à l’Éducation nationale.

La solution est évidente : il faut et il suffit de placer l’entreprise au cœur du système. Reste la méthode à adopter. Trouver la voie d’un partenariat intelligent, coopératif et non conflictuel entre le système éducatif et les entreprises est à notre portée. Je l’écrivais il y a dix ans et, l’an dernier, dans un livre dont le titre On achève bien les jeunes (1) résume – hélas – la situation.

Margaret Thatcher, ex-Premier ministre britannique, avait coutume de lancer à ses visiteurs :« Ne me dites pas ce que je dois faire, je le sais déjà. Dites-moi comment ! » Puisse la campagne nous expliquer comment l’apprentissage va renaître en France et comment les bonnes intentions vont se transformer en actes. Mesdames et Messieurs les candidats, dites-nous comment !

(1) Édition Grasset. Lire aussi Jeunesse, ça ne peut plus durer par François Régis Hutin (Ouest France du 29/08/2015).

Bernard Spitz, Président de la Fédération française de l’assurance.

Editorial publié dans Ouest-France le 12/09/2016 >>

Une réforme destinée à donner enfin un avenir à la jeunesse

Editorial de Bernard Spitz publié dans le Monde du 9 mars 2016

Si le projet n’est pas adopté, des centaines de milliers d’emplois potentiels pour nos jeunes seront perdus au profit des mêmes, les champions de l’immobilisme.

La jeunesse française a des raisons d’être en colère. Les chiffres en disent plus que de longs discours : un quart de nos actifs de moins de 25 ans sont au chômage, trois fois plus qu’en Allemagne ; la moitié de ceux qui travaillent ont un contrat précaire ; 1 million vivent sous le seuil de pauvreté ; ils consacrent un tiers de leur revenu à se loger ; 150 000 jeunes sortent par an du système scolaire sans qualification, avec 50 % d’échec en première année à l’université, un sur cinq n’a pas de complémentaire santé, etc.
Constat glaçant. Notre jeunesse est maltraitée depuis des décennies, et récemment par la gauche alors même que François Hollande en avait fait sa promesse de campagne électorale : « Je ne veux être jugé que sur un seul objectif (…) est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012 ? »

Alors oui, entre la résignation, l’exil ou la protestation, tant mieux si les jeunes manifestent. C’est signe de vitalité, d’énergie, de volonté de prendre leur destin en main, du moins aussi longtemps que ces manifestations défendent leurs intérêts. Mais ce n’est pas du tout ce qui est prévu le 9 mars : ce jour-là, les jeunes dans la rue vont marquer un but contre leur camp.
De la peur qu’ils éprouvent devant l’avenir, les jeunes tirent de mauvaises conclusions. Ils croient que les prétendues protections actuelles les aident, alors qu’elles leur nuisent. Eux qui auraient tant de revendications utiles à formuler, se trompent quand ils protestent contre une réforme dont l’objectif est de leur faciliter l’accès au marché du travail.

La vieille approche, qui fait de la fonction publique un modèle idéal vers lequel il faudrait tendre, ne fait pourtant plus recette dans des générations qui aspirent à inventer leur propre chemin. Ni ici ni ailleurs. Ce qu’il s’agit d’offrir à travers le projet de loi de Myriam El Khomri, c’est cette prévisibilité qui manque cruellement à notre droit social et qui seule donne aux employeurs l’envie de prendre le risque d’embaucher.

Chez tous nous voisins, cette évolution s’est produite et elle a permis de créer des emplois. Elle a offert partout à des jeunes, y compris à de jeunes Français partis à Londres ou Barcelone quand ce n’est pas au Canada ou en Australie, de démarrer une vie active, d’acquérir de l’expérience et d’être autonomes financièrement. Elle correspond pleinement à une nouvelle organisation souple du travails, dans un monde en mobilité où les nouvelles technologies transforment formation, gestion du temps, hiérarchie et carrières.

Sauf chez nous. Peu de sociétés développées sont aussi injustes que la France. La ligne de partage n’est pas tant entre la gauche et la droite, ni entre les syndicats et les employeurs: la fracture principale y est entre les insiders, ceux qui sont protégés, et les outsiders, ceux qui veulent entrer sur le marché de l’emploi et se heurtent aux barricades érigées par les premiers. Le 9 mars, les représentants des insiders seront dans la rue, à commencer par les syndicats de fonctionnaires et les entreprises publiques. Ils inciteront à défendre non pas l’emploi des jeunes mais la sécurité de l’emploi des autres. Cependant, la palme du cynisme revient aux leaders étudiants qui entraîneront dans la protestation ceux-là mêmes qui seraient les principaux bénéficiaires de la loi contestée.

HOLD-UP
Ce n’est du reste pas la première fois. Jadis, les leaders étudiants – devenus depuis insiders et frondeurs – avaient mis les jeunes dans la rue pour soutenir la seule retraite par répartition. Le résultat en a été dramatique pour notre jeunesse, qui doit aujourd’hui payer sa retraite et éponger la dette des générations qui l’auront précédée: chaque étudiant né dans notre pays hérite en guise de doudou de 30 000 euros à rembourser. Cela a été le premier hold-up du siècle: commis avec l’aide des jeunes et à leur frais.
Le second hold-up se déroule sous nos yeux. Si la réforme du travail n’est pas adoptée, si nous restons figés dans un système qui ne correspond plus en rien au monde du travail ni aux aspirations réelles de la jeunesse, des centaines de milliers d’emplois potentiels pour nos jeunes seront définitivement perdus. En revanche, quelques-uns seront gagnés: ce seront ceux qui récompenseront des leaders étudiants dont le cursus de carrière passe par leur capacité à bétonner le statu quo. Ces champions de l’immobilisme sont ensuite récompensés par des postes d’assistants parlementaires, des places dans les mutuelles étudiantes, voire des investitures à l’Assemblée nationale ou au Parlement européen.
La jeunesse n’est pas le problème de la société française, elle est la solution. Notre responsabilité générationnelle est de créer les conditions qui lui permettront de s’épanouir et de disposer de toutes les chances que ses aînés ont eues autrefois. Au-delà du projet de loi sur le travail, il y aurait beaucoup à dire sur la méthode ainsi que sur les réformes nécessaires en termes de formation, de protection ou de citoyenneté, que l’on attend depuis trop longtemps. Mais les jeunes qui seront dans la rue le 9 mars doivent le savoir: leurs seuls jobs qu’ils défendront sont ceux de leurs leaders d’aujourd’hui, les insiders-frondeurs de demain.

Bernard Spitz

12 mesures pour une école plus juste et plus efficace

L’économie du savoir transforme le monde. Ceux qui en font ou feront partie ont un avenir. Pour les autres, c’est plutôt « no future ». L’avenir de la France, et de chaque Français se joue donc, plus que jamais, à l’école.

Où en sommes-nous ?

Au cœur du projet républicain, notre école a fait notre fierté pendant des décennies. Pourtant, elle reste très en retrait sur ses grands objectifs : illettrisme, réussite pour tous, égalité des chances. Les comparaisons internationales montrent sans ambiguïté que l’école française est inégalitaire et peu performante pour les plus faibles. Et, depuis 2000, elle a reculé à chaque nouveau classement PISA.

De surcroît, de tous côtés, les frustrations s’accumulent. A la défiance des élèves, et des parents, de plus en plus exigeants mais qui se sentent incompris par l’école, fait aujourd’hui face le désarroi des enseignants, voire la démission des politiques.

Refaire de notre école un modèle, offrir à tous les Français une école performante, c’est donc le premier devoir d’un Président de la République.

C’est pourquoi nous proposons 12 mesures pour une école plus juste et plus efficace, fondées sur 3 idées force : éviter les inégalités à la source plutôt que les corriger une fois avérées, donner la priorité à la réussite de tous les élèves, et mieux responsabiliser les acteurs à tous les niveaux.

Mesure 1 – Améliorer l’égalité des chances en garantissant une prise en charge socialisée pour tous les enfants dès l’âge de un an

Chaque année, plus de 130.000 élèves sortent du secondaire sans diplôme. Parmi eux, 60% ont un parent ouvrier ou inactif et un enfant d’ouvriers a 7 fois moins de chances qu’un enfant de cadres de faire des études supérieures.

Qu’il est loin, l’idéal républicain de permettre à chacun de réussir par l’école, en assurant l’égalité des chances…

Et il ne s’agit pas que de principes. Les sorties sans diplômes, par exemple, se « paient » très cher. Par des parcours de vie précarisés pour les individus concernés. Et, pour la collectivité, par des dizaines de milliards dépensés chaque année en prestations sociales, indemnités chômage, allègements de charge. Ce gâchis absurde doit cesser ! Traitons, enfin, le problème à la source, tout le monde y gagnera.

Alors que les investissements en capital humain sont allés presqu’exclusivement à l’enseignement primaire, secondaire et supérieur, il est désormais établi que c’est au cours de la période préscolaire (0-6 ans) que, « l’apprentissage engendrant l’apprentissage », les retours sur investissement sont les plus élevés, pour décliner très rapidement après.

Les études scientifiques sont en effet formelles : les bases cognitives décisives sont scellées au cours de la toute petite enfance. L’acquisition ou non, dès le plus jeune âge, avant l’école, de capacités, cognitives, sociales, émotionnelles, a en effet des effets cumulatifs extrêmement forts. L’apprentissage au plus jeune âge engendre des apprentissages ultérieurs et la réussite précoce entraîne d’autres réussites, tout comme les échecs précoces causent des échecs plus tard.

Comme le dit le prix Nobel d’économie James Heckman, pour permettre à chacun de développer au mieux ses capacités, il faut « investir chez les très jeunes enfants et améliorer les habiletés d’apprentissage et de socialisation de base. ».

Alors que les enfants vivant dans un environnement familial favorable vont pouvoir y développer des capacités que l’école pourra ensuite développer, ceux vivant dans un environnement familial moins favorable ne pourront pas le faire, à potentiel initial pourtant égal, et en subiront les conséquences cumulatives tout au long de leur vie. 

De fait, les études montrent qu’une prise en charge collective précoce des jeunes enfants, à partir de un an, a des effets substantiels et durables.Elle contribue efficacement à égaliser les chances, en particulier au profit des enfants les plus exposés à l’échec, en améliorant l’intégration sociale, en prolongeant les études, et même en limitant la délinquance.

Dès lors, la meilleure manière de garantir à tous les enfants un bon départ, leur ouvrant ensuite la possibilité de développer les compétences nécessaires est de mettre en place un service public de la petite enfance, comme ceux des pays nordiques.

Un enfant danois né de parents peu qualifiés a désormais 2 fois plus de chances d’aller jusqu’au lycée que lors de la génération précédente, et 4 fois plus de chances qu’un allemand ou un américain.

En France 2/3 des enfants sont principalement par leurs parents, la scolarisation précoce est en recul et les modes de garde collectifs bénéficient proportionnellement bien plus aux enfants de classes sociales favorisées qu’à ceux des classes défavorisées.

La politique la plus rentable pour renforcer notre capital humain et donc notre productivité future, et améliorer l’égalité des chances, consiste donc à offrir, à terme, à l’ensemble des enfants à partir de 1 an l’accès à un mode de garde de qualité.

En parallèle, il importe de revoir la formation des différentes professions d’accueil des très jeunes enfants, pour favoriser l’encadrement éducatif (et non pas seulement sanitaire et social) et développer les  activités d’accompagnement d’éveil.

Nous proposons d’ailleurs qu’une large part des 60.000 emplois dans l’éducation promis par François Hollande soient consacrés aux très jeunes enfants.

Mesure 2 – Faire réussir tous les élèves en recentrant les missions de l’école et les enseignements sur le socle commun de connaissances

Il faut faire réussir tous les élèves ! De nombreux pays, à l’image de la Finlande, montrent que faire réussir même les faibles est parfaitement compatible avec un niveau élevé pour l’ensemble.

Pour y parvenir, il convient de recentrer les apprentissages fondamentaux du primaire : lire, écrire, compter, maîtriser les cadres chronologiques et géographiques, le système métrique, les bases d’une culture technique et scientifique, les rudiments de la langue anglaise et l’utilisation d’un ordinateur.

La lecture est d’ailleurs l’enjeu central : le niveau en lecture d’un élève en CE1 est le meilleur prédicteur de son avenir scolaire jusqu’à l’âge adulte. Engageons-nous à faire réussir 100% des élèves en lecture ! C’est une ardente nécessité et c’est parfaitement possible. C’est même le meilleur service que nous pourrions rendre à la génération qui fera la France de demain.

Nous proposons également de généraliser l’enseignement de l’anglais, dès le primaire, pour préparer les élèves à agir dans la mondialisation et non à la subir.

Dans le secondaire, il faut alléger les programmes et réduire drastiquement le nombre des options : les «économies » seront allouées à la formation des enseignants, à leur revalorisation et à l’accompagnement des élèves en difficulté.

A cet égard, pourquoi ne pas simplifier l’orthographe ? Lorsque l’Eglise de la Contre-réforme voulut apprendre massivement la lecture, on simplifia drastiquement l’orthographe. Aujourd’hui, allons plus loin.

Particulièrement complexe, truffé d’exceptions, l’orthographe a le double inconvénient d’accaparer une large part du temps d’apprentissage des élèves et d’être socialement discriminant au cours du parcours professionnel. Comme le latin autrefois, l’orthographe est devenue un mode de sélection absurde et obsolète. Evoluons vers une orthographe phonétique, comme l’ont fait avant nous les Espagnols, les Italiens ou, plus récemment, les Allemands. Ecrire « filosofia » plutôt que « «philosophie » n’a pas empêché l’Italie d’être le pays de la Renaissance.

Mesure 3 – Changer notre façon d’enseigner

Les méthodes les plus efficaces pour enseigner les savoirs fondamentaux, notamment la lecture, aux enfants de maternelle et de CP reposent sur des travaux en petits groupes (6-7), qui permettent une intensité d’apprentissage beaucoup plus forte que dans le groupe classe.

L’enseignant divise sa classe et travaille avec un seul groupe, tandis que les autres sont en autonomie. Dans ces cas, avoir un deuxième enseignant permet de doubler le temps effectif de travail en petit groupe par élève.

Ces méthodes de travail en petit groupe, bien que les plus efficaces pour lutter contre l’échec scolaire, ne sont pourtant pas adoptées, sinon à titre expérimental.

Pour réellement avoir un impact sur le niveau des élèves, l’embauche d’enseignants supplémentaires promise par François Hollande doit s’effectuer en parallèle d’un changement de pédagogie.

Nous souhaitons également mettre en place des évaluations nationales, pour que chaque professeur ait une vision claire de ce qui est attendu de chaque élève, sur le modèle anglais des « literacy hours ». Que ces évaluations aient lieu en milieu de cycle pour que les professeurs évaluent au mieux l’écart à combler entre les performances des élèves et les résultats attendus, et pour qu’ils aient le temps de mettre en place les remèdes nécessaires.

Il est aussi nécessaire d’arrêter le redoublement comme politique éducative ! Les études internationales montrent que le redoublement est inefficace, voire contre-productif. Le supprimer permettrait de surcroît de dégager les moyens pour investir massivement dans le rattrapage, aujourd’hui réservé à ceux qui ont les moyens d’aller le chercher à l’extérieur de l’école : cours particuliers, aide des parents, et surtout des parents enseignants…

Le droit au rattrapage inscrit dans les missions de l’école deviendrait un outil primordial dans la lutte contre l’échec, et surtout contre les inégalités.

La grandeur de notre école est de faire progresser des élèves médiocres ou moyens, c’est là sa noblesse et son utilité. Les héros de notre système ne sont plus à Louis-Le-Grand, ils sont à Sarcelles pour faire progresser Daniel et Rachid. La nation doit reconnaître et valoriser ses nouveaux hussards, car ce sont eux qui vont faire réussir ceux qui en ont vraiment besoin.

S’il est prouvé que la taille de la classe n’a pas d’effet dans les bons lycées, il est nécessaire de concentrer les moyens sur les ZEP, où le nombre d’enseignants est un facteur clef de la réussite scolaire.

Plus largement, il importe de changer l’état d’esprit de l’école : priorité à la l’apprentissage pour tous plutôt qu’à la sélection par l’échec.

L’école française est dévalorisante pour les élèves, et les enfants français font partie des plus anxieux à l’école. Pourquoi ne pas suivre les modèles scandinaves ? Favoriser les exercices coopératifs au cours du plus jeune âge, et retarder l’attribution de notes. En quoi recevoir 2/20 sans autre commentaire sur une copie fait-il progresser l’élève ? Le but d’une éducation n’est pas d’avoir une meilleure note que les autres, mais d’apprendre ! Expérimenter, au moins au primaire, un système d’évaluation centré sur la progression de l’élève, sur le commentaire constructif, permettrait de redonner confiance aux élèves, et non de les polariser dans une spirale de l’échec.

Mesure 4 – Moderniser le bac et le faire passer en contrôle continu. 

Le bac est le dernier rite initiatique de notre société. Avec 650 000 candidats, 5 millions de copies corrigées par 5.000 correcteurs et un coût de 200 millions d’euros, il est la plus grande organisation hexagonale avec le Tour de France.

Mais tout ça pour quoi ? Pas pour sélectionner, puisque le taux de réussite atteint 93 % en incluant la réussite après redoublement ! Encore moins pour orienter, puisque le principe de non-sélection fait que n’importe qui va à peu près n’importe où dans le système universitaire. Le bac est même un frein à l’orientation : en déclarant « passe ton bac d’abord », on crée un écran de fumée qui dissimule l’après-bac. Or on sait ce que coûtent individuellement et collectivement les erreurs d’orientation.

Les dégâts collatéraux du bac incluent aussi, du fait des contraintes d’organisation en juin, le fait de priver inutilement des millions d’élèves de 7 % d’une année scolaire. C’est beaucoup. Enfin, on ne passe pas le bac, mais un bac, et la hiérarchie de ces différents bacs constitue une véritable fabrique à inégalités…

Certes, il serait faux de dire que le bac ne sert à rien. Mais son organisation actuelle fait qu’il ne sert pas à grand-chose. Dès lors, pourquoi ne pas l’organiser en contrôle continu ? Cela se fait sans problème pour le bac agricole, qui représente 10 % des bacheliers, et près de 30 % des diplômes d’enseignement supérieur sont obtenus en contrôle continu.

Par ailleurs, l’admission en prépa, en BTS ou en IUT, c’est-à-dire dans des filières sélectives et recherchées, repose sur le contrôle continu et l’avis des enseignants de première et de terminale, le bac n’étant plus qu’une formalité.

La généralisation du contrôle continu étalé sur les années de première et de terminale permettra de supprimer les effets négatifs du bac actuel, et d’organiser une information et une orientation plus efficaces pour l’après-bac. En revanche, pour les élèves dont les notes se situent entre 8 et 11, l’examen classique pourrait être maintenu.

Instaurer le bac en contrôle continu serait également une formidable marque de confiance envers les enseignants et en leur capacité à évaluer leurs élèves pour l’obtention du diplôme.

Mesure 5 – Revaloriser la technique et l’alternance 

En Allemagne, un quart des ingénieurs sont aussi titulaires d’un CAP. En France, aucun ou presque. Nos élites ont toujours méprisé ceux qui travaillent avec leurs mains. Notre savoir-faire est abstrait, peu tourné vers la créativité et le sens pratique. Tout cela est contre-productif.

Il faut au contraire permettre aux élèves qui, à un moment donné, ne répondent pas aux exigences d’un enseignement fondé sur l’abstraction de s’orienter vers des formations plus concrètes.

Ce qui freine l’adhésion des élèves et des familles à ce type de bifurcation n’est pas un refus de l’enseignement technique pour lui même, mais la conviction, fondée, que cette orientation est définitive. Dès lors, la revalorisation des filières techniques et professionnelles passe par la mise en place de passerelles qui permettraient aux élèves orientés dans ces voies de regagner l’enseignement général sous des conditions claires et visibles dès l’orientation.

Il faut en outre instaurer des épreuves techniques obligatoires au sein des formations générales, des baccalauréats généraux par exemple. Des épreuves obligatoires, dotées d’un coefficient sérieux (tout notre système d’évaluation étant fondé sur la note, le respect vient de la note, et de sa place dans le résultat général). Ainsi reconnues dans le système de notre école, formations et compétences techniques reprendront leur valeur.

De plus, aujourd’hui tout notre système repose sur l’offre de formation, non sur la demande de qualification, et la collaboration école-entreprise est trop peu développée.

La solution la plus efficace passe par le développement des formations en alternance, surtout en fin de cursus, car elles permettent une transition et une adaptation souples au monde du travail.

En France, un diplômé sur dix sort d’une filière d’alternance, alors qu’ils sont cinq sur dix en Allemagne, et huit sur dix en Suède !

De même, l’apprentissage, qui a été un succès en termes d’insertion professionnelle pour les niveaux d’enseignement supérieur, doit être étendu aux formations d’un niveau inférieur ou égal au bac. Une solution serait de donner aux entreprises la possibilité de pré-recruter des jeunes et de financer leur formation en échange d’un engagement de ces derniers à occuper un emploi pendant une durée minimum (par exemple 3 ans).

Mesure 6 : Mettre l’orientation au cœur des missions de l’école 

Notre école est riche de ses diversités et de ses possibilités. Mais il en découle une extraordinaire complexité. On peut présenter plus de 150 versions du bac, et l’enseignement supérieur ne compte pas moins de 5 000 établissements et 30 000 formations !

Or l’école oublie de donner son mode d’emploi à ses utilisateurs. Ceux qui maîtrisent ce maquis et les codes qui s’y rattachent multiplient leurs chances de succès. A l’inverse, une mauvaise information-orientation entraîne des échecs, du temps perdu qui coûte cher aux familles et à la collectivité. Un coût qui de plus touche en premier les membres des couches socialement et culturellement les moins favorisées, celles qui ne disposent ni des codes, ni des informations, ni des réseaux. Résultat : beaucoup n’utilisent pas toutes les possibilités offertes. Un gâchis d’autant plus inadmissible que le mode d’emploi n’est jamais coûteux.

Voilà pourquoi il est urgent, primordial, de mettre l’information et l’orientation au cœur du système éducatif, et d’arrêter d’en mépriser le principe et les acteurs. Car s’il est regrettable de dire qu’un élève n’a pas pu atteindre un niveau ou être capable de suivre telle formation, il est scandaleux de constater qu’il n’a tout simplement pas su qu’il aurait pu y parvenir.

L’orientation post-baccalauréat doit aussi être refondue.

L’approche d’organismes comme l’ONISEP est d’un autre âge : il constitue plus un service de désorientation qu’un soutien opérationnel aux questions qui se posent à des jeunes férus de nouvelle technologie et curieux de s’ouvrir sur le monde. L’orientation doit d’ailleurs impérativement se doter d’une vision prospective.

Elle doit aussi se départir de certaines pesanteurs sociologiques qui assignent, volontairement ou non, des parcours préétablis en fonction du sexe ou de l’origine sociale des élèves.

Mesure 7 : Assurer l’autonomie financière des étudiants 

Nous devons poursuivre la démocratisation et l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur où, malgré les efforts louables accomplis ces dernières années, nous accusons des retards importants de budget et d’effectifs par rapport nos voisins.

Idéalement, nous devrions élever l’investissement dans l’enseignement supérieur au niveau des pays scandinaves (2% du PIB). Elever le niveau de formation est en effet capital pour réussir dans l’économie de la connaissance, et a un impact direct sur la croissance économique de notre pays.

Les premières étapes franchies vers l’autonomie des universités ont d’ores et déjà marqué une étape importante. De même que nous avions établi l’objectif « bac 80% », nous devrons nous fixer l’objectif « 50% d’une classe d’âge au niveau de la licence », en incluant la formation tout au long de la vie.

Pour élargir l’accès à l’enseignement supérieur, des ressources pourront être tirées de l’augmentation nécessaire et différenciée selon les moyens des familles, des droits d’inscription, associée à une politique active de développement des bourses. Nous demanderons aussi une contribution aux étudiants diplômés, une fois qu’ils sont entrés dans la vie active, comme cela a été fait au Royaume-Uni : il est juste en effet que les bénéficiaires d’une éducation de qualité contribuent à l’entretien de celle-ci.

Mais la priorité, c’est de réformer l’aide sociale aux étudiants. Cette aide, très importante (3,5 Mds €), est aujourd’hui inefficace et injuste. Elle se divise à peu près également en trois volets : (1) les bourses, qui aident classiquement ~30 % d’étudiants, pour un maximum d’un peu plus de 3.000 € par an, (2) l’aide au logement, qui n’impose pratiquement aucun critère sérieux d’obtention et enfin (3) les avantages fiscaux accordés aux familles (une demi-part plafonnée).

Ce système est injuste, puisque ces aides aux « aisés » peuvent être aussi importantes collectivement et individuellement que les bourses ! On aide donc autant les classes aisées que les classes défavorisées, ce qui est déjà anormal; mais en plus on oublie totalement les classes moyennes, qui forment les gros bataillons des étudiants. Pourtant, c’est là que se trouve le potentiel d’allongement des études – qui, rappelons-le, derrière la façade de gratuité des frais d’enseignement, coûtent en moyenne de 5 à 6 000 € par an aux familles.

La réforme de l’aide sociale devrait comporter les mesures suivantes :

Maintien du principe et du fonctionnement des bourses, avec un coup de pouce sur les montants ;

Division par deux de l’aide fiscale ;

Diminution du volume de l’aide au logement par l’introduction de critères d’éloignement du domicile initial au lieu d’études et mise sous condition de ressources ;

Pour accompagner les classes moyennes, mais aussi compléter les bourses et compenser les pertes d’aide fiscale, création d’un « droit au prêt d’études ». I1 s’agit d’un droit pour tous, sans autre condition que la réussite aux examens, ce prêt étant annuellement plafonné à 4.000 € et ne pouvant pas dépasser 12 000 € sur l’ensemble des études supérieures. Les remboursements sont à taux faibles, mais non bonifiés : vu la faiblesse des montants, la bonification n’a que peu d’impact individuel, et un gros coût collectif. Les remboursements s’étalent sur dix ans (même principe que les crédits immobiliers), ce qui autorise des mensualités très raisonnables, et le premier remboursement n’intervient qu’avec le premier emploi. Ces prêts sont cautionnés par les étudiants (et non pas leurs parents) au travers d’une société de caution mutuelle garantie par l’État.

Cette réforme va permettre d’injecter environ 2 milliards d’euros dans le financement des études, sans coût supplémentaire pour l’État. Elle va permettre une remise à plat de l’aide sociale pour la rendre plus juste et plus efficace. Quant au système de prêt, il établit un lien de confiance entre la nation et ses étudiants puisqu’il constitue un véritable contrat de résultat (pas d’emploi, pas de remboursement).

Mesure 8 : Favoriser le cumul emploi-études en créant un « chéquier job » pour les étudiants 

Notre pays se caractérise par un très faible taux d’emploi des jeunes, inférieur de plus de 10 points à celui de nos voisins. Cette situation s’explique en partie par la rareté du cumul emplois-études, pourtant fréquent ailleurs : 40% aux Pays-Bas et au Danemark, contre 7% en France.

En donnant aux jeunes une expérience professionnelle plus précoce, le cumul emploi-études leur permet de faire des choix d’orientation plus adaptés à leurs préférences et aux réalités du marché du travail, et il facilite leur insertion sur le marché du travail en assouplissant la transition études-emploi.

Les recherches montrent que si les emplois dépassant un mi-temps réduisent les chances de succès aux examens, ce n’est en revanche pas le cas pour les emplois allant jusqu’à un mi-temps. Seuls ces emplois doivent donc être favorisés.

Un des principaux freins à l’emploi des étudiants étant la complexité des procédures, nous proposons de créer un « chéquier job » pour tous les étudiants. Avec son « chéquier job », l’étudiant se ferait payer par son ou ses employeurs, selon des formalités simplifiées à l’extrême. Les jeunes concernés bénéficieraient de la couverture maladie des étudiants et, en matière de droits au chômage et aux indemnités journalières, d’un régime intermédiaire entre l’absence de droits et les bénéfices de plein droit. Afin d’éviter tout détournement, ce chéquier ne serait délivré qu’aux jeunes effectivement engagés dans des études et ne serait renouvelé que sous condition de réussite aux examens.

Voilà donc une mesure simple qui favorise l’emploi des jeunes (un niveau de cumul emploi-études comparable à celui de l’Allemagne induirait 250.000 emplois supplémentaires) sans coût supplémentaire pour l’État !

 Mesure 9 : Développer une vraie formation tout au long de la vie, en facilitant l’accès des salariés aux formations universitaires

Chacun doit avoir une deuxième, une troisième chance de formation, et donc de promotion culturelle et sociale.

Dans un système notoirement inégalitaire, c’est un espoir réel de correction permanente des inégalités. On atténue le caractère définitif et donc angoissant de la sanction scolaire, on oblige l’école à garantir un socle solide de formation, qui va permettre l’efficacité d’apprentissages ultérieurs. Dans une économie de la connaissance en évolution permanente, c’est une contribution forte à l’élévation continue du niveau de compétences et d’adéquation aux besoins de l’économie.

Nous proposons d’offrir une indemnité chômage aux salariés qui voudraient aller à l’université pour se former. A condition que leur employeur s’engage à employer à leur place une personne au chômage. Le coût est donc très limité pour l’Etat, avec un impact fort en termes d’élévation du niveau de compétence. En Suède, 10% des salariés ont saisi cette opportunité.

Mesure 10 : Renforcer l’autonomie des établissements

La recherche d’efficacité et de lisibilité conduit à accorder plus d’autonomie, plus de pouvoir, plus d’initiative, plus de contrôle là où en fait tout se passe : au niveau des établissements scolaires. C’est là que se trouve la communauté de vie des élèves et des enseignants, et c’est là que se construisent échecs ou réussites.

Dans chaque établissement, on interprète et on adapte déjà la règle commune, souvent au mieux des intérêts des élèves et des profs.

Il faut accentuer cette tendance en donnant plus d’autonomie et de pouvoir à ceux qui, de fait, sont responsables de la marche de l’école.

C’est en permettant à chaque établissement de définir ses objectifs et ses méthodes, en tenant compte des forces et des faiblesses de sa population scolaire, sous le contrôle du corps de l’inspection et dans le respect de programmes constituant un minimum exigible, que l’on pourra redonner une lisibilité et une efficacité accrue à notre système.

Pour cela, il faut aussi repenser le mode de gouvernance des établissements. Il faut créer un véritable statut de chef d’établissement dans le primaire ayant pour mission d’assurer la bonne mise en œuvre de tous les moyens, tant matériels qu’humains, pour que tous ses élèves réussissent les évaluations nationales ; créer ou renforcer les conseils pédagogiques dans le primaire et le secondaire ; revoir le fonctionnement des conseils d’administration dans les collèges et les lycées pour en faire des organes effectivement responsables de la bonne gestion des établissements ; renforcer la formation des chefs d’établissements.

A cet égard, permettre aux professeurs d’accomplir dans de bonnes conditions (bureau, ordinateur etc.) l’essentiel de son temps de travail dans l’enceinte scolaire favoriserait leur meilleure implication dans la bonne marche de l’établissement.

Responsabiliser également progressivement les élèves dans le fonctionnement de l’établissement : conseil d’école, conseil des délégués élèves dans les collèges et les lycées doivent être tenus régulièrement de manière à ce que les élèves puissent s’exprimer sur la marche de leur établissement et sur les mesures à prendre pour l’améliorer. Il en va de même pour les parents.

En parallèle, il convient de redéfinir le rôle de l’État. Si l’école semble bloquée, lourde dans son fonctionnement, c’est en partie parce que l’État centralise et tend à vouloir tout faire, avec 15 millions d’élèves, 1,5 million de fonctionnaires, et 50 000 sites !

Or à vouloir trop faire, l’État ne fait rien de bien. II faut donc redistribuer les fonctions. L’État doit, au nom de la nation, déterminer les politiques éducatives et en contrôler la réalisation. Et ne pas se noyer dans la gestion qui doit, elle, être transférée aux collectivités locales et aux établissements.

Mesure 11 : Investir dans la formation des enseignants, redéfinir leur évaluation

Les études internationales le montrent sans ambiguïté : la qualité de l’école dépend d’abord et avant tout de la qualité des enseignants. Les bons professeurs font les bons élèves et de meilleurs professeurs font de meilleurs élèves.

Chacun sait que le fait d’accrocher dans une matière, de progresser, de réussir dépend de l’enseignant. Et pourtant, parler des bons et des mauvais enseignants est un vrai tabou de notre école, qui les fait essentiellement avancer à l’ancienneté – ce qui n’est ni juste ni motivant.

En complément de l’autonomie accordée aux établissements, il faut casser ce tabou et renforcer sensiblement le « mérite » dans les appréciations.

Mais le plus urgent reste la formation des enseignants, qui reste profondément inadéquate.

Le futur enseignant doit bien sûr maîtriser les savoirs qu’il va transmettre. Mais qui contestera que la façon de transmettre est fondamentale si l’on veut que le message soit compris et enregistré ?

L’enseignant est un acteur qui doit non seulement parfaitement maîtriser son texte, mais aussi accrocher, intéresser, captiver son auditoire. Tous les « bons profs » que nous avons connus étaient de ceux-là, sans exception.

Et cela s’apprend. En sachant bien que plus les spectateurs sont difficiles, plus l’acteur doit être bon. C’est donc une mesure qui sera plus utile en ZEP qu’au lycée Henri-IV. Comme nous recrutons 50 000 enseignants par an, il est urgent de commencer demain.

Mesure 12 : Oser

Les politiques, depuis longtemps, ont laissé tomber l’école, par crainte d’y laisser trop de plumes. C’est une grave erreur. Il faut qu’à travers eux la nation et le peuple se la réapproprient. L’école est une préoccupation majeure des Français. Elle doit redevenir le premier souci de ses élus, et pas seulement lorsqu’elle descend dans la rue.

C’est particulièrement vrai pour le Président de la République, porteur des ambitions essentielles de la nation. Ce n’est pas un hasard si les avancées les plus grandes ont été accomplies quand le président du Conseil était en même temps ministre de l’Éducation. Il s’appelait Jules Ferry.

Mais Jules Ferry et ses « hussards noirs » sont morts. Il est donc plus que jamais urgent de remobiliser, de redonner confiance et d’avoir le courage d’oser. Osons dire que l’école doit changer pour tenir son obligation de résultat pour tous. Osons parler de mérite pour les enseignants, osons parler de décentralisation, osons parler de sélection et d’orientation…

Surtout, osons agir. Loin de l’idée selon laquelle l’école serait un « mammouth » impossible à faire bouger, nous proposons 7 principes d’action pour réussir la modernisation de l’école :

la concertation, large, doit précéder toute réforme de l’école, afin de partager au mieux le diagnostic, l’ambition et la feuille de route pour l’école ; aucune mutation de notre école ne pourra s’accomplir sans la mobilisation de ses acteurs ;

l’ambition pour l’école doit être formalisée autour de quelques grands objectifs (illétrisme, sorties sans diplôme, niveau moyen, etc.), suivis par des indicateurs simples et publics ;

la déclinaison de cette ambition doit être précise, et faire l’objet d’une feuille de route également rendue publique ;

la focalisation des efforts sur ces grands objectifs est essentielle, et ce à tous les échelons administratifs (directeurs, recteurs, inspecteurs, chefs d’établissements…) ;

l’expérimentation doit être au cœur de la méthode, afin à la fois d’être pragmatique dans la mise en œuvre et d’ajuster les dispositifs avant de les déployer à large échelle ;

l’évaluation des résultats doit être à la fois publique et régulière (tous les 6 mois, les directeurs d’administration centrale et les recteurs pourraient rendre compte des progrès sur ces indicateurs clefs et présenter leur stratégie) ;

la généralisation, enfin, doit être menée résolument, tout en tenant compte de toutes les phases précédentes.