Assistance médicale à la procréation: avançons !
30 ans après la naissance d’Amandine, premier bébé né en France après fécondation in vitro, l’assistance médicale à la procréation n’avance plus dans notre pays. Il est temps de remettre l’innovation au cœur des sciences du vivant.
30 ans après la naissance d’Amandine, premier bébé né en France après fécondation in vitro, l’assistance médicale à la procréation n’avance plus dans notre pays.
Certes, que de chemin parcouru ! Bien des débats, et des craintes exprimées il y a 30 ans, sur les liens de filiation notamment, n’ont plus lieu d’être aujourd’hui. L’assistance médicale à la procréation s’est banalisée. Elle permet à plus de 20.000 bébés par an de voir le jour, et elle rend beaucoup de couples heureux. Elle est remboursée par la sécurité sociale. Les lois de bioéthique, et des organismes comme l’Agence de la Biomédecine ou le Comite national d’éthique encadrent les pratiques. Le principe de la non-commercialisation des éléments du corps humain a été affirmé.
Que de chemin parcouru… et pourtant
Peut-on dire pour autant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ? Pas vraiment. Deux lignes de pensée s’affrontent en effet.
L’une, qui s oppose à toute idée de séparation entre l’acte sexuel et la procréation. Au nom de ce principe, ses partisans s opposent au principe même de la contraception, au préservatif, à l’avortement, à la fécondation in vitro, à la recherche sur l’embryon, et à toutes les propositions en découlant : le diagnostic préimplantatoire, le clonage à visée scientifique, l’autoconservation ovocytaire, etc.
L’autre ligne de pensée défend ces mêmes projets, au nom du respect de la libre décision des femmes et des hommes à décider de leur reproduction tant qu’ils n’aliènent ou n’exploitent personne à leur fin.
De la confrontation entre ces forces contradictoires, laïques ou religieuses, résulte une loi de bioéthique mi-figue, mi-raisin, pleine de confusions, ainsi que des blocages persistants.
Ainsi la recherche sur l’embryon est-elle interdite… sauf dans les cas dérogatoires où elle est autorisée. La possibilité d’autoconservation d’ovule n’est autorisée qu’en cas de cancer. Les couples qui ont besoin d’un diagnostic préimplantatoire attendent deux ans. Le décret sur la congélation d’ovocyte n’est toujours pas sorti 8 mois après la promulgation de la loi, ce qui est d’autant moins rassurant que le décret d’application relatif au diagnostic préimplantatoire avait mis quant à lui… 5 ans à être publié.
Remettre l’innovation au cœur des sciences du vivant
Dans toute innovation, il y a une part de risque. Si on veut le supprimer, il n’y aura plus d’innovation.
Ce qui compte, c’est la transparence. Oui, toute innovation comporte des inconnues et on ne peut pas donner des résultats avant de commencer. L’essentiel, c’est que l’innovation, et le risque qu’elle comporte, soit clairement encadrée et systématiquement évaluée.
Or disons-le clairement : la réglementation actuelle est un maquis incompréhensible, doublée d’un millefeuille administratif accumulant les procédures et tuant l’innovation. L’innovation est empêchée, au nom d’un étouffant principe de précaution qui pourtant n’évite pas les scandales, comme ceux du Médiator ou des prothèses mammaires pour ne citer que les derniers en date.
L’embryon humain reste un inconnu. Qu’est-ce qui fait qu’il va se développer correctement, donner une fausse couche, un enfant malformé ? A l’évidence, les applications des recherches sur l’embryon devront être encadrées. Mais on ne peut pas interdire de chercher au seul motif texte que des applications pourraient poser problème.
Entre faire n’importe quoi et ne rien faire du tout, il devrait y avoir un juste milieu.
Bien sûr, il y a des interrogations éthiques et scientifiques, qui transcendent d’ailleurs les courants de pensée et les partis politiques, et le débat à leur sujet est légitime.
Ainsi la sélection des embryons doit-elle toujours être motivée par la seule volonté d’éviter de transmettre une maladie grave et incurable, et la grossesse pour autrui, qui sous-tend l’exploitation du corps de la femme, doit-elle rester interdite.
Mais, en période électorale, on a tôt fait de confondre débat et blocage complet. Les sciences du vivant, et ce qu’elles apportent à chacun, ne valent-elles pas mieux que la course aux voix et ses petits calculs ?
Il est temps de remettre l’innovation au cœur des sciences du vivant.