Les Gracques : « le programme du PS ne nous convient pas »

Article paru le 15 septembre 2011 sur parismatch.com

Très présents dans la présidentielle 2007, les Gracques repren­nent du service.

 

Paris Match.  Le 20 septembre, votre aréopage invite à l’Assemblée tous les élus, et a fortiori les can­di­dats… Mais qui êtes-vous ?
Les Gracques. Dans l’Antiquité, les Gracques sont ces fils de famille qui se retournent contre leur camp pour prôner des réformes sociales. Tant et si bien qu’ils sont assassinés par les leurs. C’est dire si nous ne nous prenons pas trop au sérieux ! Nous nous sommes constitués ainsi en 2007, en voyant que nos idées d’une gauche réformiste n’étaient pas prises en compte et qu’on allait dans le mur. Nous avons, pour la plupart, une double expérience : celle de responsabilités à haut niveau dans des cabinets ministériels socialistes importants ; et celle du privé. Dans une tribune du “Monde” en novembre 2008, nous prédisions que la faillite des Etats était possible et qu’un membre du G10 pourrait bien voir son AAA dégradé… Nous pensons donc être légitimes dans un débat sur des réformes qui demanderont une large assise politique.

 

Vous publiez “Ce qui ne peut plus durer” (éd. Albin Michel), un “manifeste” qui enfreint bien des tabous budgétaires et fiscaux : 2 points de TVA en plus, réduction des dépenses des collectivités locales, suppression des départements… Pas vraiment de gauche, ces mesures !
C’est bien la preuve que nous sommes libres ! Les hausses de TVA, tout gouvernement les fera après 2012, et l’actuel les mettrait en place dès maintenant s’il n’avait à affronter les élections. La TVA sur la restauration notamment, contestée à juste titre par les socialistes, sera annulée dès mai 2012. Notre chemin de sortie de crise passe pour moitié par une réforme fiscale, pour moitié par des économies budgétaires. Dans beaucoup de domaines, il faut radicalement changer d’objectif. Par exemple, il faut sortir de l’idée que tous les Français doivent être propriétaires ou que les classes marchent mieux avec moins d’élèves. Cela multiplie les postes, mais ça ne sert à rien. Ce que nous proposons, c’est une révolution copernicienne pour restaurer une société du respect.

Cela résonne comme du Ségolène Royal… Alors que vos mesures fiscales pourraient avoir inspiré François ­Hollande et qu’en 2007 vous prôniez la jonction avec François Bayrou… Aujourd’hui ?
Si le programme du PS nous convenait tel qu’il est, nous n’existerions pas. Mais nous ne prenons parti pour personne. Et tous les candidats sont les bienvenus le 20 septembre, y compris Bayrou ou Borloo. Il est difficile d’imaginer une majorité en 2012 sans les voix du centre.

Les sénateurs et futurs sénateurs de l’élection du 25 septembre vont être contents. Vous suggérez de piquer les 600  millions d’euros de leur fonds de retraite !
Mais c’est un trésor de guerre ! L’équivalent de vingt ans de prestations, qui pourrait très bien aller au régime général, sans compromettre celles d’élus qui fonctionnent sans aucun contrôle de la Cour des comptes.