Les solutions des Gracques pour sortir l’Etat de la crise

Article paru le 23 décembre 2013 sur challenges.fr

Les hauts fonctionnaires, intellectuels et chefs d’entreprises de gauche regroupés dans ce groupe de réflexion et de pression, la vraie réforme, c’est celle de l’Etat.

C’est un joli cadeau de Noël qu’adressent les Gracques au gouvernement. La « vraie remise à plat à entreprendre, ce n’est (…) pas celle de la fiscalité, c’est celle de notre Etat » pour réduire les dépenses, écrit le centre d’analyses dans une tribune publié par Le Monde dans son édition datée du mardi 24 décembre.

« La rénovation de l’Etat s’impose. Elle est possible ! Canadiens, Suédois, Allemands et tant d’autres ont montré la voie », écrivent les hauts fonctionnaires, intellectuels et chefs d’entreprises de gauche regroupés dans ce groupe de réflexion et de pression.

Comment procéder selon eux à une telle véritable « remise à plat » de l’Etat ?

« Un gouvernement de redressement, de reconquête et de simplification s’impose, poursuivent les Gracques. Il sera composé d’une quinzaine de ministres d’expérience, des politiques, qui s’appuieront sur une véritable équipe de management au sein des ministères ».

Selon eux, un tel gouvernement « fixera des objectifs de réduction des dépenses d’ici à 2017, en se donnant trois ans pour mener à bien les projets de transformation et d’économies ».

Du professionnalisme et de l’autorité

Mais ce gouvernement engagera aussi « la convergence des statuts publics et privés pour les nouveaux entrants, en commençant par les hauts fonctionnaires; il inclura dans son champ l’ensemble des collectivités publiques, notamment une réforme pragmatique des structures territoriales axée autour des grandes métropoles ».

« Pour mener à bien un tel programme, soulignent les Gracques, la main ne doit pas trembler. Du professionnalisme et de l’autorité ! »

« Réduire les dépenses pour sauver notre contrat social, reconstruire la confiance et relancer la croissance. La voilà la vraie, la seule urgence », insistent-ils.

A propos de la remise à plat de la fiscalité engagée par Jean-Marc Ayrault, les Gracques considèrent qu' »une réforme fiscale de grande ampleur a déjà eu lieu. Elle est derrière nous ».

« Elle a demandé un effort aux classes moyennes supérieures et frappé les plus fortunés en les taxant jusqu’à 62% sur les revenus et 1,5% sur le patrimoine » et aussi « aggravé les prélèvements sur les profits et les holdings des entreprises, déjà les plus taxées du monde… »

Quant à ceux qui « pensent que la fusion de deux impôts fondamentalement différents (l’impôt sur le revenu et la CSG) produira par miracle le rendement de trois, de sorte qu’on pourra redistribuer, ils se trompent et ils nous trompent », estiment les Gracques.

(Avec AFP)

 

 

 

Pour le collectif Les Gracques, la priorité est à la baisse des dépenses

Article paru le 23 décembre 2013 sur la-croix.com

Ce Think tank fondé en 2007 estime que la remise à plat de la fiscalité entreprise par Jean-Marc Ayrault est un débat « sans issue » et appelle à une réforme énergique de l’État.

Proche de la Gauche, le collectif Les Gracques qui avait appelé à voter François Hollande en 2012, publie une tribune dans Le Monde daté du 24 décembre qui critique sévèrement la réforme fiscale annoncée par le premier ministre Jean-Marc Ayrault et estime que la « vraie remise à plat à entreprendre, ce n’est (…) pas celle de la fiscalité, c’est celle de notre État »et passe selon eux par une réduction drastique des dépenses publiques.

Dans ce texte intitulé « La réforme fiscale est morte. Vive la réforme de l’État », ce collectif qui regroupe des hauts fonctionnaires mais aussi des intellectuels et des cadres d’entreprise ne cachent pas leur scepticisme à l’égard des projets du gouvernement. Il qualifie la remise à plat annoncée de la fiscalité de débat « sans issue » qui fera perdre des mois à la France.

LA REFORME FISCALE NE SE FERA PAS

Ils dénoncent un « discours de campagne électorale », estimant que « comme on ne peut faire une grande réforme des impôts directs que si l’on réduit massivement les impôts », celle-ci ne se fera pas. Et que ceux qui « pensent que la fusion de deux impôts fondamentalement différents (l’impôt sur le revenu et la CSG) produira par miracle le rendement de trois, de sorte qu’on pourra redistribuer, ils se trompent et ils nous trompent », poursuivent les Gracques.

Jugeant qu’une « une réforme fiscale de grande ampleur a déjà eu lieu » et qu’elle est « derrière nous », ils estiment qu’il est temps de passer à l’étape suivante afin de « recréer la confiance », en s’attaquant à la rénovation de l’État. « Elle est possible ! Canadiens, Suédois, Allemands et tant d’autres ont montré la voie », écrivent-ils

UN GOUVERNEMENT DE REDRESSEMENT

Il suggère pour cela de nommer un gouvernement « de redressement, de conquête et de simplification », composé d’une quinzaine de ministres qui s’appuieront sur une « véritable équipe de management au sein des ministères ». Celui devra fixer des objectifs de réduction des dépenses d’ici à 2017, en se donnant trois ans pour y parvenir. Les Gracques plaident par ailleurs pour une convergence des statuts publics et privés pour les fonctionnaires et pour une réforme des collectivités territoriales « axée autour des grandes métropoles ».

« Voilà des années que nous nous limitons à trouver des économies ici où là, sans avoir pris la mesure de l’effort à engager » regrette ce collectif. « Nous devons réformer l’éducation nationale, le système de santé, le millefeuille territorial, le marché de l’emploi… » affirment Les Gracques pour qui seule une telle action permettra aux Français « de reprendre confiance en leurs dirigeants », mais que pour mener un tel programme « la main ne doit pas trembler » et qu’il faut « du professionnalisme et de l’autorité ! ».

CÉLINE ROUDEN

Vive la réforme de l’Etat ! (publié dans Le Monde daté du 24/12)

La réforme fiscale est morte. Vive la Reforme de l’Etat !

En annonçant une « remise à plat » de notre système fiscal, Jean-Marc Ayrault a gagné du temps. Mais combien de mois ce débat sans issue fera-t-il perdre à la France ? Une réforme fiscale de grande ampleur a déjà eu lieu. Elle est derrière nous. Elle a demandé
un effort aux classes moyennes supérieures et frappé les plus fortunés en les taxant jusqu’à 62% sur les revenus et 1,5% sur le patrimoine. Elle a aggravé les prélèvements sur les profits et les holdings des entreprises déjà les plus taxées du monde, non sans déstabiliser leurs centres de décision économique, en contrepartie d’une réduction bienvenue du coût du travail.

Il faut passer maintenant à l’étape suivante et viser à recréer la confiance. En convainquant les Français que les efforts sont partagés. En convainquant nos partenaires que la réduction des déficits est engagée. En convainquant les investisseurs que le cadre fiscal est stabilisé.

C’était le plan du Président de la République : les efforts fiscaux au début, puis la stabilité fiscale et les réformes de structure pour une économie plus compétitive, un marché de l’emploi plus dynamique et un Etat moins coûteux. Et voilà que l’idée de lancer un nouveau chantier fiscal vient remettre en cause tout l’édifice.

Qui peut la soutenir ? Ceux qui croient qu’on gouverne en s’en tenant à un discours de campagne électorale, c’est-à-dire en faisant croire à chacun que l’effort sera demandé aux autres. Ceux qui aiment débattre sur la répartition de la richesse, mais pas sur sa création, et qui écartent ainsi du débat public les deux seuls sujets qui comptent: la croissance et l’emploi.

Ils pensent que la fusion de deux impôts fondamentalement différents (l’impôt sur le revenu et la CSG) produira par miracle le rendement de trois, de sorte qu’on pourra redistribuer. Ils e trompent et ils nous trompent. Ils raisonnent comme si la matière taxable était celle qu’on trouve dans la comptabilité macroéconomique nationale. Mais celle ci ne se boucle qu’en inventant des loyers fictifs, des distributions théoriques et des dépréciations forfaitaires. Elle ne mesure pas la capacité contributive réelle des agents économiques en bel et bon argent.

L’assiette de l’impôt, ce sont les revenus nets des particuliers et des entreprises. Les réformes projetées « à impôt total constant » selon le Premier ministre, ne feraient donc qu’organiser des transferts massifs à l’intérieur des classes moyennes, entre célibataires et familles, entre propriétaires et locataires, entre actifs et inactifs.

Comme on ne peut faire une grande réforme des impôts directs que si l’on réduit massivement les impôts, on ne la fera pas. C’est ainsi que s’aplatira la remise à plat fiscale. Entre temps, on aura créé l’incertitude chez ceux qui investissent et entamé la confiance de ceux qui voulaient la justice. Adieu croissance, adieu emplois…

Plutôt que nous enivrer de faux débats, tournons cette page et passons au plus vite à la vraie réforme. Celle qui changera vraiment la vie des Français, en la confortant plutôt qu’en la compliquant. Celle qui protégera nos services publics, facteurs clés de notre développement et de notre attractivité, aujourd’hui gravement menacés par l’ampleur des déficits.

Réduire les dépenses pour sauver notre contrat social, reconstruire la confiance et relancer la croissance. La voilà la vraie, la seule urgence.

A l’issue de quatre décennies de déficit budgétaire, nous nous retrouvons dans la zone euro, avec le plus fort déficit extérieur, le plus de jeunes sortant sans qualification du système scolaire, la croissance la plus faible ; et nous y sommes les seuls dont la compétitivité ne s’est pas améliorée. Nous devons réformer l’éducation nationale, le système de santé, le millefeuille territorial, le marché de l’emploi… Nos régimes sociaux périclitent, le chômage de masse perdure et dans son sillage la souffrance s’étend dans le corps social. La modestie des taux d’intérêt auxquels nous refinançons notre dette n’est pas garantie sur le long terme. Il faut rompre avec cette trajectoire mortifère.… Que faire ?

La rénovation de l’Etat s’impose. Elle est possible! Canadiens, Suédois, Allemands et tant d’autres, ont montré la voie. En France, voilà des années que nous nous limitons à trouver des économies ici et là, sans avoir pris la mesure de l’effort à engager ni de la méthode à mettre en oeuvre. Il est bien de gagner quelques millions sur le parc automobile d’un ministère. Mais à quoi bon, si l’on évite soigneusement de se demander si le ministère a besoin d’un parc automobile ; et si nous avons besoin de ce ministère… Ce n’est pas ainsi que nous réaliserons les dizaines de milliards d’économies à trouver

La vraie remise à plat à entreprendre, ce n’est donc pas celle de la fiscalité, c’est celle de notre Etat. Comment ? Un gouvernement de redressement, de reconquête et de simplification s’impose. Il sera composé d’une quinzaine de ministres d’expérience, des politiques, qui s’appuieront sur une véritable équipe de management au sein des ministères. Il fixera des objectifs de réduction des dépenses d’ici à 2017, en se donnant trois ans pour mener à bien les projets de transformation et d’économies. Son pilotage par l’évaluation permanente au sommet de l’exécutif associera fonctionnaires et parlementaires. Il engagera la convergence des statuts publics et privés pour les nouveaux entrants, en commençant par les hauts fonctionnaires ; il inclura dans son champ l’ensemble des collectivités publiques, notamment une réforme pragmatique des structures territoriales axée autour des grandes métropoles.

Pour mener à bien un tel programme, la main ne doit pas trembler. Du professionnalisme et de l’autorité ! Trois ans devant nous pour permettre aux Français de reprendre confiance en leurs dirigeants, en leurs pays, en eux-mêmes. C’est possible. C’est nécessaire. C’est maintenant.

Entry with Post Format « Video »

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetuer adipiscing elit. Aenean commodo ligula eget dolor. Aenean massa. Cum sociis natoque penatibus et magnis dis parturient montes, nascetur ridiculus mus. Donec quam felis, ultricies nec, pellentesque eu, pretium quis, sem. Nulla consequat massa quis enim. Donec pede justo, fringilla vel, aliquet nec, vulputate eget, arcu. In enim justo, rhoncus ut, imperdiet a, venenatis vitae, justo.

Nullam dictum felis eu pede mollis pretium. Integer tincidunt. Cras dapibus. Vivamus elementum semper nisi. Aenean vulputate eleifend tellus. Aenean leo ligula, porttitor eu, consequat vitae, eleifend ac, enim. Aliquam lorem ante, dapibus in, viverra quis, feugiat a, tellus.

 

Lire la suite

Pour une remise à plat de la fiscalité des biens professionnels

Alors que s’ouvre le débat sur la remise à plat de la fiscalité, il importe de ne pas poursuivre les mêmes chimères que lors de la campagne présidentielle. Les Gracques avaient mis en garde contre l’obsession de l’équité verticale (c’est-à-dire de la progressivité de l’impôt, qui suppose que les riches paient proportionnellement plus d’impôts que les pauvres).

En effet, même si on en parle moins, l’équité fiscale passe aussi par l’équitéhorizontale : « à revenu égal, impôt égal ». A cet égard, le régime d’imposition des ménages fortunés souffre d’un biais majeur : selon qu’elles sont décapitalisées ou laissées dans le bilan de sociétés, les ressources financières de ces ménages sont traitées très différemment. Et cette différence créée un biais tel qu’elle rétroagit sur l’équité verticale en permettant aux hyper-riches d’échapper presqu’entièrement à l’impôt.

Si le débat sur la remise à plat de la fiscalité risque de se concentrer sur le commun des niches fiscales ouvertes aux investisseurs (Scellier et autres), ces niches destinées aux classes moyennes supérieures ne sont pourtant pas le principal enjeu de l’imposition du dernier « millime » de revenus.

Pour cette catégorie de contribuables, le vrai sujet est plutôt celui de la fiscalité des biens professionnels, qui touche autant à l’imposition du patrimoine qu’à celle des revenus. En effet, le taux d’imposition moyen au sein de ce dernier millime est très variable, suivant le degré de capitalisation des ressources financières. Parmi les possesseurs d’entreprises ou de participations, les « moins riches » ont besoin, pour financer leurs dépenses, de se verser des dividendes soumis à prélèvement libératoire. Au sommet de la pyramide, les contribuables les plus aisés peuvent au contraire se permettre de laisser une plus grande part de leurs revenus financiers dans des entités intermédiaires (sociétés diverses, holdings, etc.). Or devenus biens professionnels, les produits du patrimoine financier ne sont soumis ni à l’impôt sur le revenu, ni à l’ISF. C’est essentiellement par ce mécanisme que la contribution fiscale des très grandes fortunes se trouve, injustement, réduite à la portion congrue.

Il serait parfaitement possible de taxer ces biens professionnels au titre du patrimoine à hauteur de 0,2 ou 0,3%. Par l’instauration d’une telle fiscalité, nous amènerions le cercle très restreint des grands actionnaires particuliers à participer plus raisonnablement aux dépenses publiques.

Pour parvenir à une parfaite équité fiscale, cette nouvelle imposition du patrimoine financier pourrait tout simplement remplacer la fiscalité des revenus financiers : décapitalisés ou laissés dans les entités intermédiaires, ces revenus seraient ainsi soumis au même prélèvement.

Voilà comment mettre fin à une vraie injustice de notre système fiscal, de manière simple et difficilement contestable.