Message de Daniel Cohn-Bendit: ouverture de la 5ème Université des Gracques

Message vidéo de Daniel Cohn-Bendit pour l’ouverture de la 5ème Université des Gracques du samedi 21 novembre 2015. «  »Se confronter, écouter, remettre en question. »

Suivez le live-tweet de l’Université sur le site des Gracques et #gracques
 
 

Reprendre confiance

Reprendre confiance

La cinquième Université des Gracques devait-elle se tenir comme prévu ce samedi 21 novembre,  8 jours après la folie meurtrière qui a ensanglanté Paris ?

Nous nous sommes posés la question et avons interrogé les jeunes étudiants de Sciences-po avec qui ont été préparés les débats. Ce sont eux qui nous ont convaincus qu’il fallait aller de l’avant. Que renoncer serait, en quelque sorte, céder à nos agresseurs ; qu’il y avait un besoin urgent de parler et d’échanger ;  que lorsque la démocratie est attaquée, rien n’est plus important que de préserver la qualité du débat public.

Voilà pourquoi l’Université des Gracques se tiendra bien le 21 novembre, dans l’enceinte dédiée à la société civile, le Conseil Economique, Social et Environnemental.

Le thème qui avait été choisi «  Reprendre confiance » sonne étrangement, au moment où nous sommes attaqués par des agresseurs qui visent précisément à nous abattre et à nous diviser. C’est pourtant bien de cela qu’il s’agira, au cours des différentes tables rondes. Confiance entre générations, avec une réflexion autour de la place de la jeunesse dans la société française. Confiance en l’Europe pour nous permettre de relever les défis de toute nature qui nous attendent au XXIè siècle, à commencer par celui de la sécurité. Confiance économique, ce qui suppose de réinventer les voies et moyens pour sortir d’un système qui trouve son équilibre dans un chômage de masse. Confiance politique enfin, un mois avant les régionales, un an et demie avant l’élection présidentielle, ce qui appelle à des changements profonds et ouvre notamment l’hypothèse d’un gouvernement de coalition.

C’est de tout cela qu’il sera question samedi. C’est pour faire bouger les lignes de la société française et moderniser le logiciel politique de la gauche de gouvernement que se sont engagés les Gracques depuis 2007. Nous continuerons de plaider inlassablement pour la réforme comme pour ceux qui tentent de la mener à bien en France et en Europe. Comme nous plaiderons aussi pour que le peuple des « outsiders », des jeunes, des chômeurs qui aspirent à travailler, des entrepreneurs, des créateurs, des minorités, retrouve le droit d’être représenté, la dignité de l’emploi et l’espoir de l’ascenseur social. Tout doit être mis en œuvre pour que l’extraordinaire capacité d’adaptation et d’innovation qui existe dans notre pays profite à chacun au lieu que d’être étouffée sous le poids du passé, de la dette, des corporatismes, de l’indifférence d’un monde ancien qui veut que rien ne change ou des peurs que nos adversaires veulent installer.

Sortir de la défiance qui paralyse, susciter la confiance qui permettra de réformer vraiment, voilà le programme de la cinquième université des Gracques, le samedi 21 novembre prochain au CESE : Introduite par Daniel Cohn-Bendit, conclue par Emmanuel Macron.  Avec les associations étudiantes de sciences-po, Yann Algan, Frank Annese, Gilles Babinet, Franco Bassanini, Rachid Benzine, Pervenche Bérès, Jean-Francois Borloo, Ryad Boulanouar, Sharan Burrow, Roland Cayrol, Gerard Collomb, Emmanuelle Duez, Hakim El Karoui, Guillem Gervilla, Sylvie Goulard, François Heisbourg, Gilles Kepel, Alexandre Lacroix , Enrico Letta,  Ana  Palacio, Robert Rochefort , Agnès Verdier Molinié,… 

Programme Université des Gracques au 20.11.2015 (format .pdf)

Pour en savoir plus : www.lesgracques.fr.

Entrée libre sous réserve d’inscription en ligne préalable

Université des Gracques le samedi 21 novembre 2015

5ème Université des Gracques

Samedi 21 novembre 2015  au Conseil Economique Social et Environnemental

Pour des raisons de sécurité, l’Université des Gracques ne pourra se tenir comme initialement prévu à Sciences Po. Elle aura toutefois bel et bien lieu ce samedi 21 novembre au Conseil Economique Social et Environnemental, situé 9 place d’Iéna – 75 016 PARIS.

Programme Université des Gracques au 20.11.2015 (format .pdf)

 

Le nombre de places disponibles étant limité, nous vous invitons dès à présent à vous inscrire à l’événement ici et de vous munir pour l’accès le jour de l’Université d’une pièce d’identité valide.

Inscrivez-vous dès aujourd’hui!

 

PROGRAMME DE L’UNIVERSITE AU 20.11.2015

Programme Université des Gracques au 20.11.2015 (format .pdf)

8h00 : Accueil des participants

 

OUVERTURE DES DEBATS

9h00 : Ouverture de Bernard Spitz, président des Gracques

 

PREMIERE PARTIE

9h05 – 9h30 : Introduction vidéo de Daniel Cohn-Bendit, suivie d’un échange entre lui et les représentants de deux associations de Sciences Po, Europeans Now Sciences Po et La Péniche

9h30 – 11h : 1ère table ronde : « France, quel avenir pour ta jeunesse ? »

Intervention de La Péniche, journal étudiant de Sciences Po

Animation Marie-Laure Sauty de Chalon, PDG de Auféminin.com

  • Yann Algan*, professeur d’économie, doyen de l’Ecole d’Affaires Publiques de Sciences Po
  • Gilles Babinet, digital Champion de la France auprès de la Commission européenne
  • Rachid Benzine, islamologue, chercheur associé à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence
  • Emmanuelle Duez, cofondatrice du Boson Project, présidente de WoMen’Up
  • Hakim El Karoui, fondateur du Club XXIe siècle pour la diversité
  • Alexandre Lacroix, écrivain, directeur de la rédaction de Philosophie Magazine, enseignant à Sciences Po Paris
  • Répondant : l’association Noise, La Ville

11h – 11h15 : Pause

 

DEUXIEME PARTIE

11h15 – 11h20 : Intervention de La Péniche, journal étudiant de Sciences Po

11h20 – 13h : 2ème table ronde : « L’Europe face à ses peurs »

Animation Pascal Blanchard, historien, chercheur au Laboratoire Communication et Politique du CNRS, codirecteur du groupe de recherche Achac

  • Franco Bassanini, président de la CDP Reti, conseiller spécial de Matteo Renzi  président du Conseil des ministres italiens
  • Pervenche Berès, présidente de la Délégation socialiste française et députée européenne
  • Guillem Gervilla, président des Jeunes Réformistes Républicains, co-organisateur des Etats Généraux de la Jeunesse 2016
  • François Heisbourg, président de l’International Institute of Strategic Studies, conseiller spécial de la Fondation pour la recherche stratégique
  • Ana Palacio, membre du Conseil d’Etat espagnol, ancien ministre des Affaires étrangères d’Espagne
  • Répondant : l’association Europeans Now Sciences Po

TROISIEME PARTIE

14h20 – 14h25 : Intervention de La Péniche, journal étudiant de Sciences Po

14h25 – 14h35 : Keynote Speech de Gilles Kepel*, politologue, professeur des universités à Sciences Po

14h35 – 14h45 : Introduction du débat par Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération Internationale des Syndicats

14h45 – 16h : 3ème table ronde : « Remettre en marche l’ascenseur social »

Animation Emmanuelle Wargon, ancienne Déléguée générale à l’emploi et à la formation professionnelle, directrice générale affaires publiques et communication chez Danone

  • Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération Internationale des Syndicats
  • Ryad Boulanouar, créateur du compte-nickel
  • Jean-Baptiste de Foucauld, ancien commissaire au plan, cofondateur de l’association “Solidarités nouvelles face au chômage”
  • Carlotta de Franceschi,  présidente d’Action Institute et ancienne conseillère de Matteo Renzi
  • Agnès Verdier Molinié, directrice générale de l’IFRAP
  • Répondant : l’association Parti Socialiste de Sciences Po

16h – 16h15 : Pause

 

QUATRIEME PARTIE

16h15 – 17h30 : 4ème table ronde – « Politique : le temps des ruptures ? »

Intervention de La Péniche, journal étudiant de Sciences Po

Animation Roland Cayrol, directeur de recherche associé, Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF)

  • Jean-Louis Borloo, ancien ministre et ancien Président de l’UDI, président de la fondation « Energies pour l’Afrique »
  • Gérard Collomb, sénateur, Maire de Lyon
  • Enrico Letta, ancien premier ministre italien, doyen de l’École des Affaires internationales de Sciences Po (PSIA)
  • Robert Rochefort, vice-président du Modem, Député Européen
  • Répondant : l’association UDI Sciences Po

 

CONCLUSION DE LA JOURNEE

17h30 – 18h15 : Intervention d’Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique – suivie d’un échange avec la salle

Assemblée générale des Gracques

L’assemblée générale aura lieu samedi 25 mai à 10h du matin. Nous invitons tous les membres à se joindre à nous. Si vous souhaitez vous inscrire, veuillez nous contacter à aggracques@gmail.com (nous vous indiquerons le lieu).

Les débats sont ouverts à tous, toutefois pour pouvoir participer au vote, il faudra que les membres soient à jour de cotisation, qu’il sera possible d’acquitter sur place.

Les Gracques

Les Gracques aux EGR

Aujourd’hui et demain se tiennent les Etats généraux de la République à Grenoble, organisés par Libération en partenariat avec de nombreux think tanks. Les Gracques y seront représentés dans plusieurs tables rondes.

Vous pouvez retrouver le programme ici:

http://www.mc2grenoble.fr/saisons/2012-2013/20130128-programme-etats-generaux-de-la-republique.pdf

Les Gracques sur Twitter

Chers amis,

Les Gracques s’expriment désormais sur Twitter. Retrouvez leur actualité en temps réel en devenant « follower » du compte @LesGracques.

Une université d’été réussie

L’Université d’été des Gracques s’est tenue samedi 30 juin au Théâtre de Villette. La journée a été riche d’interventions remarquables. En particulier, les éclairages proposés par les panélistes étrangers (Kemal Dervis, Ana Palacio, Franco Bassanini, Rushanara Ali, John Evans, Gil Rémillard, Enrico Letta et Bozidar Djelic) ont donné aux débats sur la crise une profondeur de champ et un précieux recul.

La brillante synthèse de Lionel Zinsou sur la compétitivité européenne, les échanges de Daniel Cohen et Guillaume Hannezo, le dynamisme de Pierre Vilpoux, les analyses de Jean-Claude Mailly et bien sûr les propos conclusifs de Michel Sapin ont également contribué à cette réussite.

Les Gracques souhaitent remercier à nouveau l’ensemble des invités, des modérateurs et du public pour leur participation à cette université d’été, dont les actes et les vidéos vous seront bientôt proposés sur le site.

universite ete 2012-2

 

Un autre monde…Discours inaugural de l’Université d’été par Bernard SPITZ

Un autre monde…

Je me souviens, il y a 5 ans, de notre première université d’été, dans ce beau théâtre de la Villette!  L’image que j’en ai gardée, c’est  celle d’un jour parfait avec des débats spontanés, de la vie, de l’envie. Nous avions des visiteurs de marque qui nous disaient que la gauche était défaite, oui, mais qu’elle pouvait se réinventer. Qu’elle devait le faire. Il y avait la gauche italienne qui tentait de se recomposer avec Francesco Rutelli, il y avait Peter Mandelson et bien d’autres…

Bernard Spitz - Université d'été 2012

C’est Antony Giddens qui avait fait le discours inaugural. Il nous avait dit: la voie sociale démocrate est la bonne, à condition de la réinventer. Parce que si nos valeurs sont intactes, si notre envie d’égalité, de solidarité, de justice, demeurent, le monde dans lequel nous vivons a changé.  Il s’est numérisé, il s’est élargi, il s’est démographiquement déplacé. Cela signifie que les postulats de la social-démocratie traditionnelle sont dépassés, que nous sommes en train de nous projeter dans autre chose, une sorte de post social-démocratie qu’il nous faut inventer et assumer. Ce sera l’occasion de notre premier débat de la journée, un débat essentiel puisqu’il pose le cadre intellectuel, en terme de philosophie politique de ce que nous poursuivons. Et je suis heureux pour en parler que nos grands témoins des deuxième et troisième Université, Marcel Gauchet et Kamel Dervis soient avec nous, ainsi qu’Hubert Védrine fidèle lui aussi de nos travaux depuis le début.

Nous vivons déjà dans un autre monde…

Le monde s’est numérisé. Il a  changé avec les nouvelles technologies qui font que le vécu au travail se transforme, dans son exécution, dans sa localisation, dans sa pénibilité, etc… Les besoins et les méthodes de formation ont changé, ce qui conduit à réviser nos rythmes scolaires comme les contenus. Le monde a aussi évidemment changé dans son rapport à l’environnement, à la consommation, à la conception de l’espace urbain et à l’information, pour le meilleur et pour le pire.

Le monde s’est élargi. Avec le passage du G7 au G20, c’est à dire un monde où les pays du Sud ne sont plus forcément ni les plus pauvres, ni les moins avancés, ni les moins stables. Les Brics nous saluent bien; et surtout ils nous prêtent. Car nous vivons, nous Français tout particulièrement, à crédit; et ce sont largement eux qui nous assurent nos fins de mois. Ils regardent notre incapacité à gérer nos affaires en Europe et nous jugent sévèrement. Car ce monde élargi tourne désormais économiquement avec nous, souvent indépendamment de nous,  et parfois sans nous. Les émergents n’ont pas l’impression que le centre de gravité du monde soit en Europe et ils n’attendent plus de savoir ce que nous Français pouvons penser. Leur vie est ailleurs.

Notre monde a aussi une nouvelle géographie des âges. Les pionniers de l’Union européenne y représentent un îlot âgé dans un monde jeune. Et  dans un pays comme le nôtre,  le vieillissement vient bouleverser les idées préconçues : on ne peut plus parler de répartition dans un pays qui a plus d’inactifs que d’actifs comme l’on en parlait il y a 30 ans, quand c’était le contraire. Il va bien falloir parler d’épargne, c’est à dire de capitalisation pour mutualiser  l’effort dans le temps. Et envisager des scénarios économiques neufs en matière de protection sociale. Cela a beaucoup de conséquences, la première étant de nous inciter à arrêter de favoriser les personnes âgées au détriment des jeunes générations, comme on le fait depuis 40 ans. Or les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses et ce sont celles qui votent le plus. Voilà qui promet de beaux dilemmes politiques…

Dans ce monde en mouvement, la France a- t-elle changé? La gauche, qui a gagné comme jamais sous la cinquième république, en est où de cette mutation vers la post social-démocratie dont parlait Giddens? Et comment va-t-elle se comporter à l’épreuve du changement : c’est à dire face à la nécessité à la fois de permettre à l’Europe de franchir un cap dramatique, puisque c’est son existence qui est en jeu ; et de conduire les réformes qui permettront à la France de réussir son désendettement et son regain de compétitivité, sans sacrifier ni la croissance ni la protection sociale. Voilà les questions clés, ce sont celles qui marqueront nos débats au fil de cette journée.

Qu’est ce qui a changé en France ,depuis? Dans notre livre, nous disions l’université, essentiellement. Sur les retraites, il fallait bouger mais pas comme ça puisque la réforme des régimes spéciaux est de type grec, elle coûte encore plus cher après qu’avant; et que le débat sur l’âge de la retraite à été pris en otage par la volonté de cliver plutôt que de négocier les solutions. Pour le reste, inutile d’épiloguer : les agences de notation ont sanctionné nos dérives et le peuple français a tranché.  Le résultat c’est que c’est qu’il nous revient de faire en sorte aujourd’hui que cesse  » ce qui ne peut plus durer »

Ce titre vient d’une réflexion de Malraux dans un texte intitulé le Triangle Noir et qui fait le lien entre Laclos, Goya et Saint-Just : un écrivain, un peintre et un homme politique qui expriment, à un moment donné, chacun à leur façon, que l’ordre ancien doit plier ; que nous en sommes arrivés à l’un de ces moments dans l’histoire où le monde bascule parce que chacun en arrive au constat que « cela ne peut plus durer ». Nous nous y sommes risqués,  en partant de ce qui nous a semblé une évidence : que la société française est arrivée à un point où elle attend d’abord du respect de ses dirigeants et de l’exemplarité de la part de ses élites. Ce sont nos deux premiers chapitres! Et de ce point de vue, nous nous retrouvons dans ce qui a été accompli.

Reste la suite. Et donc des révisions dans pas mal de domaines où les Gracques ne disent pas toujours ce qu’il est traditionnel de soutenir à gauche. Nous défendons  la création de richesses et la compétitivité des entreprises ; ce qui nous éloigne des politiques de subventions à court terme qui calment la douleur mais coûtent cher et surtout retardent voire condamnent  la modernisation. Nous encourageons l’imposition sur l’héritage et la réforme du quotient familial parce que ce sont des mesures justes,  mais nous défendons l’épargne et donc les revenus du capital, tout simplement parce que la croissance a besoin de financer les investissements et que nous devons  pour cela encourager les investisseurs.  Nous  soutenons une politique de production en France mais en laissant l’état à distance et en  dénonçant  les monopoles et les situations de rentes, a fortiori quand elles sont financées par le contribuable. Nous appelons de nos vœux  une vraie réforme de l’Etat qui se traduise par de réelles économies et un meilleur service rendu au pays, et  nous allons défendre pour cela des réformes structurelles dans l’éducation, la santé, les transports, le logement….

En disant cela, allons nous choquer ?  On peut espérer que non. Parce que la gauche a muri  et que l’élection de François Hollande change la donne. François Hollande était l’invité d’honneur de notre avant dernière université d’été.  Ceux qui étaient là, boulevard Malesherbes, se rappellent que nous avions été frappés par sa détermination et par la réflexion qu’il avait engagée,  qui n’était  plus celle du premier secrétaire du PS: « Nous avons trop misé sur la demande disait-il notamment, il nous faut réinventer un discours de gauche qui fasse toute sa place à une approche par l’offre ». Il était alors déjà à  sa façon, avec son histoire, sur la voie que nous qualifions de post social-démocrate.

Bien conduire le changement est d’une immense importance, tant les périls sont nombreux. Il suffit de compter le nombre impressionnant d’articles qui font référence à la crise des années 30, pour se convaincre de la gravité de la situation. Le front de l’euro est fragile. Derrière, ce sont toutes les économies européennes et même mondiales qui sont menacées. Nous écrivions dans un article du Monde intitulé « La bourse ou la vie  » en 2008 : « vous avez aimé la faillite des banques? Si rien n’est fait, dans quelques temps, nous aurons rendez-vous la faillite des États  » Oui , les États font faillite, la Grèce en est d’ailleurs à sa quatrième en 150 ans. Sauf qu’en 2008 Il a suffi qu’une banque tombe pour que la finance mondiale vacille. Après la Grèce, à qui le tour ? Que se passera t-il si les dominos ont la taille des états?

C’est de tout cela que nous allons parler aujourd’hui, sans tabous ni fausse naÏveté; en mettant au service de l’intérêt général à la fois ce que nous savons de la chose publique ; et ce que nous avons appris du monde privé, de l’entreprise, du monde réel où existe ce mot qui ne nous inspire ni peur, ni fascination, qu’est le marché.

Nous allons donc d’abord parler de la post social-démocratie, ce qu’elle implique comme révision politique en France et par rapport au vaste monde. Après, nous allons débattre de la crise économique, celle qui nous fait danser au dessous du volcan. Et puis nous parlerons de croissance, comment la susciter, avec des hommes d’entreprises et des regards amicaux venus d’ailleurs. Ensuite, nous traiterons  de la réalité sociale et de la façon de concilier le besoin de protection et les nouvelles aspirations de la société  avec ce monde qui change. Et enfin, nous conclurons par l’approche politique, en quelque sorte la synthèse opérationnelle : comment fait-on et quel projet la gauche doit-elle aujourd’hui défendre, en France et au-delà; bref, l’objectif et la méthode.

Un grand merci à tous ceux qui se sont donnés du mal pour organiser cette 4 eme université : à Marie, qu’on embrasse. À Jacques Galvani, notre secrétaire général qui animera le débat de cet après midi sur la production. À nos vice présidents Roger Godino et Dominique Villemot qui symbolisent si bien par leur engagement personnel comme professionnel notre fidélité à une certaine idée de la gauche. À toute l’équipe des fondateurs, c’est à dire les jeunes vétérans qui seront les animateurs des table-rondes: Gilles de Margerie, Philippe Tibi , Marie-Laure Sauty de Chalon. Merci à l’équipe des jeunes, qui veillent sur notre site et sur nos débats. Un message amical à ceux qui sont aujourd’hui dans les cabinets, qui bossent. Et un grand merci à nos invités, des vrais fidèles des Gracques: spécialement  à nos invités étrangers et aux ministres qui, malgré leur agenda, ont choisi d’être avec nous. Et puis merci à vous tous d’être venus, parfois de loin. Il y a beaucoup de choses passionnantes à faire un samedi à Paris et de théâtres qui offrent des spectacles plus divertissants. Merci à vous qui avez choisi d’être ici.

Si vous êtes là, c’est parce que vous  savez que la victoire de François Hollande et le résultat  des législatives ne marquent que le signal d’un départ. Le chemin va être long.  Notre rôle n’est plus de contribuer à la victoire de la gauche. C’est fait et les Gracques espèrent que la petite musique que nous avons jouée  a pu y contribuer, aussi modestement cela fût-il. Notre rôle maintenant est de faire que cette victoire soit, non pas un moment entre deux moments, mais l’amorce d’une mutation, à la fois douce et profonde. Nous pensons en effet que l’avènement d’une post social démocratie française est l’enjeu de la nouvelle mandature.

Nous pouvons et nous voulons être un laboratoire de ces idées – là. Au service d’une gauche progressiste et européenne a qui revient le destin historique de faire passer la France de l’avant Bad-Godesberg à l’après Los Cabos : un autre monde…

Le moment post social démocrate est arrivé. Les Gracques continuent !

Quel projet pour la post social démocratie ?: Résumé des débats de l’Université d’été

Kemal Dervis,  vice-président de Brookings Institution, président du Conseil international de Akbank, ancien directeur général du PNUD, ancien ministre turc de l’économie.

Marcel Gauchetphilosophe et historien, directeur d’études à EHESS, rédacteur en chef de la revue Le Débat.

Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères.

Animateur : Gilles de Margerie

Université d'été 2012

Gilles de Margerie :

La nouvelle équipe gouvernementale a conscience des défis futurs (maîtrise de la dette, gestion de la crise), ce qui implique une capacité à redonner à la France un rôle moteur en Europe.

Le compromis qui caractérise la social-démocratie européenne ne s’est jamais ancré dans la pratique politique française : comment pouvons-nous en France inventer un tel projet ?

(Interruption par La Barbe, constatant 21 intervenants masculins sur 24. Les Gracques ont retenu le message. Gilles de Margerie a rappelé que pour la première fois, nous avons un gouvernement qui respecte la parité.)

 

Marcel Gauchet :

Nous sommes les héritiers de la social-démocratie. Si ses recettes ont perdu de leur pertinence, l’héritage de justice sociale conserve toute son actualité. Quels sont les moyens ou les instruments qui peuvent être les siens dans le monde actuel ?

Il est tout d’abord nécessaire de faire le bilan de la social-démocratie, en particulier de ses limites : celles-ci découlent des changements intervenus dans la géographie économique mondiale, les changements dans les systèmes productifs (économie de la connaissance) et dans la société (individualisation par opposition aux classes sociales). La social-démocratie est-elle un socle incontestable ? Le modèle européen est-il encore pertinent ? Celui-ci semble historiquement dépassé puisque l’Europe est en train de s’aligner sur un programme libéral. Cette vision enferme les sociaux-démocrates dans une stratégie défensive. La gauche social-démocrate doit retrouver une audience sur fond d’un grand scepticisme. C’est à cette difficulté que va se trouver confronté, entre autres, le nouveau gouvernement français.

Répondre à ces défis suppose de reformuler un projet social-démocrate adapté au monde dans lequel nous vivons. Il doit reposer sur une gestion rigoureuse mais surtout sur une capacité de proposition.

La rupture sarkozyste constitue un antimodèle. L’échec de la stratégie de réforme sarkozyste est notable. Ainsi, la négociation avec des partenaires sociaux fantomatiques, car peu représentatifs, ne mènera à rien. La Gauche, en tant qu’héritière des Lumières, doit reprendre l’initiative. L’exigence de justice constitue une de ses composantes principales. C’est elle qui lui donnera la capacité de faire adhérer les populations à un projet raisonnable.

Le régime de technocratie bienveillante, ne prenant pas en compte les populations, est à bout de souffle. La décennie passée a consacré le vide doctrinal des gauches sociale-démocrates face à l’évolution de l’idéologie libérale. La crise a bouleversé cet ordre. La pensée sociale-démocrate peut reprendre l’initiative, par l’audace intellectuelle et la discussion sans sectarisme. Il faudra trouver la bonne grille de compréhension pour rendre intelligible la crise.

L’Etat incarne la sacro-sainte notion de service public, à laquelle il faut donner un contenu. Il faudra pour cela rendre les services publics plus efficaces, par opposition à la politique du moindre coût.  Il s’agit de préserver la qualité future de l’hôpital public, pour lequel les Français ont le sentiment d’une dégradation progressive. Il s’agit également de la scolarisation de la petite enfance. Celle-ci ne se réduit pas au problème de garderie des enfants pour favoriser l’activité des femmes, mais constitue aussi une question de justice sociale. La notion de Travail doit être entièrement repensée. Certaines notions ont fait la preuve de leur nocivité : « travail non qualifié », « société post-industrielle ». L’exemple de l’Allemagne montre que ces notions, en plus d’être dégradantes pour les individus, n’ont aucun sens. Il apparaît indispensable que la social-démocratie remette le travail au centre de la société et restaure la dignité des personnes.

 

Kemal Dervis :

La social-démocratie ne doit subir aucun changement radical : les grands principes demeurent. Dans un contexte globalisé, le défi réel est celui des outils.

Si l’on parle post social-démocratie, il faudrait également parler de post-libéralisme car la Droite est confrontée aux mêmes difficultés que la Gauche, en premier lieu, l’incapacité à alimenter une croissance soutenable dans les pays développés. La dette brute des USA est plus importante que celle de l’Eurozone, relativement à la richesse nationale. Le second problème de la concentration des revenus alarme de plus en plus aux Etats-Unis, où 1% des plus riches ont reçu 24% des revenus en 2007. Ce constat s’applique également à la Chine, tandis que l’Europe fait jusqu’à présent exception. Mais le modèle européen pourrait être contraint de s’aligner du fait de la crise actuelle.

 

Kemal Dervis envisage deux chantiers majeurs pour la social-démocratie :

1er chantier : une réponse social-démocrate à chaque niveau. Dani Rodrik, professeur à Harvard, explique qu’il faut ralentir la mondialisation, qui a pris le pas face à la démocratie. Il faut utiliser la grille des quatre niveaux de gouvernance : niveau local (cité, région), Etat-Nation, continental (surtout en Europe), niveau mondial, pour appliquer à chacun de ces niveaux les principes de la social-démocratie de façon cohérente. Un contre-exemple frappant est la nomination comme conseiller de Barack Obama du CEO de General Motors. Il s’est avéré un peu plus tard que GM ne payait pas d’impôts aux Etats-Unis, ce qui a créé un scandale.

2ème chantier : L’organisation du travail. Celle-ci passe notamment par la formation tout au long de la vie, la flexibilisation de la retraite pour prendre en compte les choix personnels. En matière d’immigration, face à la Droite qui reprend l’initiative (Romney veut accorder des permis de séjours permanents aux étrangers ayant obtenu un diplôme supérieur), la Gauche ne peut se limiter à l’immigration familiale.

 

Hubert Védrine :

Parler de post social-démocratie supposerait qu’elle soit morte. Or, bien qu’il y ait peu de sociaux-démocrates en dehors d’Europe, les sociétés développent ce type d’aspirations. Y a-t-il des sociaux-démocrates dans les pays émergents ? S’ils n’existent pas, il faudra s’allier avec les courants qui leur sont les plus proches.

Rien ne dit à l’avance que ce sont les sociaux-démocrates qui réussiront le mieux à prendre en compte les défis de demain. Réussiront-ils à établir une croissance durable, sans bulles spéculatives, dans laquelle le système financier serait revenu aux fondamentaux ? En outre, la social-démocratie se doit d’introduire la transition écologique, et ne peut la sous-traiter. Cette transition, qui inclurait la comptabilité des stocks et non celle des seuls flux, peut être source de croissance.

Le sentiment d’impuissance ronge la démocratie. La démocratie représentative a besoin d’un nouveau souffle, qui peut prendre la forme de la démocratie participative.

Dans un contexte de compétition internationale, les Européens hésitent entre un paradis moral, éthique ou une entité de puissance raisonnable. Les Européens sont plutôt hostiles à la notion d’Europe puissance mais souhaitent un vaste espace protégé. Ces questions se cristallisent sur celles des mouvements migratoires. Cet enjeu complexe se présente différemment en fonction des régions, avec en particulier la forte croissance des migrations Sud-Sud. Il convient d’ajuster les flux aux capacités d’accueil.

Parce que les occidentaux n’ont plus le monopole de la puissance, les Européens souffrent du sentiment anxiogène de perte de pouvoir, perte de citoyenneté. Ils sont confrontés à un choix : stabiliser la ligne politique et les limites géographiques de l’Union Européenne. En particulier, il sera nécessaire de déterminer une fois pour toutes les limites de l’UE et d’envisager la suppression du commissariat à l’élargissement quand ce processus sera achevé.

 

Gilles de Margerie :

La vie de la société française se caractérise par la faiblesse du dialogue social. L’Etat doit être capable d’insuffler un nouveau souffle aux négociations entre partenaires sociaux. Quelle est la légitimité politique d’une Union Européenne qui s’est dotée des apparences de légitimité démocratique ?

Kemal Dervis :

Les partis politiques sociaux-démocrates devraient compter dans leurs instances dirigeantes au moins un dixième de représentants venus d’autres pays européens.

Hubert Védrine :

Les aspirations doivent trouver un cadre. Rien ne se substituera à la légitimité des institutions nationales. Les divergences nationales sont plus fortes : la langue est une barrière, l’éloignement aussi. La comparaison avec les Etats-Unis a d’importantes limites. Il est donc important d’organiser la complémentarité des niveaux de décision.

Marcel Gauchet :

L’évolution de l’offre politique est allée à rebours de la demande sociale. L’exaltation de la société civile (« dialogue social ») ne signifie rien. Une société hyper-différenciée, individualisée est une société où la capacité d’expression publique est limitée, d’où la crise de la représentation.

Le système de la construction européenne est aujourd’hui dépassé. La Commission européenne ne pourra pas devenir le nouvel exécutif européen. Par rapport au choc de la mondialisation, les institutions européennes sont incapables d’articuler une réponse.

Il existe des contradictions entre les codes génétiques des partis socialistes ou sociaux-démocrates, qui sont essentiellement nationaux. Seront-ils capables de transcender leurs racines nationales ? En particulier, le parti Socialiste français est un parti d’élus, que les questions transnationales les intéressent peu. Il faut faire de l’Europe un espace clivé politiquement.

Kemal Dervis :

Le parti du Travail Brésilien, le parti du Congrès Indien seront des partenaires futurs.

La prise en compte dans la conscience nationale du niveau mondial est un défi comparable à celui de la prise en compte de l’intérêt général. Il s’agit d’un saut de conscience du même ordre.

Face à la crise financière: Résumé des débats de l’Université d’été

Daniel Cohenprofesseur d’économie à l’Ecole Normale Supérieure, membre du Conseil d’Analyse Economique (CAE).

Guillaume Hannezomembre fondateur des Gracques, ancien conseiller économique de François Mitterrand.

Ana Palacioancienne ministre des affaires étrangères d’Espagne, ancienne vice-présidente de la Banque Mondiale.

Animateur : Philippe Tibi

 

Ana Palacio :

(En réponse à La Barbe, Ana Palacio a insisté sur défi de la présence des femmes).

Le défi européen est un défi du centre (social-démocrate ou PPE) : avec la crise, les extrêmes sont dans une situation plus favorable que le centre.

Nous sommes confrontés à un changement de tempo, qui remet en cause les accords économiques établis dans le contexte relativement stable de la guerre froide. La légitimité politique initiale des pères fondateurs a été remplacée par une légitimité fonctionnelle (technocratie de la Commission Européenne), la participation aux élections européennes diminue, le moteur franco-allemand a volé en éclats, personne ne s’est tourné vers la Commission lors de la crise, les institutions ont fait la preuve de leur inefficacité : c’est le pouvoir qui prend le dessus, entraînant une hégémonie allemande. Les concessions allemandes ont été à chaque fois réalisées trop tard pour qu’elles soient efficaces, entraînant une crise de confiance entre le Sud et le Nord. Au débat politique s’est superposé un débat moral (Sud paresseux, Nord rigide). Le sentiment de pessimisme européen est encore plus poussé en France.

Il n’y aura pas d’Union bancaire sans cession de souveraineté.

Au niveau national, il faudra développer des Etats performants et faire le tri entre ce que nous pouvons garder et ce que nous devons réformer.

 

Daniel Cohen :

La crise nous fournit plusieurs enseignements. L’économie et le politique tirent dans des directions opposées. Les crises se propagent, sans aucune force de rappel car le politique a perdu trois moyens de les contrôler :

–        l’abandon de la politique monétaire nationale. Si l’indépendance de la banque centrale face au risque inflationniste n’avait pas été à la base de la construction européenne, nous aurions pu garder des moyens d’intervention. Une monnaie sans Etat ne fonctionne pas.

–        la place devenue trop importante du secteur financier rend le bail-out impossible. Avec la financiarisation de l’économie, les bilans des établissements financiers européens sont de plus de 100% du PIB. On ne peut pas sauver des banques que l’on n’a pas supervisées au préalable (on n’achète pas une police d’assurance quand l’incendie a lieu). Les Allemands ont compris qu’ils allaient financer les banques espagnoles.

–        l’absence de mécanismes fédéraux de péréquation. Aux Etats-Unis, quand la Californie est atteinte, elle peut compter sur des mécanismes fédéraux de péréquation. En Europe, ce n’est pas le cas pour la Grèce. Il aurait fallu penser à cela dès le départ.

Le pouvoir politique s’est enfermé dans ses prérogatives et n’a pas su se dépasser. Le chaos « Merkozy », incapable de gérer la crise, a ouvert la voie au FMI. La réunion de Rome a été un échec basé sur de faux semblants et une fausse prise de décision (10 milliards de recapitalisation de BEI déjà actés). La crise induit un besoin de mesures discrétionnaires. Le sommet européen d’hier a été une excellente surprise. L’accord vise à créer une union bancaire qui soutiendra les banques espagnoles notamment. Une instance de supervision européenne disposera des moyens de recapitaliser les banques en difficulté au niveau fédéral, sans déstabiliser les Etats (droit de tirage sur une caisse mutualisée de 700 milliards d’euros). Ceci va entraîner en retour un besoin de contrôle (d’où un besoin d’instances de légitimité) qui pourra renforcer le poids du Parlement Européen. Mais il faudrait pour cela un sous-groupe représentant uniquement l’Eurozone.

 

Guillaume Hannezo :

Nous nous retrouvons confrontés au vice de conception originel de l’union monétaire, qui a été accentué par le laxisme. L’Union monétaire devait n’être qu’une étape, mais la PECS a volé en éclat, notamment du fait des « laxistes » et des « cyniques ».  De plus, Contrairement à l’aspect budgétaire, la possibilité d’une crise bancaire n’avait pas été pris en compte (les banques avaient alors un poids moins important dans l’économie).
La crise actuelle est une Crise de balance des paiements: les déséquilibres de compétitivité se sont accentués sous le parapluie allemand. Cette crise des balances de paiements ne pourra être règlée que par une politique coordonnée.
En effet, L’Eurozone intégrée serait le seul triple A du monde. Mais elle doit être rééquilibrée: pas avec un président du pouvoir d’achat, mais avec un chancelier du pouvoir d’achat ! Sans cela, les anticipations des marchés, à savoir un éclatement de l’euro, se réaliseront.
Avec le sommet européen d’hier, les spéculateurs pourraient pour une fois perdre de l’argent pour avoir sous-estimé les dirigeants européens (jusqu’à présent, ils étaient continûment en dessous des attentes).

Philippe Tibi :

Y a-t-il une sortie par le haut possible ?
Ana Palacio :

L’Espagne a obtenu le découplement entre dette souveraine et sauvetage des banques. L’Espagne s’est développée très rapidement (à l’instar de Singapour, de l’Irlande), mais ce développement a aussi laissé des asymétries effarantes, en particulier, un Chômage structurel aberrant.

Trois pistes de réforme pour l’Espagne:

les syndicats. En Espagne, les syndicats sont financés par l’Etat, et non par les travailleurs. Ceci les a figé

l’emploi public. l’Espagne ne peut pas de permettre 3 millions d’employés publics, parmi lesquels beaucoup de doublons.

la formation professionnelle. Après Franco, la formation professionnelle avait été démantelée au profit d’une formation universitaire. Ce type de formation devrait être renforcé.
Malgré ces défis, L’Espagne reste un pays avec une vivacité extraordinaire et a les moyens de se redresser.

Philippe Tibi :

La dette va-t-elle tuer l’Etat Providence ?
Daniel Cohen :

L’Etat seul n’est pas responsable ni impacté : l’Irlande, l’Espagne avaient un faible endettement public, et ont pourtant été fortement touchées par la crise. L’Euro a renforcé la crise dans les pays fragiles et appuyé les pays forts.
Nous avons en Europe une Chine, qui accumule les excédents : l’Allemagne (son excédent va dépasser celui de la Chine cette année). L’Allemagne s’est imposée une purge salariale. La purge salariale va-t-elle s’imposer partout ou l’Allemagne va-t-elle augmenter ses salaires ?
Un autre immense danger nous menace : La Commission Européenne, parent pauvre de ces négociations, reprend la main avec des normes rigides (objectifs budgétaires intenables). Ceci renforcerait encore le caractère de plus en plus procyclique de la politique économique européenne.
Guillaume Hannezo :

Il faut d’abord restaurer la confiance. Il faudrait que l’Union Européenne puisse augmenter la TVA dans les Etats qui dérivent.