Hommage des Gracques à notre ami Henri Weber

« Henri était une légende avant de devenir un ami.

Ils étaient une poignée qui ont soulevé dans une révolte rieuse une génération d’étudiants confinés, et qui ont su arrêter le duel au premier sang. Au moins en France où les gouvernants étaient de vieux résistants et les nouveaux résistants des toujours juifs-donc bien sur personne ne devait mourir. Ce qui leur a permis de prendre le temps de gagner pas à pas des libertés, des esprits et des votes.

Henri est donc devenu socialiste, socialiste tendance bienveillant prêt à trouver des traces de la vraie foi dans tout le troupeau épars, des libéraux de gauche aux trotskystes endurcis. Apôtre du compromis, mais bien trop intelligent pour être jamais nommé ministre, trop européen pour être nationaliste et trop populaire pour souffrir les populistes. Son truc à lui, c’était d’aller vers les jeunes, et de les nourrir avec des idées.

La vie ne l’a pas épargné, et pourtant il l’aimait comme personne, comme il aimait Fabienne, sa mariée qui était en rouge, ses enfants, les amis, les voyages, les débats et les fêtes.

Henri a vu tout de suite qu’entre ce virus et lui, ce serait une affaire personnelle. Ce n’était pas tant son dossier médical qui en faisait une victime de choix ; c’est tout ce qu’il était, tout qu’il a fait, tout ce qu’il a aimé, tout ce qu’il a écrit, tout ce pourquoi il s’est battu …dont unsale virus de droite vient nous rappeler la précarité.

Henri est parti, et nous voilà dans un monde que nous ne comprenons plus, ou c’est le gouvernement qui lance la grève générale, et nous retrouvons confinés dans nos tribus respectives, méfiants des autres, apeurés de l’avenir, frontières fermées et l’octroi rétabli à la porte d’Orléans.

« Bien creusé, vieille taupe ! » Mais donne nous courage, car nous t’aimions et tout est à refaire… »

Guillaume Hannezo